Généralisation cartographique

Généralisation cartographique

La généralisation cartographique est un processus d'abstraction des données pour faire une carte.

Sommaire

Définition et problèmes généraux

Les moyens dacquisition de données géographiques étant de plus en plus performants et permettant dacquérir des données dont le niveau de détail est de plus en plus fin, des méthodes dites de généralisation sont nécessaires pour permettre de diminuer le niveau de détail des données géographiques.

Après avoir choisi un fond de carte (ensemble des informations de base qui permettent de dessiner la carte et qui va supporter l'information géographique), le cartographe va opérer une généralisation cartographique qui est « lopération qui, par sélection, schématisation et harmonisation, reconstitue sur une carte la réalité de la surface représentée dans ses traits essentiels en fonction du but de la carte, de son thème, de son échelle et des particularités de la région cartographiée ». Telle était la définition que donnait René Cuenin, géographe réputé.

Dans cette définition, René Cuenin parle de léchelle, or, aucune carte ne peut être dessinée à léchelle 1/1, donc toute représentation cartographique est une réduction de la réalité, donc une généralisation. À ce propos, il convient de signaler que si l'on passe du 1/25 000 au 1/100 000, on divise la longueur par 4 et la largeur par 4. L'aire est donc divisée par 16. Ce constat permet de mettre en lumière la complexité du processus que nous allons décrire. Nous verrons d'abord les 3 étapes de ce processus, puis les 2 aspects de la schématisation et enfin les limites de la généralisation cartographique.

Un processus en trois étapes

La sélection

Cest le choix des éléments géographiques à conserver (éléments topographiques, limites administratives, relief, hydrographie) à partir dune base et en fonction dun but déterminé. La sélection est qualitative ou quantitative. On parle aussi de simplification. On réduit la quantité dinformation.

La schématisation

Cest une opération de mise en valeur des données et objets géographiques en les simplifiant dans leur forme, mais en essayant de conserver une certaine exactitude. On accentue des détails ou supprime des caractères jugés négligeables. On parle aussi de caricature, parfois. On ne réduit pas linformation mais seulement la précision de localisation des objets. On peut la séparer en 2 types, que nous développerons dans une deuxième grande partie.

Lharmonisation

Cest le rétablissement de léquilibre général. On maintient les positions, relations et rapports de distance, aires, angles, tangentes, formes. On essaie de gommer les imprécisions. Ceci a pour but de permettre la compréhension rapide et la mémorisation par le lecteur-spectateur.

Les deux aspects de la schématisation

Dans la schématisation cartographique, deux aspects sont visibles.

Schématisation structurale

Elle ne modifie pas la structure de lobjet. On suit les tracés linéaires et contours zonaux et on les simplifie en émoussant les sinuosités tout en respectant la structure densemble. Nous pouvons différencier 4 niveaux de généralisation structurale :

  • la généralisation structurale faible, les tracés sont simplifiés, mais aucune suppression des détails nest effectuée ;
  • la généralisation structurale moyenne, les tracés sont simplifiés ; certains détails caractéristiques sont conservés et dautres, plus insignifiants et illisibles, à léchelle considérée, sont supprimés ;
  • la généralisation structurale forte, dont les tracés sont très simplifiés ; seule leur orientation générale est conservée, certains éléments structurants sont amplifiés ;
  • la généralisation structurale très forte ou extrême, lallure générale est conservée, lobjet représenté est identifiable par sa forme, sa surface et son orientation, mais aucun détail nest conservé.

Schématisation conceptuelle

Elle saccompagne dune modification du mode de représentation. Elle entraîne le plus souvent un changement du mode dimplantation.

Ainsi, le passage dune implantation zonale à une implantation ponctuelle peut être opéré. Cest notamment le cas pour les agglomérations. En effet, si la ville est représentée dans son extension réelle à grande échelle, nous sommes en présence dune implantation zonale puis si lon veut représenter lensemble dun pays, cette ville se réduit à un signe de petite échelle, nous sommes en présence dune implantation ponctuelle : limplantation a donc changé.

Le passage dune implantation ponctuelle à une implantation zonale est également possible. Par exemple, prenons le cas des puits de pétrole. Des puits de pétrole localisés à grande échelle (leur implantation est donc ponctuelle) se transforment en zones pétrolifères à moyenne et à petite échelle (leur implantation devient donc zonale), pour finir en symbole unique à très petite échelle (ce qui les ramène à une implantation ponctuelle).

De même, limplantation linéaire peut se transformer en implantation zonale puis en implantation ponctuelle. Une région de marais, le réseau des canaux est dessiné à grande échelle (implantation linéaire), devient une zone de marais à moyenne et à petite échelle (implantation zonale), pour nêtre plus quun symbole évocateur à très petite échelle (implantation ponctuelle).

Les limites

Schématisation des petites taches, les limites de lœil

La schématisation des tracés linéaires et des contours de zone est la plus simple à réaliser : il ny a quà supprimer les sinuosités. En revanche, la schématisation des petites touches isolées (par exemple une multitude détangs ou un semis dîles) présente des difficultés plus nombreuses. Nous atteignons donc une limite de la généralisation, qui pour que la carte soit claire, doit faire fusionner ou faire disparaître certains éléments tout en préservant une forme générale et en conservant une orientation dominante : on abstrait linformation, mais le langage cartographique nest pas assez expressif pour représenter à la fois la position et la séparation des objets. On ne peut jamais satisfaire toutes les contraintes (les objets doivent être assez gros, ne pas se superposer, être suffisamment éloignés). Mais lorsquune contrainte nest vraiment pas respectée, on parle de conflit cartographique.

