- Hassan Vénéziano
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Hassan Vénéziano fut régent d'Alger de 1577 à 1580, puis de 1582 à 1587. Son successeur est Djafer Pacha.
Sommaire
Première période (1577-1580)
Renégat vénitien, esclave de Dragut, il servira ensuite Uludj Ali dont il était l'Elami, c'est-à-dire l'intendant général, lorsque celui-ci était gouverneur d'Alger puis capitan-pacha à Constantinople. C'est ce dernier qui le nomma à la tête de la Régence d'Alger, et qui lui permit d'y reprendre le pouvoir pour une seconde période malgré les révoltes que sa cruauté avait déclenchées.
Un portrait en a été tracé en ces termes par son captif Cervantes : « grand, maigre, pâle, la barbe rare et rousse, les yeux brillants et sanglants, l'air hautain et cruel[1]. »
Il arriva à Alger le 29 juin 1577. Son extrême violence est ainsi décrite par Ernest Mercier :
- « Chacun trembla sous sa dure main, particulièrement les esclaves chrétiens pour lesquels ce renégat était sans pitié. La milice, aussi bien que les raïs, fut obligée de courber le tête, effrayée par les chatîments auxquels les uns et les autres se virent exposés. »
En juillet 1578, il alla pirater les côtes majorquines et andalouses.
En 1579 et 1580, inquiet de mouvements de troupes espagnols, il fit fortifier le fort autrefois bâti par Hassan, fils de Kheyr ad-Din, le Fort l'Empereur. Il y consacra toute l'année 1579 et une partie de l'année 1580. A cette époque, une terrible famine s'abattit sur Alger.
Ces mêmes années 1579 et 1580 virent une famine, déclenchée par la sécheresse, ainsi qu'une peste ; la population d'Alger était très éprouvée ; ce qui n'empêche pas Hassan d'imposer de nouvelles taxes. Son imagination fiscales est observée par un autre captif célèbre, l'historien Haedo, résumé en ces termes par de Grammont :
- Il[2] commença, nous apprend-il[3], par s'emparer de tous les esclaves qu'il jugea aptes à payer une bonne rançon ; puis il spécula sur les chances de la course, accapara les grains, et même presque toutes les autres denrées, qu'il faisait vendre sur les places publiques à un prix fixé par lui ; il augmenta les tributs des indigènes, et les força à payer en nature, pour rester maître du marché; il altéra les monnaies, vendit les charges, exigea une part des droits de douane et des rachats de captifs, imposa des présents aux marchands étrangers qui venaient exercer le commerce, et les contraignit à accepter en paiement des produits avariés et sans valeur, établit à son profit une taxe sur les successions et enfin ne laissa rien échapper de ce qui pouvait être imposable.
Selon les mêmes sources[4] :
- « Du 17 janvier au 17 février 1580, il mourut de faim dans les rues d'Alger cinq mille six cent cinquante-six Mores ou Arabes. »
Devant tant d'exactions Alger se révolte. Les citadins évacuent la ville et se joignent aux tribus extérieures, arabes et berbères, déjà en état de révolte. Les janissaires pillent les maisons vidées de leurs habitants, et même les raïs se soulèvent.
Hassan Veneziano est rappelé en Orient et remplacé par un vieil eunuque, le pacha Djafer, qui rétablit l'ordre assez rapidement. La population rentre chez elle.
A Constantinople, Uludj Ali reste un soutien de Vénéziano auprès du Sultan.
Deuxième période (1582-1587)
Hassan Veneziano réussit à reprendre le pouvoir de facto en 1582, avec l'accord supposé tacite de Constantinople, en s'appuyant sur la puissante Taïffa[5] des raïs[6] et en donnant un nouvel élan au corso. Ernest Mercier écrit :
"Pendant les années qui suivirent, Mourad Reis[7], Mami-Arnaute et d'autres corsaires moins célèbres ne cessèrent de parcourir la Méditerranée, prenant de vive force les navires des puissances ennemies ou ceux qui leur paraissaient suspects, paraissant inopinément sur les côtes de l'Espagne, de la Corse, de la Sicile, de la Sardaigne, ravageant la banlieue de Barcelone, rançonnant les environs de Gênes, d'Amalfi, le rivage romain, pillant les îles Canaries, où Mourad enleva 300 personnes parmi lesquelles la propre famille du gouverneur, semant partout l'effroi et la désolation et apportant à Alger un butin considérable et des captifs sans nombre."
Probablement Veneziano n'est-il pas gouverneur de plein exercice, car l'année 1587 est aussi signalée comme celle où Uludj Ali meurt en tant que dernier beylerbey d'Alger, et n'est pas remplacé dans cette haute fonction, la Régence d'Alger étant à partir de cette date occupée par de simple pachas triennaux.
En 1586, le vice-consul français Bionneau est maltraité et emprisonné sans qu'on en connaisse les raisons précises.
Voir aussi
Notes et références
- Cité par de Grammont
- Il = Veneziano
- Il= Haedo
- Haedo cité par de Grammont
- Corporation
- Capitaines pratiquant le corso
- en:Jan Janszoon, alias Mourad Rais le jeune. Il s'agit d'un premier Mourad Raïs, à ne pas confondre avec
Sources
- Ernest Mercier, Histoire de l'Afrique septentrionale
- Henri-Delmas de Grammont, Histoire d'Alger sous la domination turque
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