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Gué
Pour les articles homonymes, voir Gué (homonymie).Un gué est un endroit où l'on peut traverser un cours d'eau à pied, à dos d'animal ou en véhicule sans s'embourber ni être emporté par le courant.
Sommaire
Archéologie
Dans la mythologie celtique, le gué avait une grande importance comme lieu de passage ou de limite, une déesse particulière Ritona lui était consacré, la coutume voulait que les duels entre héros ou guerriers s'y déroulassent. Ainsi l'on a trouvé de nombreuses armes dans les anciens gués en pays Celtes. D'ailleurs de nombreux objets de bronze tels que haches, pointes de lance, étaient jetées intactes en offrande aux divinités des eaux vives, principalement en des endroits privilégiés comme les passages à gués.
Joseph Vendryes signale que dans l'Europe centrale, la construction des ponts était inconnue. On traversait les rivières à gué, ou bien, quand elles étaient trop profonde ou trop larges au moyen de bateaux[1] [2].
Les gués situés dans des lieux à rives basses impropres à la construction des ponts, ont été abandonnés, et les points de communications ont été déplacés vers les ponts sur des rives hautes. C'est ainsi que les gués ont lentement été abandonnés. Cette révolution peut être comparée au phénomène de l'abandon des voies nationales au profit des autoroutes.
Seule la toponymie conserve encore le souvenir de ces lieux importants de passage préhistorique. Aussi la connaissance des anciens gués est-elle extrêmement intéressante pour établir la carte des routes et des centres de communications préhistoriques et protohistoriques.
Histoire récente
Dans les temps passés (Ancien Régime, Moyen Âge, Antiquité...), alors que les ponts étaient rares, les gués ont joué un rôle économique et militaire important. Selon l’Académie française, le verbe « guéer » parfois prononcé « Guayer » signifie passer à gué. On dit d'une rivière qu'elle est « guéable ». Guéer un cheval est « le faire entrer dans la rivière jusqu'au ventre, & l'y promener, pour le laver & le rafraischir » ; Guéer du linge signifie « Le laver, & le remuer quelque temps dans l'eau avant que de le tordre »[3].
Écologie
Les gués jouent également un rôle important pour la migration saisonnière et les déplacements de certains des animaux, bien que certains mammifères tels que les orignaux ou les gnous puissent traverser des fleuves larges ou à courant relativement violent.
C'est pourquoi dans le domaine de l'écologie du paysage, on parle aussi métaphoriquement de « gué » pour décrire les éléments de corridor biologique qui sont déconnectés les uns des autres, mais qui permettent à des espèces de traverser un paysage ou une matrice paysagère, en passant d'une tâche de paysage à l'autre. Un réseau de mares, de clairières forestières ou de bosquets peuvent ainsi être qualifié d'une structure-gué respectivement pour une population de rainettes, de lièvres ou d'écureuils.
Gués célèbres
- En 1812, l'armée napoléonienne devait traverser la rivière Bérézina pour retourner en France, l'emplacement d'un gué fut choisi pour construire un pont temporaire. Les pontonniers du général Jean-Baptiste Eblé permettent de faire passer une grande partie de ce qui reste de l'armée de Napoléon, mais l'ouvrage est incendié à l'approche des Russes et c'est un désastre pour des milliers de soldats qui s'étaient trop attardés.
Article détaillé : Bataille de la Bérézina.- Bataille de Stamford Bridge
- Gué de Blanquetaque, dans la Somme, passage d'invasions.
- Passage du Gois
Le mot « gué » dans l'étymologie de villes
L'étymologie de certaines villes révèle qu'elles ont été fondées initialement sur l'emplacement d'un gué. Le mot celtique rito- (latinisé en ritum, le proto-celtique devait être *orto- ) a pour équivalent en germanique westique les formes ford, Furt, voorde. Le latin portus de la même racine indo-européenne a, quant à lui, pris un sens différent de même que fjord en scandinave.
