- Harmonica diatonique simple
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L'harmonica diatonique est l'harmonica originel et traditionnel.
L'appellation diatonique lui a été signifiée par le fait qu'un tel instrument comporte uniquement les notes de la gamme diatonique. Ainsi sur un harmonica diatonique 10 trous en do par exemple ne peut-on trouver de base que les 7 notes do, ré, mi, fa, sol, la et si réparties sur 3 octaves (mais pas forcément à chacune de ces octaves).
Cela explique qu'il existe au moins 12 accordages différents (un par degré d'une gamme chromatique dans le système musical occidental). Cette limitation a trouvé des solutions dans la création de l'harmonica chromatique (comportant donc toutes les notes), mais également dans la découverte de nombreuses techniques de manipulation du souffle pour obtenir les notes manquantes.
Sommaire
Accordage
L'accordage Richter
L'accordage Richter (du nom du concepteur de l'accordage) est le plus répandu pour les harmonicas diatoniques, ceux-ci comportant en général 10 trous, ce sur quoi se fonde l'explication qui va suivre.
Sur chacun de ces trous, il est possible de souffler, ou d'aspirer, permettant 2 notes par trous. C'est ainsi qu'un harmonica diatonique 10 trous peut jouer 20 notes différentes de base (19 en réalité comme nous le verrons).
Comme il existe autant d'accordages Richter qu'il existe de notes en occident (12), notre exemple sera défini en termes de degré. Ainsi la tonalité de l'harmonica sera notée I dans notre exemple.
Notes de base sur un harmonica diatonique avec une notation en degré notes soufflées I III V I (VIII) III (X) V (XII) I (XV) III (XVII) V (XIX) I (XII) numéro du trou 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 notes aspirées II V VII II (IX) IV (XI) VI (XIII) VII (XIV) II (XVI) IV (XVIII) VI (XX) Exemple d'accordage réélConcrètement, prenons l'exemple d'un harmonica en tonalité de C (accordé en do majeur), la répartition des notes est alors la suivante:
Notes de base sur un harmonica diatonique en C (do) notes soufflées do mi sol do mi sol do mi sol do numéro du trou 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 notes aspirées ré sol si ré fa la si ré fa la Pour les autres tonalités, il suffit de transposer l'accordage, c’est-à-dire de changer les notes en gardant un intervalle relatif constant.
Caractéristiques physiques
- Sur les 6 premiers trous, la note soufflée est plus basse que la note aspirée ; au contraire sur les 4 derniers trous, la note soufflée est plus aiguë que la note aspirée.
- Le trou 2 aspiré produit la même note - et à la même hauteur - que le trou 3 soufflé : la quinte de la tonique, par exemple un sol sur un harmonica en do.
Caractéristiques harmoniques
Cela permet ainsi d'obtenir les caractéristiques harmoniques suivantes :
- Les trous soufflés de l'harmonica sont les notes de l'accord majeur de la tonique : la tonique elle-même, sa tierce et sa quinte.
Sur notre harmonica en do par exemple, on a ainsi une succession de « do-mi-sol ». Ainsi, où que le joueur souffle sur son harmonica, s'il prend au moins trois trous en bouche, il jouera l'accord majeur (avec renversement ou non).
- Les 5 premiers trous aspirés de l'harmonica sont les notes de l'accord majeur septième de la quinte.
Nous retrouvons ainsi sur notre harmonica en do le sol (qui est alors la tonique de l'accord que nous voulons considérer), le si qui est sa tierce, et le ré qui est sa quinte. Nous avons d'ailleurs accès à un ré plus grave que notre sol et un ré plus aigu, nous permettant ainsi un second renversement. Enfin sur le cinquième trou aspiré se trouve un fa, qui est la septième mineure de notre accord de sol. Avec lui ajouté au reste des notes, nous obtenons désormais l'accord septième, en plus du parfait. Cet accord explique pourquoi il avait été nécessaire de doubler la présence de la quinte sur le 2e trou aspiré en plus du 3e soufflé.
- Sur les trous 4, 5 et 6, ainsi que 8, 9 et 10 sont disposés les notes de l'accord mineur de la seconde.
Pour notre harmonica do, ce seront le ré (qui est notre tonique d'accord ici), le fa (sa tierce mineure) et le la (sa quinte), ce qui donne un accord de ré mineur.
