Guerre des awans et des waroux

Guerre des awans et des waroux

Guerre des Awans et des Waroux

La guerre entre les Awans et des Waroux débuta en 1297. Elle ravagea durant 38 ans la chevalerie hesbignonne qui ne s'en remit jamais. La Hesbaye dépendait de la principauté de Liége. Le Prince-évêque de Liège fut incapable d'arrêter cette guerre.

Cette guerre est un exemple typique de guerre féodale privée. Un autre exemple de la même époque est la Guerre de la vache qui décima le Condroz. Le prétexte de la guerre n'est pas sans rappeler, pour les Hesbignons, la Guerre de Troie.

Sommaire

Guerre fratricide

Les deux lignages (Awans-Waroux) descendaient l'un et l'autre de Raes de Dammartin et la belle Alix de Warfusée (début du XIIeme siècle) et de leur fils Breton le vieux .

Un prétexte

Tout commence lorsque le seigneur d'Awans Humbert Corbeau II voulut exercer le droit de cuissage sur une jeune serve : Adoule. En sa qualité de seigneur, il avait le droit de la marier et il la destinait à un sien cousin, Gérard Pélage. Celle-ci fut froidement enlevée (avec son consentement probable ?) par son amoureux, un jeune écuyer qui dépendait du seigneur voisin de Waroux. Adoule était riche en meuble et héritage. Humbert ne put prouver en 48 heures qu’elle était bien une serve. Le seigneur de Waroux Guillaume le jeune refusa donc de renvoyer Adoule. Humbert appela les gens de son lignage au secours et se mit à ravager les terres du seigneur de Waroux.

Un serment scellé dans le sang

Humbert d’Awans raconta l’histoire à tous ceux de son lignage. Ceux-ci se déclarèrent prêts à réparer l’injure reçue. Chacun d’eux se fit tirer quelques gouttes de sang que l’on versa dans une coupe. Chacun y trempa ses lèvres.

Une mort qui ravive les hostilités

Humbert Corbeau fut tué en 1298 lors de combats de Loncin qui se solda par une défaite des Awans.

Un Prince impuissant

Blason de la principauté de Liège

En théorie, le Prince-évêque ne pouvait intervenir dans une guerre privée sauf en cas de plaintes.... Chaque intervention du Prince-évêque de Liège entraînait un carrousel d’alliances entre les parties – Le peuple de Liège (les métiers et corporations) le clergé (c’est-à-dire le chapitre de Saint-Lambert), les Awans, les Waroux, etc.

Il faut dire que Waroux dépendait du comté de Looz tandis que Awans dépendait de l'abbé de Prüm qui lui-même dépendait de l'évêque de Trèves. Un abbé ne pouvant exercer justice, il était représenté par un Avoué. Dans la pratique et vu la distance, le Sire d'Awans avait donc usurpé le titre. On comprend donc que le Prince-évêque était plutôt favorable aux Waroux.

Un code d’honneur

Toute atteinte à l'honneur d'un membre de la famille du seigneur est considérée comme une injure à celui-ci et entraînait des représailles immédiates, le tout régi par des règles de convenance qui peuvent parfois sembler bizarre. L'exemple qui suit est assez frappant.

Le parti des Awans a bouté le feu à la tour de Slins où s’étaient réfugiés quelques chevaliers du parti de Waroux. On pouvait se massacrer mais pas se brûler (mort réservée aux hérétiques). C'était un attentat énorme contre l'autorité du suzerain, le droit d'arsin n'appartenant qu'à l'évêque seul. Lui seul pouvait mettre le feu aux bâtiments. L’Evêque de Liége leur imposa un châtiment pire que la mort. Comme le raconte la chronique : Guillaume d'Awans et vingt-deux chevaliers, pieds nus, en manches de chemise, portant sur la tête nue les selles de leurs chevaux, se rendirent dans cet état humiliant de l'église de Saint-Martin à la cathédrale de Saint-Lambert où, placé sous la couronne de lumière, ils demandèrent pardon au prince.

Peu de temps après les hostilités recommencèrent de plus belle.

Une bataille rangée

On se donne rendez-vous le jour de la Saint-Barthelemy (25 août 1325) dans la plaine de Dommartin près de Huy. Il y a 350 chevaliers au moins du côté Waroux, menés par Henry II de Hermalle, contre 270 chevaliers ou écuyers menés par Guillaume II de Jeneffe, châtelain de Waremme côté Awans.

