Gouvernement des égaux

Gouvernement des égaux

Collège épiscopal

Le collège épiscopal est l'ensemble des évêques de l'Église catholique, descendants des apôtres qui constituaient le collège apostolique, qui sont en union avec le pape à Rome.

Sommaire

Définition du collège épiscopal d'après Vatican II

La Constitution dogmatique « Lumen Gentium » précise, dans son chapitre III, la question de « la hiérarchie de l’Église et spécialement l’épiscopat ». C’est dans cette partie que se trouve l’enseignement de Vatican II sur la collégialité (le mot lui-même n’est pas dans la Constitution).

Le texte conciliaire commence son exposé par l'évocation de la scène évangélique de l’élection des douze Apôtres par Jésus. Parmi eux, Pierre eut une place à part, unique, comme chef des Apôtres et fondement de l’Église. « Aux Douze », Jésus a confié la mission d’achever l’œuvre de l’Évangile jusqu’à son retour.

Les Apôtres, pour suivre le commandement divin, se sont alors donnés des successeurs, les évêques. Ces derniers ont toujours à leur tête le Pape, évêque de Rome et successeur de Pierre. De par sa consécration épiscopale, chaque évêque appartient à un corps, à un collège, un groupe stable. Ainsi, le collège des évêques succède au collège des Apôtres : les Douze choisis par Jésus. Ce caractère collégial de l’épiscopat se manifeste notamment dans les conciles, tout spécialement dans les conciles œcuméniques (« de toute la terre habitée », selon l’étymologie grecque). Mais l’exercice de la collégialité ne peut se réaliser que dans la communion avec sa « Tête »: le Souverain Pontife, « fondement perpétuel et visible de l’unité » (LG 23).

Chaque évêque résidentiel est responsable d'une « Église locale ». De plus, comme membre du collège épiscopal et successeur des Apôtre, il « porte le souci de la mission universelle de l’Église ». Le débat conciliaire sur cette question de la collégialité fut ardent, opposant deux conceptions ecclésiologiques bien marquées et par le fait même deux regards différents sur le gouvernement dans l’Église.

Le débat sur la collégialité au XXe siècle

Ceux qui, s’appuyant sur les définitions du concile Vatican I, insistent sur la primauté pontificale, craignant que « l’esprit démocratique » ambiant ne remette an question le rôle et les prérogatives du Pape. Les autres, selon une conception plus orientale, envisagent d’abord l’Église locale constituée autour de l’Eucharistie et conduite par son évêque pasteur et craignent qu’un centralisme excessif ne la réduise à une simple circonscription administrative.

Il fallut, au fil des débats, clarifier l’idée de collégialité et donner ainsi les limites de son exercice qui ne pouvait porter atteinte à la primauté. Le 7 octobre 1963, le cardinal Siri invitait les Pères conciliaires à rechercher une théologie de la collégialité qui soit en accord avec la doctrine de la primauté. Cet équilibre fut difficile à trouver. Le 16 novembre 1964, avant le vote final de ce chapitre III, le pape Paul VI fit insérer une note (la nota explicativa praevia) qui précisait encore quelques points l'interprétation à avoir : « collège ne s’entend pas d’un groupe d’égaux car il n’y a pas d’égalité entre la Tête et les membres... On doit distinguer les charges que l’évêque reçoit par l’ordination épiscopale (enseigner, sanctifier et gouverner) et l’exercice de ces charges qui exige un acte de l’autorité hiérarchique;– le collège n’existe jamais sans sa Tête : le Souverain Pontife qui ordonne, promeut et approuve l’exercice collégial comme il l’entend ; le collège ne peut agir collégialement, en acte, qu’avec le consentement de la Tête ».

Voici ce qu’écrivait le Père V.-A. Berto, dans une lettre datée du 23 décembre 1966 : « tel qu’il est en lui-même, indépendamment de la nota explicativa praevia, le texte est acceptable et pourrait être voté, quoique à contre cœur, par les Pères les plus attachés à la Romanité. […] Il ne faut pas se lasser de répéter que contrairement à tant de mensonges répandus par la haine anti-romaine, l’objet [de la nota praevia] n’est pas d’ôter de la Constitution ce qui s’y trouve mais d’empêcher qu’on y mette ce qui ne s’y trouve pas.[1] ».

Le collège épiscopal aujourd'hui

Aujourd’hui la passion est retombée. Un certain équilibre, laborieusement trouvé par le concile, a été ensuite mis en œuvre d’une manière qui a pu rassurer : l’Église n’est pas devenue une démocratie et la curie, désormais plus internationale, joue toujours son rôle au service du Souverain Pontife. Si certaines compétences ont été attribuées aux conférences épiscopales, elles ne sont pas pour autant devenues l’interface obligatoire entre les évêques résidentiels et le pape. Aujourd’hui cette question n’est plus vraiment objet de débat.

Le « collège épiscopal » compte aujourd'hui plus de quatre mille évêques (y compris les évêques émérites). Ce qui les caractérise, toutefois, ce n'est pas d'être titulaires de tel ou tel siège, mais d'être membres de l'unique Collège épiscopal, continuateur à travers les siècles du Collège apostolique.

L'application quotidienne de la collégialité est réalisée au sein des conférences épiscopales.

En résumé, l'Église universelle est prioritaire sur toute Église particulière, de même que l'appartenance au Collège épiscopal est prioritaire sur tout autre lien avec un siège particulier. La mission de chaque évêque varie selon les époques et les lieux. Il en est ainsi également pour la mission que le successeur de Pierre confie aux évêques qui sont envoyés dans un pays déterminé en tant que représentants pontificaux.

Annexes

Notes et références

Bibliographie

  • Hermann J. Pottmeyer, Le Rôle de la papauté au troisième millénaire. Une relecture de Vatican I et de Vatican II. Cerf, coll. « Théologies », 2001, 188 pages.
  • Sous la direction de Giuseppe Alberigo, Histoire du concile Vatican II (1959-1965) T.4 , L'Église en tant que communion, La troisième session et la troisième intersession (Septembre 1964 - septembre 1965), Cerf, 2003, 832p. (ISBN 2204069396)


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