- En ajoutant le 3e ou le 7e trou aspiré, soit le si, à notre accord de ré mineur sur l'harmonica do, nous rajoutons la note si, ce qui nous donne un accord de Dm6 (ré mineur 6), ou encore Bm7♭5 (si mineur 7, bémol 5), accord identique à une inversion près.
Nous avons ainsi accès à 2 accords majeurs et un accord mineur (ainsi que quelques variantes) aisément sur un harmonica diatonique, simplement en soufflant ou aspirant plusieurs trous en même temps. Les autres accords (potentiellement tous selon la maîtrise de l'instrument) sont jouables en arpèges uniquement. Ces quelques accords permettent cependant déjà une bonne aide pour le jeu rythmique ou d'accompagnement.
Accordage country
Cet accordage a fait le choix de remplacer les notes aspirées des 5e et 9e trous par une quarte augmentée à la place de la quarte de l'accordage Richter. Sur un harmonica en do, cela revient donc à remplacer le fa par le fa♯.
Notes de base sur un harmonica diatonique country avec une notation en degré (notes différentes de l'accordage Richter en rouge) notes soufflées I III V I (VIII) III (X) V (XII) I (XV) III (XVII) V (XIX) I (XII) numéro du trou 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 notes aspirées II V VII II (IX) IV♯ (XI) VI (XIII) VII (XIV) II (XVI) IV♯ (XVIII) VI (XX) Caractéristiques harmoniques
La conséquence la plus notable est que l'on perd l'accordage mineur de notre seconde, mais on y gagne l'accordage majeur. Ainsi le ré mineur par exemple sur l'harmonica en do Richter devient un ré majeur sur l'harmonica en do country.
Une seconde conséquence est qu'il n'est plus nécessaire de jouer un overblow sur le 5e trou pour obtenir fa♯ et fa devient désormais accessible par altération du trou; par contre il faut désormais faire un overdraw sur le 8e trou pour obtenir le fa aigu alors qu'il n'est plus nécessaire d'altérer le 9e trou pour obtenir un fa♯.
Il y a donc toujours des gains pour des pertes. Cependant, la plupart des harmonicistes jouent davantage dans les graves ou les médiums que dans les aigus. Or les altérations étant maîtrisées par la plupart des harmonicistes, ce n'est pas le cas des overblow et donc - pour certains musiciens - le gain sur le 5e trou vaut bien la perte sur le 9e trou, moins souvent joué.
Certains harmonicistes jouent quasiment essentiellement avec cet accordage. C'est le cas par exemple de l'harmoniciste français de jazz Sébastien Charlier, qui joue sur un accordage lydien (ou tritonal) : seul le 5 est surélevé d'1/2 ton, le 9 est inchangé.
Accordages exotiques
D'autres accordages d'harmonicas diatoniques sont possibles, mais ils se trouvent plus rarement dans le gros commerce.
Des harmonicas accordés de telle sorte sont appelés en général des customs selon le terme anglais ce qui signifie « personnalisé ». Ils sont en général accordés par les harmonicistes eux-mêmes, voire par certains harmonicistes professionnels qui en ont fait une part de leur activité professionnelle.
Le but peut être multiple :
- obtenir aisément certaines notes très difficilement obtenables (voir la section des techniques) quand les possibilités d'accords de l'accordage Richter nous intéressent moins que la facilité mélodique ;
- obtenir des accords spécifiques sur le même harmonica ;
- obtenir facilement certaines notes plutôt que d'autres pour jouer dans certaines gammes particulières ;
Cela est particulièrement utilisé pour certains styles musicaux qui demandent rapidité de jeu. Le joueur préfère avoir à simplement glisser sur l'harmonica sans se poser trop de questions sur les altérations quand on veut jouer très vite. Il utilisera alors un accordage adapté à la gamme utilisée.
Jeu multitonal
Le problème basique de l'harmonica diatonique est l'absence de certaines notes. Pour pallier cela, il existe des techniques avancées décrites plus loin permettant d'obtenir les notes manquantes plus ou moins facilement. Des accordages personnalisés et exotiques peuvent également aider à obtenir toutes les notes sans connaître parfaitement l'ensemble des techniques de jeu.
Cette difficulté technique pour l'obtention simple de notes (et non seulement pour des effets spéciaux, comme ça peut être le cas pour d'autres instruments) a poussé la plupart des harmonicistes depuis le XIXe siècle à utiliser plusieurs harmonicas et à penser en termes de « positions » sur l'harmonica.