On se range en ligne et on s’élance au signal. On manque de piétiner les envoyés du Prince qui hurlaient «Trêve ! Trêves de par Monseigneur de Liège ».

Après de multiples péripéties, les Awans l’emportent. On compte au moins 65 chevaliers morts dont Henri coté Waroux. Les seigneurs restants des deux parties se retirèrent dans leurs châteaux et on se calma enfin par application d'une quarantine.

Un duel judiciaire

Suite à une trêve rompue, on organise un duel judiciaire. Un champion de chacune des parties doit se rendre Place Verte à Liège pour en découdre en un duel « a mort ». Le plus futé (Ainechon du parti des Awans) gagne car il avait laissé mijoter son adversaire dans son armure pendant une demi-journée et s’était présenté cinq minutes avant le temps limite.

Des trèves de Dieu

On appelait cela des quarantines. Chaque mort d’un chevalier (baron) donnait lieu à un gel des combats durant quarante jours au nom de le religion. Cela permettait de prier ses morts, de se rencontrer, de conclure des alliances, de se remarier, de nommer de nouveaux chevaliers, de faire la fête etc.

Une fin heureuse (si l’on peut dire)

Le combat s'arrêta probablement faute de combattants. Suivant la suggestion du Prince-Évêque, on mit en place une assemblée (un tribunal....) composée de six sages de chacune des parties. Le traité de paix fut rédigé et la paix fut signée le 15 mai dans l'abbaye de Saint-Laurent, à Liège.

Voici un extrait du traité de la Paix des Lignages ou "Paix des XII" :

« Il y aura paix éternelle entre les familles, et amnistie générale des guerres, meurtres, combats, haines, rancunes, dépits, injures, dommages, crimes, larcins, incendies, et d'autres méfaits, sans en excepter qui que ce soit, et sans que personne puisse jamais adresser aucunes plaintes à Monseigneur de Liége au sujet de ces dommages, lesquelles plaintes sont déclarées nulles pour l'avenir.

» En mémoire perpétuelle de la réparation des désordres qui ont pendant si longtemps désolé le pays, il sera construit, en lieu convenable, une église consacrée à la Vierge, mère de Dieu, et aux douze apôtres. Les chevaliers du lignage des Waroux, par forme d'amende et en expiation de leur crimes, contribueront à la construction de cette église pour une somme de trois mille cinq cents livres, en bonne monnaie de Liége; le lignage des Awans fournira également pour sa part quatre mille livres de même monnaie, lesquelles sommes compenseront les pèlerinages auxquels les coupables devraient être condamnés.

» Pour tout ce qui surviendra par la suite au pays et diocèse de Liége entre les familles divisées, comme mort d'homme, membre mutilé ou estropié, plaie ouverte, effusion de sang, blessure, combat, coups; paroles outrageantes ou autres injures, les coupables seront punis comme pour de nouveaux attentats, et ne seront compris dans le châtiment que ceux-là mêmes qui auront commis le mal, laissant en liberté tous leurs adhérents, afin de ne point renouveler ces funestes dissensions.

Un mariage cimenta la réconciliation. De nos jours, ce serait un scandale de voir un jeune homme épouser la fille du meurtrier de son père. Le fils de Thiry de Haneffe épousa la fille de Wathy de Warfusée. C'était la fin naturelle d'une guerre privée et le moyen classique de ramener la paix dans les familles....

Ce même tribunal régla les derniers litiges.

Conclusion

Cette guerre contribua à la montée en puissance de la bourgeoisie. Le peuple de Liège arracha de multiples libertés au Prince-Evêque qui avait perdu la noblesse comme alliée. Elle a coûté la vie à plus de trente mille hommes.

Les châteaux actuels d'Awans et de Waroux n'ont rien à voir avec ceux de l'époque. Il n'en est rien resté.

Histoire

L'histoire de cette guerre nous est connue par la chronique écrite par Jacques de Hemricourt au XIVe siècle.

Cette guerre et ses répercussions ont été analysées par de nombreux historiens belges (Coussement, J.Daris, De Gerlache, etc...) fin du XIXe siècle.

Voir sur les sites web mentionnés ci-dessous plus de détails sur l'histoire de la principauté de Liège.

Traité des Guerres d'Awans et de Waroux

Le texte de Jacques de Hemricourt se trouve ici

Voir aussi

  • Un des rare vestiges des châteaux de l'époque (en fait les châteaux étaient au plus des tours ou donjons) : La Tour Romane d'Amay
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