- Gros Bill
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Gros Bill (en deux mots) ou Grosbill (en un mot), est un qualificatif qui désigne dans l'univers des jeux de rôle un joueur qui cherche à rendre son personnage le plus puissant possible, au détriment d'autres aspects du jeu tel que le réalisme ou l'interaction entre les personnages.
Sommaire
Évolution du terme et termes dérivés
À l'origine, le terme de « GrosBill » a une connotation de tricherie (sur les dés de caractéristiques de son personnage, les dés jetés au cours de la partie, etc.), mais le terme a perdu cette signification originelle et peut également désormais désigner le personnage virtuel lui-même ou un désir d'optimisation maximale de ce personnage, notamment avec l'arrivée du MMORPG.
En effet l'un des buts principaux des jeux vidéo est d'acquérir de l'expérience et de découvrir des artefacts magiques et la tricherie est devenue impossible ou beaucoup plus difficile qu'avec un meneur de jeu traditionnel. Le « Gros Bill » désigne alors un joueur très expérimenté qui excelle dans la recherche de la puissance. Le terme est devenu synonyme de Power Gamer (le terme anglais exact pour « GrosBill » serait Munchkin) en perdant le sens de tricherie. Il véhicule toutefois encore la notion d'excès, de surpuissance, d'élément potentiellement « déséquilibrant » pour l'univers dans lequel il évolue.
Le terme a donné le substantif « grosbillisme », qui désigne le fait de « jouer la puissance » plutôt que de « jouer le rôle ». Le terme est péjoratif, car une attitude de « Gros Bill » dans un jeu de rôle traditionnel est proche de l'anti-jeu et gâche souvent le plaisir des autres joueurs. D'ailleurs, la revue Casus Belli avait donné cette définition du Gros Bill : « la cervelle du canari et la puissance de feu du porte-avions nucléaire ».[réf. souhaitée]
Apparition du terme
Dans les années 1980, à l'école normale de la rue d'Ulm, un joueur parisien de AD&D surnommé « Gros Bill » se faisait remarquer par sa manière très peu subtile de tricher dans le seul but d'acquérir un personnage surpuissant. Personne ne restait dupe longtemps, mais cela ne l'empêchait pas de continuer à annoter sa fiche de personnage pour améliorer ses statistiques. François Marcela-Froideval qui côtoya sa table de jeu, a présenté cette nouvelle manière de jouer dans un article ironique de la rubrique Devine qui vient dîner ce soir, paru en 1981 dans Casus Belli n° 4. En la ridiculisant, il faisait passer à la postérité cette nouvelle pratique de jeu qu'il avait par ailleurs faite sienne à l'occasion...
En 1985, Casus Belli publie une nouvelle fois un article, car le phénomène s'accentue.
« Depuis quelque temps, une maladie terrible, contre laquelle nous avions tenté de lutter il y a longtemps dans Casus Belli, a tendance à ressurgir : la grosbillite galopante[1]. »
Le terme de « Gros Bill », qui jusque-là permettait de se moquer gentiment des joueurs, devient dès lors plus péjoratif. En effet, cette pratique nuit à l'expérience de jeu de ceux pour qui l'histoire et l'ambiance sont importantes (c'est-à-dire le RolePlay), et si elle devait se généraliser, les parties de jeu de rôle perdraient de leur intérêt.
Lutter contre le Grosbillisme
Certains meneurs de jeu sont montrés du doigt, car créer des scénarios de type PMT (Porte, Monstres, Trésors) ou des donjons remplis de puissants objets magiques sert la cause des « Gros Bills ». D'autre part, c'est aux meneurs de jeu de prendre des mesures pour empêcher la tricherie et les abus, car le « Gros Bill » connaît en général très bien (voire par cœur) le livre de règles du maître de jeu, ce qui lui permet de combiner des compétences afin d'obtenir des capacités largement supérieures aux autres joueurs. Les « Gros Bills » ayant tendance à se focaliser sur les chiffres au détriment de l'histoire, le meneur de jeu n'a qu'à ne jamais en donner.
Par ailleurs, certains « Gros Bills » vont jusqu'à lire les scénarios du commerce, pour connaître l'emplacement et la nature de tous les objets magiques composant le scénario. Donjons et Dragons 3.5 est tout choisi pour ce style de grobillisme, mais un MD peut choisir de refuser un multiclassage fantaisiste ou décider de modifier ses scénarios et les objets qu'ils proposent.
Ces scénarios « basiques » sont d'ailleurs évoqués comme excuse, par celui qui est à l'origine de l'expression[2].
En ce qui concerne les MMORPGs, le grosbillisme est moins nuisible, puisque le « Gros Bill » est maintenant surtout quelqu'un qui joue beaucoup pour progresser, comme la plupart des autres joueurs. La société d'édition du MMORPG World of Warcraft, par exemple, a mis en place des serveurs uniquement « JDR », sur lesquels les joueurs sont invités à se concentrer sur l'histoire et moins sur la progression en niveaux du personnage. On peut par contre citer le problème du ninja looting.
Anecdote
- En 1985, le nom « Gros Bill » est utilisé pour un personnage du film Subway, de Luc Besson, un culturiste à l'esprit borné, interprété par Christian Gomba.
- GrosBill est devenu le nom d'un vendeur de fourniture informatique en ligne, racheté par Auchan et devenu une filiale du groupe en 2005.
Voir aussi
Notes et références
Catégories :- Lexique et notions du jeu vidéo
- Mécanisme de jeu de rôle
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