Positions
Pour un harmoniciste, ce terme définit le fait de jouer une tonalité à un intervalle donné par rapport à la tonalité de l'instrument. Ainsi jouer en 2e position signifie jouer à la quinte (donc jouer en sol sur un harmonica en do). C'est l'une des positions les plus répandues du jeu de l'harmonica blues car elle permet d'accéder aisément à la gamme blues avec un minimum d'overnotes, aux accords I et IV du morceau et comporte une disposition intéressante des notes pour les effets blues. Les autres positions historiquement très utilisés sont la 3e position, qui joue en seconde par rapport à l'instrument (ré sur un harmonica do), ainsi que la première position (la tonalité de l'harmonica lui-même), notamment pour des morceaux traditionnels se jouant beaucoup sur la gamme diatonique.
Harmoniquement, les positions fonctionnent de quinte en quinte. On peut alors aisément se baser sur le cycle des quintes, en commençant à la tonalité de l'harmonica, puis en se déplaçant vers la droite pour obtenir la numérotation des positions. Il s'agit donc d'une logique de mode.
Jeu chromatique
Malgré la difficulté relative des techniques mentionnées certains musiciens professionnels sont capables d'obtenir toutes les notes sur l'instrument. L'arrivée de l'overblow en particulier a chamboulé le monde de l'harmonica. Ce phénomène a créé une nouvelle vague d'harmonicistes aux méthodes de travail totalement opposées au phénomène historique. On peut également mentionner la technique des altérations valvées pour obtenir le chromatisme complet sur un harmonica diatonique.
On pense souvent dans le microcosme de l'instrument que le but de cette nouvelle école d'harmonicistes est de prouver que l'on peut tout jouer avec un seul harmonica diatonique. Un harmonica en do par exemple permet de s'adapter à toute tonalité et à tout style musical. Techniquement possible, cela demande beaucoup de travail. En réalité, ces harmonicistes estiment juste que leur instrument peut se travailler comme n'importe quel autre et jouent en ce sens dans des styles très variés qui repoussent en effet très largement le cadre de ce que l'on croyait possible sur le "petit" instrument. Ces musiciens rejettent le plus souvent toute notion de position, concept qui n'a pas apporté grand chose harmoniquement.
Cependant, beaucoup d'harmonicistes de haut niveau, parmi lesquels certains maîtrisent très bien les overnotes, continuent à jouer sur une grande variété d'harmonicas de tonalités différentes. Cela peut s'expliquer par la recherche de facilité, même si les overnotes sont maîtrisées, mais aussi et surtout par une recherche de son. En effet, ils peuvent chercher à produire certains sons sur certaines notes en particulier, or cela n'est possible que si ces notes sont à certains emplacements. Il existe pourtant les bends d'overnotes permettant d'accéder à d'autres sonorités ouvrant de nouvelles possibilités, notamment les pitchbends "vers le haut" typiques de guitare. Les joueurs les utilisant sont encore rares mais ils ont alors encore moins de raisons de changer de tonalité : la tessiture devient la raison principale du changement d'instrument. Enfin il peut s'agir de vouloir avoir un son crunch et instable sur des notes grâce à l'altération, de pouvoir avoir un son continu entre 2 notes (par altération encore), d'avoir des notes contigües (pour des trilles par exemple), de pouvoir amorcer une note « par en dessous » (en l'altérant légèrement pour arriver dessus), etc.
Dans tous les cas, la nécessité de jouer de façon chromatique s'est imposée d'elle-même pour sortir l'instrument de son carcan d'instrument incomplet. Jusqu'alors, il était relégué pour les styles changeant peu d'accords et utilisant des gammes limitées en nombre de notes. Néanmoins, la possibilité d'accéder à toutes les notes lui a ouvert les portes du jazz ou de la musique classique, où les changements et les évolutions d'accords sont fréquents, où on peut aussi assister à des transformations de tonalités du morceau et où les gammes utilisées peuvent comporter beaucoup de notes.
Techniques de base de jeu
Ces techniques ne sont pas forcément à prendre au premier degré. Elles sont davantage des habitudes prises par les joueurs du monde entier et transmises de génération en génération. Cependant des contre-exemples célèbres existent.
