Hippona

Hippona

Épona

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Représentation d'Épona, Musée Lorrain de Nancy, France

Épona [e'ponə] était une « déesse » majeure de la mythologie celtique dont le culte est attesté en Gaule par des sources gallo-romaines. Elle est associée au cheval, animal emblématique de l’aristocratie militaire gauloise, dont les expéditions ont entraîné la diffusion de son culte. Elle a pour équivalent Rhiannon chez les Celtes insulaires du Pays de Galles et Macha en Irlande.

Sommaire

Étymologie

Nous ne connaissons Épona que dans le contexte romain, bien que Jules César ne mentionne pas son existence dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules, puisqu'il ne cite les dieux gaulois que sous le nom de leur équivalent romain. Son nom signifie « Grande jument » en gaulois, épos signifiant cheval[1]. Il est dérivé du proto-Celte *ekwos 'cheval'[2] — qui a donné en gallois ebol 'foal' et en vieux gallois epa « voler des chevaux ».

Attributs

Elle était aussi déesse de la fertilité, comme le prouvent ses attributs : la patère et la corne d'abondance, ainsi que la présence d'un poulain sur certaines sculptures (Reinach, 1895). H. Hubert[3] attribue à la déesse et à ses chevaux un rôle de guide psychopompe, celui de guide des âmes vers les îles de l'autre monde.[4] On la retrouverait selon certaines théories sous le nom de Brigantia, Rigantona en breton , "La grande reine" et Rhiannon en gallois, qui sont décrites comme des déesses hippomorphes (Rhiannon chevauche une jument blanche). Sur une inscription de Docléa (Dalmatie), elle est qualifiée de "Regina", et sur une autre de Karlsburg (Transylvanie), de "Regina Sancta", ce qui montre bien sa parenté avec Rigantona[5] Fait extraordinaire pour une divinité d'origine gauloise, Épona réussit à s'intégrer dans le calendrier romain et même à rejoindre le panthéon romain. Un lieu de culte lui fut consacré dans Rome elle-même.[6] Alors qu'à l'époque impériale, la tendance était plutôt à la romanisation des dieux gaulois traditionnels, Épona a gardé son identité propre. Les romains associaient facilement le cheval aux peuplades gauloises. Son culte s'est transmis par les auxiliaires gaulois aux Romains entre le premier et le troisième siècle ap JC. Des traces de ce culte furent retrouvées au Latran dans la caserne des equites singularum, cavaliers barbares de la garde impériale. Les palefreniers lui érigeaient des sanctuaires dans les étables

Le culte d'Epona

Le plus ancien renseignement sur cette déesse gauloise se trouve chez Juvénal "...iurat/ solam Eponam et facies olida ad praesepia pictas".[7] On y fait aussi allusion chez Minucius Felix : "Nisi quod vos et totos asinos in stabulis cum vestro vel [sua] Epona consecratis".[8] Un grec, Agesilaos, nous parle de sa naissance : "Comme il était misogyne, Phoulouios Stellos eut commerce avec une jument, celle-ci, arrivée à son terme, mit au monde une belle petite fille et la nomma Épona ; et c'est elle, la déesse qui prend soin des chevaux".

Benoit a trouvé les plus anciennes trace du culte d'Epona dans la province du Danube et affirme qu'il fut introduit en Gaule par des peuples cavaliers venus de l'est. Bien que le nom soit d'origine gauloise, on trouve des bas-reliefs d'Epona en latin et, plus rarement, en grec, qui ne furent pas toujours les œuvres des celtes — le bas-relief d'Epona à Mainz, en germanie, est l'œuvre d'un syrien[9] — mais aussi de germains, de romains et d'autres habitants de l'empire romain.

Le calendrier romain lui aurait consacré le 18 décembre, comme le montre le calendrier agricole de Guidizzolo, en Italie,[10] mais cela peut être une simple célébration locale. Elle fut intégrée au culte impérial par les empereurs romains en tant que Epona Augusta ou Epona Regina.

On a retrouvé des inscriptions relatives à la déesse Épona en Lorraine, dans les provinces rhénanes d'Allemagne, en Suisse mais aussi dans les pays d'Europe centrale et jusqu'en Hongrie.

Iconographie

Sculpture provenant de Salonique (Macédoine, Grèce, IVe siècle). Selon le musée c'est Galérius qui pourrait avoir introduit le culte d'Épona à Salonique.

