- Helmuth Johannes Ludwig von Moltke
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Helmuth Johannes Ludwig von Moltke Helmuth von Moltke en 1914Naissance 25 mai 1848
GersdorfDécès 18 juin 1916 (à 68 ans)
BerlinAllégeance Empire allemand Grade Chef d'état-major Conflits Guerre franco-prussienne de 1870 ; Première Guerre mondiale modifier Helmuth Johann Ludwig, comte von Moltke, né à Gersdorf dans le Mecklembourg le 25 mai 1848 et mort à Berlin le 18 juin 1916, est un militaire allemand.
Sommaire
Un symbole du militarisme prussien
Il est le neveu du chef militaire prussien Helmuth Karl Bernhard von Moltke. Pendant la guerre franco-prussienne de 1870, il sert avec le 7e régiment de grenadier et est cité pour bravoure. Inquiet pour le devenir de l’hégémonie allemande sur le continent européen, il est partisan, depuis son accession au poste de chef d'état-major en 1906, d’une guerre préventive contre la Russie et son énorme potentiel démographique et industriel. La crise entre l’Autriche-Hongrie et la Serbie, qui suit l’assassinat de l’archiduc Francois-Ferdinand, lui offre l'occasion d'appliquer sa politique anti-slave : il intervient auprès de Guillaume II pour cautionner l'ultimatum autrichien à la Serbie contre l'avis du chancelier Bethmann-Hollweg et pour refuser la réponse serbe, malgré la mise en garde de l'ambassadeur d'Allemagne à Londres, le prince Lichnowsky ; d'autre part, il contribue à adresser les deux ultimatums à la Russie, pour exiger la démobilisation immédiate et à la France, pour exiger la livraison de la place de Verdun[1],[2].
Ainsi, sous couvert d’aider leur allié autrichien contre la Serbie, l’état major allemand dont il fait partie parvient ainsi à déclencher les hostilités avec la Russie et son alliée, la France, processus qui aboutira à la Première Guerre mondiale.
Von Moltke est aujourd’hui considéré par certains[3] comme un des responsables du déclenchement de la Première Guerre mondiale.
Le vaincu de la bataille de La Marne
Sa promotion est en partie due à son oncle, Moltke l'Ancien. Il avait conscience de ne pas être totalement à la hauteur et disait : « Je suis trop scrupuleux, j'ai le sang trop lourd et je ne peux pas tout risquer en une seule décision, comme mon oncle ou le Grand Frédéric. » Cette intuition allait se vérifier en août-septembre 1914 lorsqu'il appliqua le plan Schlieffen modifié en profondeur. D'une part il rééquilibra l'aile gauche du dispositif allemand aux dépens de l'aile droite (le ratio passait de 1 à 7 à 1 à 3), d'autre part, le 25 août, il prit la décision fatale de transférer 80 000 hommes du front Ouest vers le front russe. Or il préleva ces troupes sur l'aile droite, qui devait fournir l'effort principal, ce qui affaiblissait encore plus le fameux « coup de faux » qu'il devait asséner à l'armée française. Cet affaiblissement et la résistance acharnée de l'armée belge, sous les ordres du général Leman, vont entraver l'avance allemande en Belgique, notamment pendant la bataille de Liège. Le plan Schlieffen prévoyait la prise de Liège en une journée (il en fallut huit), et la traversée de la Belgique en une semaine : il en fallut trois. La sous-estimation des problèmes logistiques, liée à la destruction des ponts sur la Meuse par les Belges, provoquent des goulots d'étranglement et des retards supplémentaires qui permettent au général Joffre de réagir en redéployant l'armée française de Lorraine vers Paris. La mauvaise coordination des généraux von Klück et von Bülow au nord de Paris, les maladresses dans l'emploi des messages codés, sont énergiquement exploitées par Joffre pour attaquer l'armée allemande, trop avancée, de flanc. À l'issue de la bataille de la Marne, von Moltke est remplacé au commandement par Erich von Falkenhayn. Au soir de la bataille, dans un éclair de lucidité, il aurait lui-même déclaré au Kaiser : « Votre Majesté, nous avons perdu la guerre! ».