Tenue de l'harmonica
Dans ce domaine en particulier, personne ne peut prétendre avoir la seule méthode. En effet, nombreux sont les harmonicistes (même célèbres) ayant eu l'habitude de tenir leur harmonica complètement différemment de ce qui est souvent enseigné, sans incidence sur la qualité du jeu. Les raisons en sont que plusieurs sont souvent autodidactes et peu de méthodes d'apprentissage écrites existent.
Néanmoins des normes existent : il est souvent mentionné de tenir l'harmonica horizontalement, avec les notes les plus graves à gauche. Quand les trous sont numérotés, cela correspond à mettre logiquement le trou numéro 1 à gauche.
La prise la plus courante est alors de placer l'index gauche le long du capot supérieur et le pouce gauche le long du capot inférieur. Une fois l'harmonica fermement pris en sandwich entre ces 2 doigts, le reste des doigts gauches ainsi que la totalité de la main droite serviront de caisse de résonance à l'arrière de l'harmonica pour toutes sortes d'effets.
Un contre-exemple de cette tenue classique est la « tenue en cigare » qui consiste à placer l'harmonica en bouche comme un cigare, sans utiliser les mains du tout. Cela est parfois utilisé par certains harmonicistes de très bons niveaux, souvent en démonstration, pour faire rire, voire parfois tout simplement pour laisser les mains libres en l'absence de porte harmonica.
Jeu mélodique
La première étape d'apprentissage consiste à savoir jouer une note unique sans souffler ou aspirer dans un trou adjacent non désiré. Plusieurs méthodes existent.
Embouchure "deep relaxed"
Il s'agit de rentrer l'harmonica assez profondément dans la bouche et de bien couvrir le capot supérieur avec sa lèvre supérieure. L'harmonica s'incline légèrement vers le haut, et l'élasticité des lèvres permet d'assurer une bonne étanchéité autour de l'instrument. La position de la bouche permet alors d'utiliser sa lèvre inférieure qui, en étant écrasée par l'harmonica, se pince naturellement et forme une sorte de plis, tel un bec, qui va guider l'air de façon précise vers l'alvéole souhaitée. La langue reste parfaitement libre, et peut intervenir pour toutes les techniques d'articulation, d'altération ou autres. Elle est souvent conseillée par de nombreux professeurs d'harmonica pour ses vertus supposées quant à la sonorité qu'elle confère, ainsi que pour la facilité qu'elle induirait dans l'obtention des altérations (l'inclinaison de l'instrument, ainsi que la diminution de la distance gorge-lamelles semblent en être l'explication). Mais des avis contraires existent quant aux bénéfices de cette embouchure ...
Jeu en cul de poule
Appelée pucker par les anglophones, il s'agit de former un « O » avec ses lèvres comme si vous vouliez siffler. Il s'agit de la technique la plus employée pour enseigner l'harmonica aux débutants en 2008, que ce soit par la plupart des méthodes récentes ou bien même par de nombreux harmonicistes professionnels (eux-mêmes jouant d'ailleurs assez peu de cette manière souvent).
Cette technique a l'avantage d'être rapidement précise et potentiellement plus puissante puisque le souffle est mieux canalisé directement dans le bon trou. Certains instrumentistes pensent donc que le jeu en cul de poule induit moins de perte de souffle, et donc un son plus puissant. En outre ils prétendent qu'un autre avantage est qu'il semble plus aisé d'altérer ainsi, de même pour les overblows. Cela est notamment dû au fait que ce type de jeu laisse la langue libre de se déplacer librement dans la bouche.
Le problème de cette manière de jeu est qu'elle donne de mauvaises habitudes à certains joueurs qui risquent alors de « jouer petit ». En effet une petite embouchure de bouche donne un son assez pointu alors qu'ouvrir sa cavité buccale permet un son plus ample. Ainsi, jouer en cul de poule n'empêche pas d'essayer de prendre l'harmonica plus profondément en bouche et il n'est pas bon pour la qualité du son de jouer du bout des lèvres.
Tongue Blocking
L'autre technique majeure, le tongue blocking (aucune traduction française n'est réellement utilisée) est l'une des plus utilisées par les harmonicistes orientés Blues. C'est aussi une technique historique, car c'est souvent de cette manière que les harmonicistes apprenaient auparavant. Elle consiste à prendre l'harmonica à pleine bouche, de telle sorte que vous joueriez normalement plusieurs notes en soufflant ou aspirant, mais en bloquant toutes les notes non-désirées avec la langue pour éviter cela.