Le mot anglais ford signifie gué et a donné Oxford, Stratford ...etc. De même l'allemand Furt a donné Klagenfurt, Ditfurt, Frankfurt francisé en Francfort (Francfort-sur-le-Main, Francfort-sur-l'Oder) et le néerlandais voorde ou son doublet voet (pour gué) se retrouve avec des variantes dans le nom de certaines villes, par exemple en France : Steenvoorde ou Houllefort, en Belgique : Dievoort, Amersfoort ou Vilvoorde (en français : Vilvorde).
L'ancien nom de Limoges était Augustoritum. Ce nom est dérivé de rito (gué, en langue gauloise équivalent du gallois rhyd Cf. la ville galloise de Rhydaman appelée également en anglais Ammanford), et Augusto (en hommage de l'empereur Auguste, grâce à qui la ville a vu le jour). Augustoritum était donc « le gué d'Auguste ». L'origine du nom de la ville de Niort est le celtique Novioritum qui signifie « nouveau gué » (sur la Sèvre). Le mot rito- a une survie tardive dans le nord de la France (Seine-Maritime, Oise et Nord) sous la forme -r(e / a)y / -roy ou -roi[4]. Ex.: Longroy, Mauray, Miauroy, etc..On trouve quelques autres exemples ailleurs : le Gué-de-Longroi qui constitue une traduction en français du terme gallo-roman.
Le nom latin pour gué est vadum d'où procède le français pour l'essentiel, mais qui s'est confondu en gallo-roman avec un autre terme d'origine germanique wad de sens proche (Cf. suédois vad "gué"), certains spécialistes le font venir directement du vieux bas-francique. En Normandie, on trouve couramment le mot gué en toponymie sous la forme dialectale vey. Ex.: la Baie des Veys (Manche) ou encore Le gué du Vey (Seine-Maritime) qui présente une traduction en français du terme.
En bas-latin l'on usait également du mot trajectu(m) (traversée, passage d'eau) attesté dans la toponymie française, exemple : le Trait sur la Seine et qui évolua en néerlandais vers tricht, trecht ou drecht. Cet élément se retrouve dans plusieurs noms de villes: Maastricht soit gué sur la Meuse, Utrecht et Dordrecht.
Le nom gaélique contemporain de Dublin est Baile Átha Cliath (« La ville du gué des haies de roseaux »).
La hauteur en mètre du gué d'un char d'assaut
Parmi les paramètres caractérisant un char d'assaut, il y a la profondeur du gué qu'un char est capable de franchir :
- Le Char T-64 a la capacité de guéer à 1,8 m sans préparation et à 5 m avec ses Schnorchels (une sorte du tuba).
- 1 mètre 90 pour le Char Panther
- 1,4 mètre pour le Char Stridsvagn 122
- 1,2 mètre pour le Panzer IV
Expression
« Sonder le gué » était une expression métaphorique, signifiant, que l'on cherche discrètement à savoir quels sont les sentiments ou objectifs de tiers impliqués dans une affaire que l'on traite.[3]
Notes et références
- ↑ J. Vendryes, Revue Celtique, no 34, 1913, p. 229
- ↑ Cependant, depuis lors les connaissances ont progressé et Venceslas Kruta in Les Celtes, histoire et dictionnaire, éditions Bouquins-Robert Laffont 2000, article Cornaux, p.559, mentionne la découverte d'un pont celtique en Suisse, mis au jour dès les années 60, où les fouilles se sont poursuivies depuis. Les parties les plus anciennes remonteraient à l'an 300 av. J.-C. environ. Cela expliquerait l'existence du mot briva en celtique, qui désigne bien une technologie autochtone.
- ↑ a et b Dictionnaire de L'Académie française, 1re édition (1694)
- ↑ François de Beaurepaire, les noms des communes et anciennes paroisses de la Seine-Maritime, éditions Picard 1979.
Voir aussi
Articles connexes
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