Moltke, écarté des cercles de commandement, mourut d'une crise cardiaque lors des obsèques nationales du maréchal Colmar von der Goltz en juin 1916.
Un chef de guerre impitoyable
Au début de l'invasion de la France, surpris par la résistance inattendue de l'armée belge, notamment devant Liège, Moltke ordonne des représailles contre les civils supposés aider les soldats de leur armée : 118 civils fusillés à Soumagne, le 5 août ; 33 civils à Battice, le 6 août ; 218 victimes civiles à Andenne le 20 août ; 650 à Dinant, le 23 août. Le 24 août, les 22e, 122e et 156e régiments d'infanterie prussienne massacrent sauvagement 86 habitants de la petite ville de Longuyon en Lorraine, dont des femmes et des enfants. La bibliothèque de Louvain, avec ses 230 000 volumes, est incendiée le 25 août.
En France, le procureur général d'Amiens et tout le conseil municipal sont arrêtés comme otages. A Lille le préfet Félix Trépont avec l’évêque, le maire et le recteur, dès l’entrée des Allemands dans la ville, le 13 octobre 1914 sont soumis au même régime, tandis que les employés du tramway étaient sommairement exécutés, pour montrer que les menaces de représailles n'étaient pas des paroles en l'air. Ces pratiques continuent en France, jusqu'à la bataille de la Marne.Plus de 15 000 maisons sont incendiées et plusieurs milliers de villageois belges et français sont ainsi sommairement exécutés, jusqu'au maire de Senlis, Eugène Odent, qui n'avait pas reçu l'armée du Kaiser "comme il aurait dû".
L'un des responsables de la défaite de 1918
Le comportement de l'armée allemande vis-à-vis des civils français et belges en août-septembre 1914 est parfaitement révélateur de l'état d'esprit de son état-major. Celui-ci était tellement imbu de la supériorité de sa stratégie et de son système de pensée qu'aucune organisation militaire quelle qu'elle soit ne devait lui résister dans le cadre d'une guerre conventionnelle. Aussi, dès que les difficultés d'application du plan Schlieffen se profilèrent à l'horizon, elles étaient forcément le fait de francs-tireurs ou de terroristes qui devaient être anéantis impitoyablement. Moltke sous-estima gravement la puissance de l'opinion publique chez les Anglo-Saxons et les Français.
Le résultat de ses tueries fut de braquer l'opinion publique des pays envahis contre le Reich, de durcir leur détermination à se défendre et de scandaliser l'opinion internationale, surtout aux États-Unis, où ces massacres sont habilement exploités par la propagande alliée. Ils justifient le blocus maritime britannique qui affame la population allemande et provoque des décès par malnutrition. Ils seront l'un des facteurs d'intervention des États-Unis dans la guerre, et donc de la défaite du Reich.
Anecdote
Atteint dans sa santé et ébranlé par les premiers signes de la défaite à venir, sa femme Eliza, membre de la société théosophique, fait venir à son chevet le 27 août 1914 à Coblence, Rudolf Steiner, dont l'action réelle est restée ignorée[4].
Voir aussi
Notes et références
- Pierre Renouvin, La Paix armée et la grande guerre, PUF, p. 543
- Raymond Aron, Dimensions de la conscience historique, AGORA, p. 66
- Fritz Fischer, Les Buts de guerre de l’Allemagne impériale (1914-1918), traduction de Geneviève Migeon et Henri Thiès, préface de Jacques Droz, Éditions de Trévise, Paris, 1970 (1re éd. en allemand, 1961), 654 p. [détail des éditions]
- 14/18 le magazine de la grande guerre, Un problème à la tête de l'armée allemande : son chef d'état-major général, p. 10-11-12, n°51, nov-déc. 2010 et jan 2011
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