Ainsi concrètement la note voulue sera à gauche ou à droite de la bouche, la langue bloquant toute sortie de l'autre côté.
Cette technique est assez complexe, notamment pour se déplacer sur l'instrument en suivant avec la langue, mais elle permet un son plus ample et plus riche : elle est donc souvent préférée.
En outre cela laisse la place à des techniques d'effet permises par cette disposition de la bouche, comme le jeu rythmique, les octaves, ou autres.
En revanche, toute articulation du bout de la langue est proscrite, c'est-à-dire que le jeu en altérations est impossible.
U-block
Dû à la rareté d'utilisation de cette technique, le terme u-block n'est pas traduit en français. De même que pour le Tongue Blocking, la méthode du u-block demande de couvrir plusieurs alvéoles de la bouche. Cependant, au lieu de boucher les trous indésirables, la langue dirigera au contraire le souffle vers le trou désiré en s'enroulant de manière à former à tunnel directeur. En somme, la langue vient remplacer le rôle que la lèvre inférieure joue dans l'embouchure "deep relaxed" (voir plus haut). Cette technique est assez complexe à mettre en œuvre.
Jeu rythmique
Il est possible de jouer à la fois rythmiquement et mélodiquement. Néanmoins ce qui est entendu par jeu rythmique ici est surtout l'utilisation des accords, dont nous avons vu les possibilités dans la partie sur les accordages de l'harmonica.
Le principe est donc très simple: il suffit de prendre plusieurs trous dans la bouche aux zones adéquates. Peu d'accords sont disponibles, on peut cependant jouer sur la position de la bouche sur l'harmonica pour prendre plus ou moins de notes, supprimer certaines notes de l'accord, en doubler certaines, faire des inversions d'accord, rendre l'accord septième ou parfait, rajouter des notes en dehors de l'accord parfait, etc.
Ces propositions ne sont pas toujours possibles car elles dépendront essentiellement de ce que permettra l'accordage de votre harmonica. Vous ne pourrez donc pas tout faire, néanmoins tout en restant simple, cela est déjà un bon début pour créer des sonorités agréables à l'oreille, d'autant plus si elles sont calées sur un rythme avec un bon groove.
Enfin, vous pouvez aussi jouer avec la langue pour supprimer des notes non-désirées (c'est une des premières techniques dérivée du tongue-blocking) au milieu du reste de l'accord ou bien rythmiquement pour créer une sensation rythmique différente par rapport au simple arrêt du souffle.
Articulation
Un point important du jeu à l'harmonica est l'articulation des notes. En effet vous pouvez "émettre des sons" différents en jouant à l'harmonica, ce qui se ressentira dans le son produit. Vous pouvez donc jouer la même note avec une sonorité pourtant légèrement différente selon que vous prononcerez "pa", "o", "ku", "to", ou toute consonance qui vous passe par la tête. De plus cela vous permet de maîtriser davantage votre jeu en choisissant explicitement si vous voulez bien séparer les notes, les laisser filer ou toute nuance.
Techniques de jeu avancées
Altérations
En plus des 19 notes disponibles sur l'harmonica diatonique 10 trous, les joueurs peuvent jouer d'autres notes en ajustant leur embouchure et en forçant le peigne à résonner à une note différente. Ils y arrivent en relâchant et coordonnant les muscles de la gorge, de la bouche et des lèvres. Cette technique est appelée « altérations » (bending en anglais). Par les altérations, on peut atteindre toutes les notes de la gamme majeure. L'altération crée aussi l'effet de glissando caractéristique de nombreux harmonicistes de blues et de country. Sur une guitare, un bend se fait vers le haut. Sur un harmonica, cela se fait vers le bas. Les altérations sont essentielles dans la pratique du jeu d'harmonica blues et rock à cause des sons mélancoliques que l'instrument peut produire. Le « gémissement » sur l'harmonica blues requiert typiquement les altérations.
La physique des altérations est assez complexe, mais peut se résumer à ceci : un joueur peut altérer la note du peigne aigu vers la note du peigne grave dans n'importe quel trou. En d'autres termes, dans les trous 1 à 6, les notes aspirées peuvent être altérées, et dans les trous 7 à 10, les notes soufflées peuvent être altérées. Le trou 3 permet le plus grand écart : l'altération s'étend sur un ton et demi ; sur un harmonica en do par exemple, il est ainsi possible de descendre continuement la note aspirée d'un si jusqu’à un sol♯.
