- Geoffrey de Coutances
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Geoffroy de Montbray
Geoffroy de Montbray ou Geoffroy de Coutances (parfois de Mowbray en anglais) († 2 février 1093, Coutances), évêque de Coutances de 1049 à 1093, est un baron anglo-normand, l'un des plus proches conseillers de Guillaume le Conquérant, qu'il accompagne dans sa conquête de l'Angleterre. Il est l'un des acteurs principaux des réformes ecclésiastiques qui essaient de redonner au clergé normand son lustre d'avant les raids vikings.
Sommaire
Biographie
Réorganisation du diocèse
Il est issu d'une famille de barons normands du Cotentin, seigneurs de Montbray (Manche). Il est probablement frère ou demi-frère de Roger de Montbray[1]. Il est élu évêque de Coutances en 1048 ou 1049 et est consacré à Rouen le 12 mars 1049[1]. Au concile de Reims en 1049, il est accusé avec d'autres de d'avoir acheté sa fonction d'évêque (simonie)[1]. Il confesse que son frère a acheté l'évêché pour lui, mais qu'il a refusé la consécration quand il l'a su, et qu'il s'est enfui pour se protéger[2]. Le concile accepte finalement son affirmation sous serment qu'il a été mis en place de force, et confirme sa nomination[2]. Il est consacré à Rouen le 12 mars 1049, probablement par l'archevêque Mauger[2].
Avant 1066, il est l'un des acteurs principaux des réformes ecclésiastiques en Normandie qui sont patronnées par le duc de Normandie Guillaume le Bâtard (plus tard le Conquérant).
Son diocèse est en triste état et pratiquement laissé à l'abandon depuis quelques dizaines d'années[2]. L'église de Coutances n'a que cinq chanoines et aucune bible[2]. Elle a aussi perdu la plupart de ses propriétés et n'a plus beaucoup de revenus[2]. Geoffroy s'attèle à recouvrer ces terres et à chercher de nouvelles sources de revenus, car sans fonds il ne peut pas réorganiser son diocèse[2].
En avril 1050 il se rend à Rome pour assister à un synode et rencontrer ses paroissiens exilés, les Hauteville[2],[3], qui règnent sur le sud de l'Italie. Il semble en ramener un trésor, puisque de retour dans son évêché, il aurait acheté la moitié de la ville au duc Guillaume et débuté la construction d'un palais[2]. Il achète aussi des terres un peu partout dans le Cotentin et y encourage le développement économique[2].
Faisant étalage de son talent pour les affaires séculières, il collecte des fonds pour la construction de la cathédrale Notre-Dame de Coutances[2]. Celle-ci est dédicacée le 8 décembre 1056 en présence du duc Guillaume le Bâtard (plus tard le Conquérant)[2]. La majeure partie de son travail de restauration de l'évêché de Coutances est fini avant 1066, car à la suite la conquête, il passe pratiquement tout son temps en Angleterre[2],[1]. Les revenus qu'il y acquiert servent aussi à l'embellissement de la cathédrale[2].
Son management des chanoines du chapitre cathédral et sa gestion des biens du diocèse lui valent le respect du clergé local et notamment du chanoine Jean, l'auteur du traité De statu [Constantiensis] ecclesiae[1]. L'ouvrage décrit comment il lève des fonds, augmente le nombre de prébendes pour les chanoines et nomme de nouveau dignitaire[1]. Il relate aussi qu'une école est créée pour former les ses élèves à devenir prêtre des paroisses du diocèse[1].
Il entrevoit aussi que le développement économique de son diocèse nécessite un développement urbain et une meilleure circulation des marchandises[1]. Après avoir fait construire un pont en pierre à Saint-Lô, les revenus générés par les droits de péage passent de 15 à 220 livres sterling[1].
Conquête normande de l'Angleterre
Intime et proche conseiller du duc de Normandie, il l'accompagne dans sa conquête de l'Angleterre en 1066. Guillaume de Poitiers relate qu'avec Odon de Conteville, l'évêque de Bayeux et demi-frère du Conquérant, il n'est présent à la bataille de Hastings que pour aider par ses prières, et qu'ils ne participent pas à la célèbre bataille[1]. Il a aussi un rôle important dans le protocole lors du couronnement de Guillaume le Conquérant à Westminster le 25 décembre 1066, et l'acclamation qu'il mène manque de créer une émeute[2].
