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Hypermnésie
L'hypermnésie (du grec huper, avec excès, et mnasthai, se souvenir), appelée également exaltation de la mémoire, désigne en médecine une condition psychologique caractérisée par une mémoire exceptionnelle. Ces facultés hypermnésiques peuvent s'exprimer principalement sous deux formes :- l'hyperthymésie qui consiste en une exaltation de la mémoire épisodique, c'est-à-dire que les souvenirs autobiographiques sont exceptionnellement bien mémorisés ;
- la mémoire eidétique dite aussi « mémoire photographique » qui se caractérise par une capacité exceptionnelle à se souvenir d'images, de sons ou de tout autre série de stimuli sans contexte particulier.
En histoire, hypermnésie désigne une sur-médiatisation de certains pans de la mémoire collective au détriment d'autres.
Sommaire
Médecine
Origine
L'hypermnésie serait due au fait que la mémoire à court terme de la personne passe très vite en mémoire à long terme[réf. nécessaire], d'où le fait de retenir beaucoup de détails insignifiants par rapport à la masse d'informations retenues.
Concrètement, un hypermnésique peut se focaliser sur la musique[réf. nécessaire] : à chaque fois qu'il entend une phrase (dans une conversation, etc.), phrase qu'il a déjà entendue dans une chanson, il a l'air de cette chanson en tête. On note aussi très souvent un problème de distance temporelle. En effet, pour certains hypermnésiques les événements passés ont tous eu lieu hier, et il n'y a pas de distance (à cause du manque d'atténuation du souvenir) entre un événement arrivé il y a un mois et un événement survenu il y a trois ans.
L'hypermnésie amène différents sentiments chez la personne. Ils dépendent du domaine de focalisation. Elle amène aussi différentes envies. Exemples : la personne a peur qu'il y ait un problème de stockage de toutes ces informations à partir d'un moment, d'où le besoin d'écrire ou de dessiner un grand nombre de choses. Cela peut amener l'angoisse de ne plus se souvenir aussi bien de tout[réf. nécessaire].
Le syndrome de Targowla
Le syndrome de Targowla est un des cas d'hypermnésie pathologique : c'est une variété de névrose traumatique[réf. nécessaire] de guerre qui a pour effet une hypermnésie de type émotionnel, à propos de rappels à la mémoire d'un ou plusieurs souvenirs traumatisants - ce syndrome est notamment typique des anciens déportés des camps nazis[réf. nécessaire]. La névrose traumatique de guerre résulterait, selon l'approche psychodynamique, d'un conflit psychique non résolu.
Les symptômes sont d'ordre affectif et émotif, mais le malade garde ses fonctions mentales intactes. L'hypermnésie n'altère pas gravement la personnalité. Comme dans toute névrose, le malade est conscient de son hypermnésie et des troubles de comportement qu'elle implique. Il peut ainsi en dominer, au moins en partie, les effets.
Troubles et gestion de l'hypermnésie
L'hypermnésique a besoin de "compiler" les informations au moins une fois toutes les 48 heures[réf. nécessaire]. C'est-à-dire qu'il va se repasser le fil des événements vécus pour "pouvoir les classer" dans sa mémoire. Des liens entre les personnes et les événements sont alors réalisés.
Dans le cas d'un analyste politique, l'hypermnésie induit une meilleure compréhension de situations très complexes[réf. nécessaire]. Mais chez des personnes qui ne travaillent pas leur hypermnésie, cela peut amener de la paranoïa[réf. nécessaire] (un événement négatif est lié à toute une série d'autres évènements "neutres" non liés objectivement).
Les troubles psychiatriques associés à l'hypermnésie sont plus ou moins graves suivant le degré de névrose. Ce sont entre autres :
- Angoisse
- Agressivité
- Manque d'assurance en société (qui induit souvent une agressivité comme compensation)
- Interprétation passionnelle des évènements
- Frigidité ou impuissance
- Paranoïa
Mais avant de parler de troubles, il faut plutôt citer le fait qu'une personne atteinte d'hypermnésie est, par rapport aux autres, constamment en train de réfléchir. Toute chose pour elle est à classer, est une information à traiter.