Les sculptures d'Epona se divisent en cinq types : à cheval, debout ou à côté d'un cheval, et debout ou assise entre deux chevaux. Généralement, elles représentent Épona sous la forme d'une jeune femme assise (le plus souvent à droite) sur le dos d'une jument parfois accompagnée de son poulain (type équestre), ou dans une chaise entre deux chevaux ou poulains (type impériale). Un oiseau ou un petit chien peuvent l'accompagner.

Culture populaire

  • Link, de la série de jeux vidéosThe Legend of Zelda, chevauche une jument nommée Epona dans The Legend of Zelda: Ocarina of Time (1998), The Legend of Zelda: Majora's Mask (2000), et The Legend of Zelda: Twilight Princess (2006). Dans Twilight Princess , le joueur a une option pour changer le nom mais Epona reste le nom par défaut.
  • Dans le roman de Morgan Llywelyn, The Horse Goddess, Epona est une femme celte qui possède des pouvoirs druidiques. Quand son peuple tente de la forcer à devenir druide, elle s'enfuit, et ses exploits donnent naissance à une légende qui fait d'elle une divinité.
  • Enya a composé une chanson intitulée 'Epona'.
  • Epona est la protectrice des chevaux dans le jeu de rôle en ligne 'Dark Age of Camelot'.
  • Le groupe de folk-métal Heol Telwen a une chanson en deux parties dans l'album An Deiz Ruz respectivement intitulées Epona Part I et Epona Part II .

Notes et références

  1. Xavier Delamarre, Dictionnaire de la Langue gauloise (approche linguistique du vieux celtique continental), page 163, éditions Errance, Paris, 2003, (ISBN 2-87772-237-6).
  2. Voir, en latin equus, et en grec hippos.
  3. Hubert, "Le mythe d'Epona" Mélanges linguistiques offerts à M. J.Vendryes (1925) pages 187-198.
  4. Jean Chevalier et Alain Gheerbran, Dictionnaire des symboles, Robert Laffont, 736 p. (ISBN 2-221-08716-X) 
  5. Yann Brekilien, La mythologie celtique, Éditions du rocher, 462 p. (ISBN 972 2 268 06299 0) 
  6. Phyllis Pray Bober, reviewing Réne Magnen, Epona, Déesse Gauloise des Chevaux, Protectrice des Cavaliers in American Journal of Archaeology 62.3 (Juillet 1958, pages 349-350) p. 349. Émile Thevenot a créé un corpus de 268 inscriptions et représentations.
  7. Juvénal, Satires (texte, traduction et commentaire de P. de Labriolle et F. Villeneuve), Paris, C.U.F,, coll. « Les Belles-Lettres », 1996 (ISBN 2251011021) 
  8. Minuciu Felix, Octavius, Octavianus, XXVII, 7 
  9. CIL 13, 11801
  10. Vaillant, 1951.

Bibliographie

  • Yann Brekilien, La mythologie celtique, Éditions du rocher, 462 p. (ISBN 972 2 268 06299 0) 
  • Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, Robert Laffont, 736 p. (ISBN 2-221-08716-X) 
  • Benoît, F. (1950). Les mythes de l'outre-tombe. Le cavalier à l'anguipède et l'écuyère Épona. Bruxelles, Latomus Revue d'études latines.
  • Delamarre, X. (2003). Dictionnaire de la Langue Gauloise. 2ème édition. Paris, Éditions Errance.
  • Reinach, Salomon (1895). Épona. Revue archéologique 1895.
  • Simón, Francisco Marco, "Religion and Religious Practices of the Ancient Celts of the Iberian Peninsula" in e-Keltoi: The Celts in the Iberian Peninsula, 6 287-345, section 2.2.4.1 (on-line)(en)
  • Speidel, M. P. (1994). Riding for Caesar: the Roman Emperors' Horse Guards. Cambridge, Massachusetts, Harvard University Press.(en)
  • Evans, Dyfed Llwyd (2005-2007), Epona: a Gaulish and Brythonic goddess (Divine Horse)(en)
  • Green M. J. (1986), The Gods of the Celts, Stroud, Gloucestershire. (en)
  • Nantonos and Ceffyl (2004), Epona.net, a scholarly resource(en)
  • Oaks, L. S. (1986), "The goddess Epona", in M. Henig and A. King, Pagan Gods and Shrines of the Roman Empire (Oxford), pages 77-84. (en)
  • Thevenot, Emile 1949. "Les monuments et le culte d' Epona chez les Eduens," L'antiquite Classique 18 pages 385-400.
  • Vaillant, Roger (1951), Epona-Rigatona, Ogam, Rennes, pp190-205.
  • Venceslas Kruta, Les celtes, histoire et dictionnaire, Robert Laffont 

Liens externes

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