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I... comme Icare
Pour les articles homonymes, voir Icare (homonymie).I... comme Icare (I as in Icarus) Titre original I... comme Icare Réalisation Henri Verneuil Acteurs principaux Yves Montand Scénario Henri Verneuil, Didier Decoin Musique Ennio Morricone Décors Jacques Saulnier Photographie Jean-Louis Picavet Montage Henri Lanoë Production Henri Verneuil Société de production Antenne 2 et V Films Format Couleurs - mono - 35 mm Genre Thriller Durée 126 Sortie 19 décembre 1979 Langue(s) originale(s) Français Pays d’origine France I... comme Icare est un film français de Henri Verneuil sorti en 1979.
Sommaire
Film (Dévoile des moments clés de l'histoire)
L'ensemble du film se déroule dans un pays imaginaire et fictif, qui évoque cependant fortement les États-Unis (cf drapeaux). On peut constater lors de certains plans l'insistance sur un aspect international du scénario, de par la multitude des langues présentes, par exemple sur les panneaux indicateurs et du décor très neutre, rendant l'action possible dans n'importe quel pays.
À la suite de l'assassinat du Président Marc Jarry récemment réélu, une commission d'enquête dirigée par le président de la Haute Cour de Justice, Frédéric Heiniger est instituée afin d'élucider les circonstances de l'attentat. Le rapport final de cette commission précise qu'il n'y a eu qu'un seul tireur, Karl-Erich Daslow, ayant agi seul, par folie et avec préméditation. Ces conclusions ne satisfont pas le procureur Henri Volney à qui sont remis les pleins pouvoirs afin de continuer l'enquête.
Avec l'aide de ses quatre collaborateurs, il récupère plusieurs films de l'assassinat lui permettant ainsi de retrouver un plan avec neuf témoins potentiels. À l'issue de recherches, il s'avère que huit des neuf témoins sont décédés, de causes très suspectes (plusieurs accidents de la route, un assassinat sous couvert de légitime défense, etc). Le dernier témoin est finalement retrouvé à la suite d'un appel à la télévision, photographie à l'appui, du procureur Volney, il s'appelle Franck Bellony et c'est ce dernier témoin qui permet de retrouver le tireur réel.
Parallèlement, Henri Volney s'intéresse à Karl-Erich Daslow, l'assassin présumé. Il découvre alors que l'emplacement où le jour de l'assassinat ont été retrouvées des douilles du fusil qu'aurait utilisé Daslow est techniquement impossible à reproduire, accréditant ainsi l'hypothèse d'un autre tireur. D'autre part, un an avant l'attentat Daslow avait également participé à une expérience, adaptation cinématographique des expériences du psychologue américain Stanley Milgram sur la soumission à l'autorité. Volney comprend donc que Daslow peut se soumettre à une autorité si il respecte celle-ci. Enfin, l'équipe comprend que la photographie montrant l'assassin présumé dans son jardin tenant le fusil du meurtre est un photo-montage. En effet l'éclairage et la présence d'hortensias, qui ne fleurissent pas en mars, mois au cours duquel la photo aurait été prise, trahissent la photo.
Il se rapproche progressivement de la solution de l'affaire en trouvant un lien entre le tireur réel, vu dans un des films visionnés ; Carlos de Palma, membre de la pègre et Richard Mallory, directeur des activités secrètes aux services spéciaux qui a permis la grâce de ce dernier.
Un de ses collaborateurs organise le cambriolage de l'appartement de Richard Mallory avec l'aide d'un cambrioleur à qui l'on a promis une réduction de peine. Il trouve durant l'action une cassette audio vraisemblablement codée pendant que le procureur Volney, afin de protéger son adjoint, discute avec le chef des activités secrètes jusqu'au retour des deux hommes.
Les derniers moments de l'oeuvre se déroulent dans le bureau du procureur qui, après une nuit d'efforts, arrive à décoder la cassette. Le suspens est alors important en partie grâce à la musique d'Ennio Morricone. Volney comprend que l'enregistrement retranscrit les détails d'une opération nommé "Zenith" gérée par un groupe de pression appelé Minos qui consiste à discréditer, à déstabiliser, engendrer des révoltes, puis à assassiner le chef d'État d'un pays imaginaire Kawar. La fin de l'enregistrement contient les ordres de lancement d'une opération nommée "I comme Icare" devant se terminer le 17 à minuit, nous sommes alors le 17 à 6 heures du matin.
A l'aide d'archives de presse il arrive à retrouver le fil des événements tragiques de Kawar et il s'aperçoit que Minos avait pour objectif de placer à la tête du pays un dictateur militaire. Il découvre aussi que Carlos de Palma, à l'élection du dictateur, était rentré à Kawar, recoupant ainsi toutes les pistes.
Se rendant compte de la gravité des faits pour le pays, Henri Volney enregistre un mémo pour le Président décrivant les preuves trouvées. Lors des dernières minutes il appelle son épouse, écrivain et philosophe lui demandant ce qu'évoque le mythe d'Icare. Pendant que celle-ci se renseigne dans son dernier livre, le procureur Volney se rend devant la fenêtre de son bureau et est assassiné d'une balle dans le crâne. Son épouse répond alors à la question en précisant la nature du mythe : "Qui cherche à atteindre la vérité se brûle les ailes". Le spectateur comprend alors que l'opération 'I comme Icare' était destinée à assassiner le procureur Volney lui-même. Le film finit sur un plan du bureau à travers d'un couloir dans lequel se trouve un ascenseur dont les portes s'ouvrent, laissant à chacun le choix de la personne se trouvant dans ce dernier. On peut cependant supposer qu'il s'agit d'une personne chargée de récupérer le mémo vocal...
