- Gens de couleur libres
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Dans les Antilles du temps de l'Empire colonial français, les Gens de couleur libres, ou simplement gens de couleur, était les Noirs et métis qui étaient libres et non esclaves.
Sommaire
Les « gens de couleur »
Les « gens de couleur », appelés aussi « sang-mêlés » ou « mulâtres » sont nés des Européens, Africains et Amérindiens. Ces catégories de la population étaient enregistrés et dénommés scrupuleusement dans les colonies françaises, et plus généralement dans les Antilles[1]
La notion de « gens de couleur », qui s'est répandue surtout au XVIIIe siècle, a suscité des débats aux premiers temps de la Révolution française. Pour l’abbé Grégoire, « Les dénominations gens de couleur, sang-mêlés, sont insignifiantes, puisqu’elles peuvent également s’appliquer aux Blancs libres, aux Nègres esclaves, etc.; mais dans nos isles, l’usage a restreint l’acception de ces mots à la classe intermédiaire, dont les individus Blancs et Noirs sont les souches »[2].
« Libres de couleur »
L'expression « libres de couleur » désigne une des classes juridiques instituées dans les colonies françaises avant l'abolition de l'esclavage. Elle apparaît dans les ordonnances locales et royales promulguées dans les années 1720 à Saint-Domingue pour marquer la distinction avec les « nègres affranchis ». Cet usage se démarque alors des articles du Code noir de 1685 qui ne faisait pas de différence entre l’ensemble des gens libres[3].
Cette discrimination se traduisit, à partir de 1724, par une politique de ségrégation sociale : bien que libres, les gens de couleur libres ne pouvaient pas accéder aux postes à responsabilité (fonctions judiciaires, exercice de la médecine, commandement militaire) ni obtenir des privilèges ou des offices royaux, en vertu du « préjugé de couleur ». Dans les actes notariés, quatre degrés de couleur furent introduits : nègre, mulâtre, quarteron et blanc. C'est à cette époque que les libres de couleur furent appelés péjorativement les « sang-mêlés ». Leur égalité juridique avec les Blancs ne sera reconnue qu'en 1792 à la Convention nationale après une série de débats opposant anti-esclavagistes et représentants des colons blancs.
Libres et affranchis
Les termes « affranchis/anciens libres » et « gens de couleur/mulâtres » ont des significations qui sont différentes, mais qui recouvrent la même idée générale. Affranchis, un terme qui a signifié ex-esclave, a été largement répandu par des blancs pour se rapporter à toutes les personnes libres de couleur en Saint-Domingue. Après que l'esclavage a été aboli dans la colonie, le terme « anciens libres » fut largement répandu pour se rapporter à ces gens qui étaient libres avant l'émancipation générale de 1793. « Gens de couleur » était un autre terme appliqué aux personnes libres de couleur, mais spécifiquement aux gens d'origine métissée, par opposition aux noirs libres. Ce terme n'a jamais été employé pour les personnes asservies. Le terme « mulâtres » fait référence de ceux d'origine française et africaine mélangée, et aux personnes libres habituellement visées parce que des mulâtres ont été fréquemment placés libres par leurs pères blancs, à cause des degrés variables de culpabilité ou de souci de la part des pères. Néanmoins, il y avait un certain nombre de mulâtres qui restait en esclavage.
Les autres affranchis, environ 12 000, étaient des esclaves noirs ayant acheté ou reçu de leur maître leur liberté.
Indépendamment de leur couleur, les affranchis ont pu posséder des plantations, et ils ont souvent possédé un grand nombre d'esclaves eux-mêmes. Les esclaves n'étaient généralement pas amicaux avec les affranchis, qui se sont parfois dépeints comme un rempart contre les soulèvements esclaves. Comme propriétaires eux-mêmes, les affranchis ont cherché à poser des lignes très distinctes entre leur propre classe et celle des esclaves. Souvent travaillant à leur propre compte comme artisans, commerçants ou propriétaires fonciers, les gens de couleur sont fréquemment devenus tout à fait prospères, et beaucoup se sont glorifiés de leur culture européenne. Ils parlaient souvent la langue française, à la différence du créole haïtien qu'ils dédaignaient, parlée par des esclaves. La plupart de gens de couleur étaient catholiques, et beaucoup ont dénoncé la religion vaudou provenant d'Haïti.
Néanmoins, sous l'Ancien Régime, les gens de couleur libres ont été rigoureusement limités dans leurs libertés ; ils ne possédaient pas les mêmes droits que les Français blancs. Tandis que la plupart des gens de couleur ont soutenu l'esclavage, au moins jusqu'à la période de la Révolution française. La reconnaissance de l'égalité des droits pour les gens de couleur libres fut l'un des premiers "problèmes" qu'eut à affronter la révolution haïtienne, puis la Révolution française elle-même.
Quelques exemples d'affranchis influents dans l'histoire : Toussaint Louverture (un ancien libre noir),le Chevalier de Saint-George.
Pendant la révolution haïtienne, beaucoup de gens de couleurs riches sont partis comme réfugiés en France, à Cuba, à Porto Rico, en Louisiane ou ailleurs. Des autres, cependant, sont restés pour jouer un rôle influent dans la politique haïtienne.
Notes et références
- Version en ligne. Carminella Biondi, « Le problème des gens de couleur aux colonies et en France dans la seconde moitié du XVIIIe siècle », Cromohs, 8, 2003, 1-12,
- Henri Grégoire, Mémoire en faveur des gens de couleur ou sang-mêlés de St.-Domingue, Paris, Belin, 1789, réédité dans Œuvres de l’Abbé Grégoire, Paris, Editions d’Histoire sociale, 1977
- version en ligne) Florence Gauthier, De la Révolution de Saint-Domingue à l’Indépendance d’Haïti. Comment sortir de l’esclavage ? 1789-1804, (
Bibliographie
- Auguste Lebeau De la condition des gens de couleur libres sous l'ancien régime, édition Guillaumin & cie 1903
- Gabriel Entiope, Nègres, Danse et Résistance, la Caraïbe du XVIIe au XIXe siècle éditions L'Harmattan 1996
- Revue française d'histoire d'outre-mer Affranchis et gens de couleur libres à la guyane à la fin du XVIIIe siècle pp 80-116 , Centre national du livre 2000
- Yvan Debbasch, Couleur et liberté. Le jeu du critère ethnique dans un ordre juridique esclavagiste, Paris, Dalloz, 1967
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