Voici les notes que peut produire un harmonica diatonique accordé en do avec les bendings :
Notes altérées sur un harmonica diatonique en C (do) notes soufflées altérées de 1 ton si♭ 1/2 ton mi♭ sol♭ si normales do mi sol do mi sol do mi sol do numéro du trou 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 notes aspirées normales ré sol si ré fa la si ré fa la altérées de 1/2 ton ré♭ sol♭ si♭ ré♭ la♭ 1 ton fa la 1 ton 1/2 la♭ Quelques points à noter au sujet des altérations :
- Une altération bien maîtrisée peut être continue. Par conséquent, on obtient en réalité une infinité de notes entre la note aigüe et la note grave puisqu'on peut arriver à sortir toutes les nuances entre ces notes. Dans le système occidental, on se limite en parlant des notes par demi-tons, mais l'harmonica (comme d'autres instruments) est capable de plus de nuances. L'imprécision des notes qui peut en résulter est parfois recherchée par des musiciens désirant un son plus « sauvage ».
- Une conséquence du point précédent est que, concrètement, le joueur peut descendre quasiment au niveau de la note grave, quoiqu'il ne peut l'atteindre. Cependant, une altération a un son particulier et assez riche qui perd en stabilité en descendant. Ainsi, le joueur doit avoir une bonne maîtrise et savoir comment faire pour rendre bien une altération forcée.
- Les altérations soufflées (aiguës) ont davantage tendance à « sauter », c’est-à-dire qu'il est plus difficile d'effectuer une descente continue de tonalité.
- Certains trous ne sont pas altérables dans l'accordage Richter, à savoir le 5 aspiré et le 7 soufflé. Cependant, la note aiguë peut être descendue par altération, mais le joueur n'obtiendra pas une note juste puisqu'il ne pourra même pas descendre un demi-ton sous la note. Cela est donc fait uniquement pour l'effet d'altération.
Overblow
Avec les altérations, l'harmonica est parvenu à être a priori chromatique. En effet, un harmonica peut désormais jouer les 12 notes de la gamme chromatique occidentale. Néanmoins, un lecteur attentif remarquera la faille de ce raisonnement : ces 12 notes sont réparties sur 3 octaves. Ainsi sur un harmonica non semi-valvé en do, on ne peut jouer un mi♭ que dans les aigus, par contre, on ne peut pas jouer le ré♭ dans les aigus au contraire, etc.
Cela constitue donc une limitation de l'harmonica diatonique puisqu'on n'a encore accès à aucune octave complète, uniquement plusieurs octaves toutes incomplètes permettant ensemble d'obtenir toutes les notes. Cela n'a pas empêché des générations de virtuoses de créer des mélodies d'anthologie à l'harmonica diatonique, mais cela reste une gêne pour les musiciens désireux d'obtenir certaines notes manquantes.
C'est dans ce contexte que Howard Levy, dans les années 1970, développa une nouvelle technique[1] : la technique de l'overbending qui - combinée avec les altérations - permet de jouer la gamme chromatique entière sur chaque octave.
Il semblerait pourtant qu'une note issue de cette technique ait été découverte sur un enregistrement de Mean Low Blues par Blues Birdhead datant des années 1927 ou 1929, puis sur d'autres enregistrements par la suite. Pourtant des doutes ont parfois émis étant donné la spécificité de l'harmonica à exister en multiples tonalités, de même qu'on peut se demander si ce fut un overblow intentionnel. Les déviations possibles de fréquences dans les vieux enregistrements ont également contribué à faire douter de l'existence de cet overblow. Quoi qu'il en soit, Howard Levy fut le premier à théoriser et nommer cette technique, la popularisant, même si nombreux autres joueurs par le monde trouvèrent seuls ces notes.
Techniquement, les overnotes ne peuvent coexister sur un harmonica réglé avec des altérations valvées.