Distribution complète
(Hormis Yves Montand, distribution par ordre alphabétique conformément au générique du film)
- Yves Montand : procureur Henri Volney
- Michel Albertini : Luigi Lacosta
- Roland Amstutz : Gregory
- Jean-Pierre Bagot : Michaël Mix
- Georges Beller : Sam Kido
- Maurice Bénichou : Robert Sanio, l'homme à la caméra
- Edmond Bernard : Le présentateur TV
- Françoise Bette : Mme Bellony
- Roland Blanche : Garcia Santos
- Benoît Brione : Le reporter Bobino
- Jacques Bryland : Nicolas Rosenko
- Gabriel Cattand : Le président Marc Jary
- Nanette Corey
- Jacques Denis : Despaul
- Erick Desmarestz : Bob Dagan
- Thierry Dewavrin : Rédacteur du journal
- Etienne Dirand : Le médecin de l'hôpital
- Henry Djanik : Nick Farnese, le faux témoin
- Michel Dussarat : Robert Kosheba
- Michel Etcheverry : Frédéric Heiniger, le président de la Haute Cour de Justice
- Joséphine Fresson : Marianne Delila
- Jean-François Garreaud : Vernon Calbert
- Jean-Claude Jay : Albert Philippe, le sénateur
- Brigitte Lahaie : Ursula Hoffman
- Bernard Larmande
- Daniel Léger : Guillaume Géménos
- Jean Lescot : Franck Bellony
- Jean Leuvrais : Robert Picard, le ministre de la justice
- Gérard Lorin : Flavius, l'assistant de Naggara
- Marcel Maréchal : L'élève Rivoli
- Gérard Moisan : Inspecteur au talkie-walkie
- Louis Navarre : Maître Keller, l'avocat de Sanio
- Jean Négroni : Carlos de Palma
- Jean Obé : Hugues Adler
- Didier Obin-Labastrou : Serge Levis
- Alain Ollivier : Le directeur du laboratoire Kodak
- Paco : Le régisseur au 'Buffalo'
- Robert Party : Général Anthony Baryn
- Michel Pilorgé : Reporter TV
- Roger Planchon : Prof. David Naggara
- Christian Remer : Charles Polodi
- Michel Raskine : Ramon Jimenez
- Didier Sauvegrain : Karl Eric Daslow, le faux tueur
- Jacques Sereys : Richard Mallory, le chef des services secrets
- Georges Staquet : Le gardien de l'immeuble assassinat
- Jacqueline Staup : Mme Lapierre, la secrétaire de Heiniger
- Georges Trillat : L'inspecteur au bar 'Manhattan'
- Pierre Vernier : Charly Feruda
Commentaire
Ce film imagine une situation fictive, fortement inspirée de la théorie d'un complot ayant conduit à l'assassinat de John F. Kennedy. Le nom du tueur, Daslow, est d'ailleurs l'anagramme du nom du tueur présumé de JFK, Lee Harvey Oswald. De nombreux autres éléments reprennent la thèse de Jim Garrison développée lors de son enquête sur l'assassinat de Kennedy.
Ainsi on retrouve pour l'assassin:
- la possible mise en scène de l'arme du crime
- la photo truquée
- le jour du 22 (JFK assassiné un 22 novembre, et Jarry le 22 mai)
Mais sont également évoqués:
- la possible participation des services secrets
- l'utilisation de la mafia comme intermédiaire
- le rapport biaisé de la Commission Warren
- la représentation probable de Jim Garrison dans le personnage du Procureur Volney
- le film de Zapruder
Le film s'appuie sur l'allégorie d' Icare : à vouloir trop s'approcher de la vérité, on se brûle les ailes. Mais d'une manière générale, ce film est une critique féroce du pouvoir dans les sociétés modernes, et approche particulièrement la manière dont un pouvoir, quel qu'il soit, peut amener un quidam à effectuer des actes d'une totale cruauté.
Un passage du film recrée, à l'Université de Layé (anagramme de Yale), l'expérience de Milgram, qui fut conduite au début des années 1960. Un psychologue américain, Stanley Milgram, montra que deux volontaires sur trois peuvent être amenés, pour une somme dérisoire, à infliger un choc électrique dangereux, voire mortel, à une personne qu'ils ne connaissent pas, qui ne leur a rien fait et dont la seule faute est de s'être trompé dans un test de mémoire. Le cadre sérieux de l'université et l'autorité présumée des organisateurs de l'expérience suffisaient à légitimer, aux yeux des volontaires, une telle barbarie. L'expérience était truquée et aucune décharge électrique n'était réellement infligée. Cela n'empêcha pas les vrais volontaires de croire sincèrement qu'ils punissaient les faux.
On peut remarquer que dans le film, toutes les victimes par arme à feu sont tuées d'une balle dans la tête, et plus précisément dans l'œil : le Président Jarry, Daslow, Nicolas Rosenko, Luigi Lacosta, et le procureur Volney.
Le film permet à Verneuil de mettre en scène les expériences de Milgram, qui l'ont fasciné (qui a d'ailleurs mis plusieurs années et plusieurs versions pour arriver au scénario final). Le film semble beaucoup reposer sur cette démonstration scientifique de la capacité humaine de se soumettre à l'autorité.
À voir également dans un contexte parallèle :
- Z (de Costa-Gavras) ;
- L'Aveu (de Costa-Gavras) ;
- État de siège (de Costa-Gavras) ;
- Mille milliards de dollars (de Henri Verneuil)
- Un crime dans la tête (de John Frankenheimer)
Articles connexes
Liens externes
- Fiche IMDB
- Fiche Monsieur Cinéma
- Résumé + critique du film
- Extraits du film de l'expérience originale de Milgram (anglais)
- Reproductions diverses de l'expérience de Milgram
- Portail du cinéma français
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