En 1069, il va à la rescousse de la garnison du château de Montacute) (Somerset) assiégé par des rebelles anglo-saxons. Faisant partie des hommes de confiance du Conquérant, il est massivement récompensé pour sa participation à la conquête, et reçoit 280 manoirs au total, dont 76 dans le Somerset et 97 dans le Devonshire[2]. Ses terres génèrent 788 livres sterling de revenus annuels, ce qui fait de lui l'un des dix barons les plus riches du royaume[1].
Durant la révolte des comtes en 1075, il mène conjointement une armée avec Odon de Bayeux contre Ralph de Gaël, le comte de Norfolk. Ils assiègent et prennent le château de Norfolk[1]. Les rebelles capturés ont le pied droit coupé afin de pouvoir être reconnus ultérieurement. Geoffroy ne prend pas part aux combats et tient strictement un rôle d'encadrement[1].
Bien que toujours évêque de Coutances, il passe pratiquement tout le règne de Guillaume le Conquérant en Angleterre. Son activité principale est de régler les disputes de terres les plus importantes, comme celle de Penenden Heath en 1072, où Lanfranc, l'archevêque de Cantorbéry revendique des terres qui sont sous le contrôle d'Odon de Bayeux.
Il accompagne Guillaume le Conquérant en Normandie et dans le Maine en 1078 et 1080[1]. En Angleterre, il est l'un des commissaires du Domesday Book pour l'Est-Anglie[1].
Fin de vie
À la mort du Conquérant en 1087, Robert Courteheuse reçoit en héritage la Normandie, et Guillaume le Roux l'Angleterre. Cette situation pose un gros problème de loyauté aux barons normands. Quasiment tous ont des possessions des deux côtés de la manche et doivent donc obéir à deux seigneurs. Geoffroy de Montbray fait partie de ceux qui veulent un retour à un commandement unique. Il participe donc à la rébellion de 1088, qui a pour but de remplacer le roi Guillaume II le Roux par son frère aîné, le duc Robert Courteheuse. Accompagné de son neveu Robert, comte de Northumbrie, il met à sac Bristol, Bath, Berkeley et une grande partie du Wiltshire[4].
La rébellion échoue, mais le roi décide de pardonner massivement aux rebelles. Geoffroy de Montbray essaye de s'insinuer dans les bonnes grâces du roi durant le procès fait à Guillaume de Saint-Calais, accusé d'avoir déserté le roi au moment critique. Mais face à l'hostilité de Lanfranc, il préfère se retirer en Normandie, où il reste jusqu'à sa mort en 1093.
Son neveu Robert de Montbray hérite de ses fiefs anglais mais Guillaume le Roux les lui confisque suite à un complot contre sa personne en 1095.
Voir aussi
Notes et références
- ↑ a , b , c , d , e , f , g , h , i , j , k , l , m , n et o Marjorie Chibnall, « Geoffrey (d. 1093) », Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, 2004.
- ↑ a , b , c , d , e , f , g , h , i , j , k , l , m , n , o et p John Le Patourel, « Geoffrey of Montbray, Bishop of Countances, 1049-1093 », dans The English Historical Review, vol. 59, n°234 (mai 1944), p. 129-161.
- ↑ Ils sont originaires de Hauteville-la-Guichard.
- ↑ Frank Barlow William Rufus, Yale University Press, 1983. (ISBN 0300082916).
Sources
- Christopher Tyerman, « Geoffrey of Coutances », dans Who's Who in Early Medieval England, 1066-1272, Éd. Shepheard-Walwyn, 1996, p. 26-27. (ISBN 0856831328). utilisant pour source : D. C. Douglas, William the Conqueror, 1964.
- John le Patourel, « Geoffrey of Montbray, Bishop of Coutances 1049-1093 », dans The English Historical Review, vol. 59, n°234 (mai 1944), p. 129-161.
- Marjorie Chibnall, « Geoffrey (d. 1093) », Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, 2004.
Bibliographie
- Marjorie Chibnall, « La carrière de Geoffroi de Montbray », Les éveques normands du XIe siècle, éd. P. Bouet and F. Neveux (1995), p. 279-293.
- John le Patourel, « Geoffrey of Montbray, Bishop of Coutances 1049-1093 », dans The English Historical Review, vol. 59, n°234 (mai 1944), p. 129-161.
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