Caractéristiques
On appelle overnotes les notes obtenues par la technique de l'overbending. Les overnotes sont de deux sortes : les overblows, obtenus en soufflant dans les 6 premiers trous, et les overdraws, obtenus en aspirant dans les 4 derniers trous. La technique d'obtention est quasi-similaire à celle de l'altération simple. Elle consiste à provoquer la vibration de la lamelle opposée par étouffement de la lamelle qui devrait théoriquement vibrer. Ainsi, un overblow fait vibrer la lamelle aspirée et un overdraw la lamelle soufflée. Avec l'overblowing, le joueur isole le plus aigu des deux peignes et peut ainsi jouer des notes plus aigües.
utilisation
Comme l'overbending permet aux harmonicistes « diatoniques » de jouer la gamme chromatique sur les trois octaves de l'harmonica, il leur autorise à explorer tous les champs musicaux, notamment la musique jazz, contemporaine et classique où la polytonalité est courante.
L'overblowing est souvent considéré à tort comme l'une des techniques les plus difficiles à maîtriser dans la pratique de l'harmonica diatonique. En réalité, une bonne technique d'altération standard permet d'obtenir assez facilement les overnotes. Il n'en reste pas moins que pour faciliter l'overblowing, de nombreux joueurs utilisent des harmonicas spécialement modifiés, dits personnalisés. Il est également possible d'obtenir la gamme chromatique entière par une autre technique : les altérations (bends) valvées (nécessite d'équiper son harmonica de petites valves en plastique).
Une nouvelle école d'harmonicistes
Au XXIe siècle, de plus en plus d'harmonicistes autrefois cantonnés à un panel de genres musicaux restreint, tentent de s'orienter vers cette technique. Certains, de par une virtuosité et musicalité rares sur leur instrument devenu complètement chromatique, réussissent à exploiter le langage bebop ; citons pour exemple les français Sébastien Charlier et David Herzhaft, le Brésilien Otavio Castro etc...
Les overblowistes font partie de cette "nouvelle" école d'harmonicistes désireux d'aller plus loin et d'exprimer des mélodies sophistiquées sur l'harmonica, le débarrassant ainsi des clichés country, blues et folkloriques auxquels il est souvent assimilé. En particulier, les overbends permettent à certains harmonicistes de jouer tout morceau sur un unique harmonica, comme pour la plupart des autres instruments.
Overnotes d'un harmonica diatonique en C (do) notes soufflées Overblow 1/2 ton ré♯ ré♯ fa♯ la♯ normales do mi sol do mi sol do mi sol do numéro du trou 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 notes aspirées normales ré sol si ré fa la si ré fa la Overdraw 1/2 ton do♯ sol♯ do♯ Il est possible de réaliser des doubles, voire des triples overnotes lorsque l'on atteint une maîtrise avancée de la technique. Cela permet de doubler les manières de jouer certaines notes, permettant de produire les mêmes notes avec différents sons.
Altérations valvées
Il existe une seconde méthode pour obtenir les notes manquantes avec les altérations en équipant l'harmonica de petites valves en plastique, permettant la production d'altérations (bends ou bendings en anglais) valvés. Cela ne perturbe pas les bends classiques évoqués auparavant. Ces petites valves isolent les plaques (qui portent les lamelles), l'une de l'autre, et permettent l'obtention de toutes les notes de la gamme chromatique. On en colle 6 sur la plaque inférieure (trou n°1 à n°6) et 4 sur la plaque supérieure (trou n°7 à n°10) pour obtenir un harmonica diatonique semi-valvé. L'harmonica diatonique semi-valvé devient alors un instrument chromatique : on peut alors étendre le répertoire de l'harmonica (jazz, classique, etc.)
Voici les notes qu'on peut obtenir spécifiquement avec les bends valvés, sur un harmonica diatonique semi-valvé accordé en do :
Notes altérées valvées sur un harmonica diatonique valvé en C (do) notes soufflées altérées valvées de 1/2 ton si mi♭ mi♭ fa♯ normales do mi sol do mi sol do mi sol do numéro du trou 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 notes aspirées normales ré sol si ré fa la si ré fa la altérées valvées de 1/2 ton si♭ ré♭ la♭ La réunion des deux tableaux précédents donne l'ensemble de toutes les notes jouables sur un harmonica diatonique semi-valvé, en do. Une autre technique pour obtenir ces notes est l'overblowing (voir plus haut). Les partisans des bends valvés par rapport à l'overblowing justifient leur préférence pour cette technique par :
- une meilleure qualité du son des altérations valvées par rapport aux overblowings.
- une logique d'altération maintenue avec les bends classiques.