Le mensonge cartographique

De par le simple fait de schématiser, le cartographe effectue un tri et accentue ou supprime certains traits : cest très subjectif. La qualité (« aptitude à répondre à un besoin » selon lIGN) dune carte peut beaucoup varier. Il nexiste pas une façon unique de généraliser des données pour un même objectif : deux cartographes peuvent aboutir à des résultats très différents qui seront tous deux acceptables !

De plus, le cartographe qui sélectionne linformation la réduit. Ainsi, avec les cartes dhabitations sans téléphones en 1960, à lest des EU, on voit que lon peut classer différemment les États, selon les seuils que lon crée. Un cartographe peut ainsi contribuer à véhiculer un message politique : ces 4 cartes présentent la même information mais peuvent donner lieu à des interprétations différentes par le lecteur. Donc, il faut retenir quune carte ne présente quune vision des choses, simplifiée et forcément idéologique.

Diminuer les coûts d'un processus complexe

La généralisation cartographique permet de créer des cartes à voir que le spectateur retiendra bien, avec un message idéologique derrière. On se sert des deux premières étapes différentes au niveau du langage de la carte, mais qui ont même cause (un objet affiché tel quel serait illisible) et mêmes effets (rendre lobjet visible en mettant en valeur lun de ses caractères). On améliore la perception de linformation en dégradant soit la position (généralisation géométrique) soit la nature de lobjet (généralisation sémantique). Dans un troisième temps, on tente de rétablir quelque peu les imprécisions.

Quoi quil en soit, la généralisation cartographique est un processus qui requiert beaucoup de prises de vues, un grand travail de terrain, une compilation des informations, lajout dinformations non visibles sur la carte (nombre dhabitants), ce qui est long et coûteux ; il faut en outre des données différentes pour chaque carte car chaque carte a un thème, un public et un message différents. On a alors tenté dautomatiser une partie du processus. On parle de cartographie numérique. On stocke les objets dans une BDG (base de données géographiques), ces objets étant repérés par leurs coordonnées {(x,y)}. À partir dune base de données géographique, on fait une base de données cartographique. On parle de dérivation.

1/25 000 au 1/100 000, on divise la longueur par 4 et la largeur par 4. L'aire est donc divisée par 16. Ce constat permet de mettre en lumière la complexité du processus que nous allons décrire. Nous verrons d'abord les 3 étapes de ce processus, puis les 2 aspects de la schématisation et enfin les limites de la généralisation cartographique.

Voir aussi

Liens externes

Bibliographie

  • M. Béguin, D. Pumain, La représentation des données géographiques, Armand Colin (Paris), 1994, 192p., ISBN : 220021539 -8
  • Ch. Zanin, M-L Trémélo, Savoir faire une carte (de à la conception et à la réalisation d'une carte thématique univariée), Belin (Paris), 2002, 199p. ISNB : 270113671 - 7
  • M. Monmonier, Comment faire mentir les cartes ou Du mauvais usage de la géographie, Flammarion (Paris), 1993, 232p. ISBN : 2082115577. Note : traduit de l'anglais par Denis-Armand Canal, titre original : How to lie with maps
  • J. Steinberg, Cartographie pratique pour la géographie et laménagement, SEDES de chez Hachette (Paris), 1996, 130 p. ISBN : 271819346 - 8
  • J. Bertin, Sémiologie graphique les diagrammes, les réseaux, les cartes, Gauthier-Villars (Paris), 1967, 431p., ISBN : 2-7132-1277-4

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Généralisation cartographique de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужна курсовая?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Algorithme de Douglas-Peuker — L’algorithme de Ramer Douglas Peuker sert à simplifier un polygone ou une polyligne par la suppression de nœud. Il est beaucoup utilisé en compression de données vectorielles et en généralisation cartographique. Sommaire 1 Principe 2 Algorithme 2 …   Wikipédia en Français

  • картографическая генерализация — генерализация Отбор и обобщение объектов картографирования соответственно назначению и масштабу карты и особенностям картографируемой области. [ГОСТ 21667 76] Тематики картография Синонимы генерализация EN generalization DE… …   Справочник технического переводчика

  • CARTOGRAPHIE — La cartographie a pour but la conception, la préparation et la réalisation des cartes. Sa vocation est la représentation du monde sous une forme graphique et géométrique. En cela, elle répond à un besoin très ancien de l’humanité qui est de… …   Encyclopédie Universelle

  • PÉDOLOGIE — La pédologie est définie essentiellement par son objet: c’est la science des sols, de même que la géologie est la science des roches constituant la croûte terrestre et la biologie la science des êtres vivants. C’est l’étude des propriétés et du… …   Encyclopédie Universelle

  • P:M — Projet:Modèle Bienvenue au projet modèle …   Wikipédia en Français

  • P:Mod — Projet:Modèle Bienvenue au projet modèle …   Wikipédia en Français

  • Projection stereographique — Projection stéréographique Projection stéréographique du pôle sud sur le plan équatorial …   Wikipédia en Français

  • Projection stéréographique — du pôle sud sur le plan équatorial …   Wikipédia en Français

  • Représentation stéréographique — Projection stéréographique Projection stéréographique du pôle sud sur le plan équatorial …   Wikipédia en Français

  • POPULATION (GÉOGRAPHIE DE LA) — L’étude géographique des populations a longtemps été réduite à la description du peuplement, considérée comme une introduction à la géographie humaine. Ce n’est que depuis les années 1950 qu’elle s’est élargie à la totalité de la dimension… …   Encyclopédie Universelle

Share the article and excerpts

Direct link
https://fr-academic.com/dic.nsf/frwiki/749033 Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”