Cela étant cité, la prise de conscience de cette maladie permet de gommer les inconvénients pour ne garder que les avantages[réf. nécessaire]. Il y a également l'exemple d'un négociateur social qui grâce à son hypermnésie arrivait à résoudre des conflits sociaux complexes, car il arrivait à réfléchir très vite à toutes les solutions possibles et aux conséquences possibles (et ce, notamment grâce à sa culture générale dans le domaine social).
L'hypermnésie n'est pas à confondre avec la mémoire eidétique qui ne désigne pas une pathologieL'hypermnésie en histoire et sciences sociales
L'utilisation du terme hypermnésie en histoire et sciences humaines est due à l'historien Alain Besançon[1]. Celui-ci la définit comme un déséquilibre entre la conscience collective d'un fait historique et celle d'autres faits contemporains qui, eux, sont l'objet d'amnésies collectives. Alain Besançon donne en exemple l'hypermnésie de la Résistance par rapport à l'amnésie de la Collaboration, ou encore (ce qui causa de vives polémiques) l'hypermnésie des crimes du nazisme et l'amnésie de ceux des régimes communistes. Selon ses propres termes, il lui fut pénible de revenir sur ce sujet, mais il affirme y avoir été poussé par la levée de boucliers contre la publication du "Livre noir du communisme" (à un moment où la Russie et les partis communistes eux-mêmes, avaient pourtant reconnu ces crimes). Besançon donne en exemple récent (juin 2009) une critique de l'historien André Burguière, publiée dans le Nouvel Observateur au sujet du documentaire "Négociations secrètes : Staline, les nazis et l'occident" qui évoque les crimes de Staline. Dans sa critique, André Burguière reproche aux auteurs de ne pas évoquer les crimes nazis. Besançon remarque que le sujet de ce documentaire était Staline, non Hitler, et que le film n'évoque pas davantage les crimes coloniaux de l'occident ; il ajoute que nul n'aurait l'idée de reprocher à un film sur le nazisme de ne pas évoquer le Goulag, et c'est pourquoi il y voit un exemple d'hypermnésie.
L'hypermnésie dans la littérature et le cinéma
Les capacités extraordinaires des hypermnésiques ont fasciné de nombreux écrivains et cinéastes (entre autres dans le genre fantastique). Ce sont ses effets, plus que la maladie elle-même, qui ont intéressé la plupart de ces artistes, d'où beaucoup de ré-interprétations et d'utilisations plus ou moins erronées ou exagérées de l'hypermnésie.
Quelques œuvres ayant utilisé l'hypermnésie
- La Tétralogie du monstre (Le Sommeil du monstre/32 décembre/Rendez-vous à Paris/Quatre?) de Enki Bilal (bandes dessinées)
- La Petite Chartreuse de Pierre Péju (roman) et Jean-Pierre Denis (film)
- Qui perd gagne ! de Laurent Bénégui (film)
- Métaphysique des tubes d'Amélie Nothomb (roman)
- Funes ou la mémoire (Funes el memorioso) de Jorge Luis Borges (nouvelle)
- Spleen : j'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans (Les fleurs du mal) de Baudelaire (poème)
- Les Petits Dieux de Terry Pratchett (roman)
- Je retiens même ce que je ne veux pas retenir et je ne peux pas oublier ce que je veux oublier. Propos attribué à Thémistocle par Cicéron.
- Les artistes de la mémoire de Jeffrey Moore (roman) : roman se présentant comme le témoignage d'un neurologue, et raconte la vie d'un hypermnésique (ainsi que de deux autres personnes ayant d'autres troubles neurologiques).
Notes
- ↑ Alain Besançon, dans son discours "Mémoire et oubli du bolchevisme" prononcé à l’Institut lors de la séance publique annuelle des cinq académies, le 21 octobre 1997, puis dans son livre Le malheur du siècle : sur le communisme, le nazisme et l’unicité de la Shoah, Fayard, Paris, 1998, 165 p.
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