Le premier argument est d'ordre subjectif. Le second est plus objectif mais ne tient pas compte du fait que cela pose quelques problèmes quant à la fluidité du jeu dans toutes les tonalités, raison probable pour laquelle, aucun professionnel n'opte pour cette modification dans le cadre d'un jeu polytonal. On citera néanmoins les harmoniscistes P.T Gazell et Brendan Power comme étant les plus connus à utiliser ces altérations valvées dans leur pratiques de l'harmonica ...
Vibrato
Également appelée trémolo, la technique du vibrato consiste à faire « vibrer » la note, en jouant sur son intensité, sa hauteur, parfois les deux à la fois. Sous ce même nom existent ainsi plusieurs techniques ne procurant pas le même rendu sonore.
Ces techniques peuvent souvent être même utilisées simultanément pour obtenir un son particulier. Elles demandent beaucoup d'entraînement pour obtenir dextérité, rapidité et un son agréable.
- Vibrato de main
Le vibrato le plus basique consistant à déplacer plus ou moins rapidement une main à l'arrière de l'instrument, jouant ainsi sur l'intensité de sortie du son. En effet, en refermant complètement les mains autour de l'instrument, le son sera étouffé alors qu'il sera au contraire bien clair si aucun obstacle ne vient se mettre entre l'arrière de l'instrument - laissant sortir le son - et l'oreille du public.
- Vibrato de langue
En bouchant et débouchant rapidement le(s) trou(s) joué(s) avec la langue, on hachure le son. Si la langue est suffisamment rapide, ce trémolo n'est cependant pas trop haché, profitant de l'inertie légère de vibration des lamelles. Cela reste cependant un vibrato plus net et plus difficile à contrôler qu'avec la main, quoique plus puissant.
- Vibrato de gorge
Très utilisé, il consiste à obturer l'arrivée d'air au niveau de la gorge, aisément produisible en produisant des sons gutturaux. Là encore, une bonne maîtrise est nécessaire pour éviter de hacher trop nettement le son.
- Vibrato de ventre
Cette technique demande un très bon contrôle de son propre souffle. Elle implique en effet d'arriver à maîtriser l'intensité de son flux respiratoire. Il faut pour cela utiliser une respiration ventrale et non thoracique, laquelle est conseillée pour le jeu de tout instrument à vent, mais même pour la vie tout court et éviter de perdre son souffle trop rapidement.
Si maîtrisée, cette technique permet d'avoir un vibrato très précis et subtil.
- D'autres vibratos
D'autres techniques peuvent être appelées vibrato. L'harmonica étant en effet un instrument particulièrement expressif, puisque basé sur le souffle, on en vient très vite à expérimenter des formes particulières de vibration qui ne sont pas forcément référencées sous un nom donné.
Finalement, on peut raisonnablement penser qu'il est possible de faire un vibrato avec tout organe du corps humain qui participe au flux d'air respiratoire et qu'on aura appris à contrôler, que ce soit les poumons, la gorge, la langue, la bouche, la main, ou un mélange de tous.
On peut d'ailleurs aussi qualifier de vibrato une modification rapide de la hauteur de note. Ainsi une altération légère et très rapide en va et vient (pas forcément même jusqu’à une note du système occidentale, c’est-à-dire jusqu’à un demi-on en dessous de la note altérée) est une sorte de vibrato. De même, une alternance très rapide entre des flux soufflé et aspiré est définissable comme un vibrato (les harmonicistes reconnaîtront ce phénomène sous le nom d'« effet de la mouche »).
Wah-Wah
Le wah-wah est une technique proche du vibrato de main, mais en beaucoup plus lente. Le principe n'est plus de modifier rapidement l'intensité du son, mais plutôt de bien faire ressentir l'« ouverture » du son.
Le joueur fait donc un mouvement relativement lent et accentuée d'une position où les mains enferment complètement l'harmonica et son son à une autre où les mains sont totalement ouvertes. Cela procure un son typique ressemblant à un geignement de bébé qui ferait « wah » ou « ouin », d'où l'appellation de cette technique.
Ce son peut être accentué par des altérations simultanées ou des sons parlés par la bouche à travers l'harmonica, comme pour beaucoup d'autres techniques.
Trille
Le trille est un effet très répandu et largement utilisé dans la pratique de l'harmonica. Cela consiste en un jeu alterné très rapidement de deux notes adjacentes, sur un même souffle.
Voir aussi
Articles connexes
Notes
- (en) Howard Levy Sur la découverte des overbend
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