- Fusillade de Grâce-Berleur
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La fusillade de Grâce-Berleur est un incident qui se déroula lors de l'épilogue de la question royale en Belgique.
Le 30 juillet 1950, la gendarmerie belge fit feu sur la foule qui, dans ce village des hauteurs de Liège protestait contre le retour de Léopold III. Il y eut trois morts et une quatrième victime succomba à ses blessures. Les trois premiers morts étaient d'anciens résistants au nazisme. L'incident fit monter la tension et permit en même temps que se conclut la question royale par le retrait de Léopold III. À la suite de cette répression sanglante, plusieurs personnalités politiques wallonnes envisagèrent la création d'un gouvernement wallon séparatiste.
Sommaire
La manifestation fatale
Six cents personnes sont rassemblées sur la place des Martyrs de la Résistance à Grâce-Berleur. Vers cinq heures de l'après-midi, le député socialiste Simon Paque doit informer la population de l'évolution des événements. La foule compte aussi bien des hommes que des femmes et des enfants.
Le discours de Simon Paque et l'arrivée des gendarmes
Mais un coup de téléphone anonyme dénonce le rassemblement à la gendarmerie de Hollogne-aux-Pierres (tout rassemblement étant interdit par ordre du Commissaire d' arrondissement) : onze gendarmes s'embarquent dans un combi. Simon Pâque vient de terminer son discours lorsque les gendarmes arrivent. Le député prêche le calme : « Voici les gendarmes, mais j'ai néanmoins fini mon discours ; restez calmes et rentrez chez vous ».
L'incident
Les gendarmes se déploient l'arme au poing. À leur arrivée, un grand nombre de manifestants se retirent. Mais la situation va cependant s'aggraver. Le député Pâque parlemente avec le chef du détachement de gendarmes et est finalement enmmené vers leur véhicule. Arthur Samson, bourgmestre de Grâce-Berleur, s'oppose à cette arrestation. Mais voyant la foule à nouveau en colère, il tente de la calmer. Il est cependant arrêté à son tour. Les manifestants se font plus menaçants. Le chef du détachement dégoupille une grenade de dissuasion et la lance derrière lui. Certains prennent peur, d'autres s'insurgent. Un ouvrier mineur militant syndical, Albert Houbrechts, né à Liège le 26 février 1912, ancien résistant, interpelle le sous-officier. On ne sait pourquoi. Les deux hommes en viennent aux mains.
Les quatre morts
La mêlée est confuse. Dans la foule présente à la manifestation de Grâce-Berleur, il semble, selon certains témoignages qu'Albert Houbrechts ait pris à partie un gendarme en train de charger son arme pour empêcher le pire. Des témoignages contradictoires affirment que le résistant avait pris le gendarme à partie avant toute attitude hostile de celui-ci. Le sous-officier tire à deux reprises sur Houbrechts qui s'écroule, mortellement atteint.
Puis le gendarme dirige encore son arme vers les manifestants. La balle atteint dans le dos un ouvrier électricien, Joseph Thomas. Il mourra de ses blessures. Une autre balle frappe Henri Vervaeren, un camionneur militant syndical, et le tue également. Inexplicablement, l'un des gendarmes présents vise une autre personne qui ne faisait pas partie de la manifestation mais l'observait à une certaine distance par curiosité, appuyé sur son vélo, Pierre Cerepana, ancien résistant lui aussi, né le 21 juin 1906 à Nowo Dawidkan. Le coup de fusil le tue instantanément.
Le 15 avril 1962, Michel Houbrechts, le frère de Albert Houbrechts, s'identifiant clairement comme le frère du résistant tué en juillet 1950, apportera son soutien au Mouvement populaire wallon lors de manifestation en quelque sorte inaugurale du mouvement à Liège.
Des dizaines de milliers de personnes défilèrent derrière leurs cercueils lors des funérailles organisées au village, le cortège étant précédé du drapeau wallon et du drapeau rouge. L'administration de Grâce avait affiché leurs photos en spécifiant qu'ils étaient morts pour la liberté du peuple wallon.
Le fils en bas âge de la quatrième victime se vit octroyer par le Parti socialiste belge, une allocation mensuelle en vue de pourvoir à son éducation et sa formation jusqu'en 1962.
Le retrait du roi Léopold III
Cet incident joua un rôle capital dans le retrait du roi Léopold III car les politiques, même partisans de son maintien (en principe), voulurent à tout prix éviter l'épreuve de force et finirent par convaincre le quatrième roi des Belges d'abdiquer. Une abdication différée, car elle n'eut lieu qu'un an plus tard, mais le roi délégua tous ses pouvoirs à son fils Baudouin Ier.
Les suites judiciaires
Un licencié en histoire, Manu Dolhet, recueillant les croquis établis à la suite des autopsies pratiquées sur les quatre morts (archives de l'IHOES), a voulu montrer que la thèse des gendarmes prétendant qu'ils se trouvaient en état de légitime défense, ne tenait pas.
Les parents des victimes, s'étant constitués parties civiles, furent déboutés quelques années plus tard, au nom de la thèse de la légitime défense[1].
Un récit plus détaillé
Le récit détaillé des événements de l'historien[2] ne fournit pas les éléments du dossier de répression qui accréditent la thèse d'un manque de sang-froid de la part des gendarmes, manque de sang-froid qu'il s'explique par le fait que ces hommes étaient exténués par le maintien de l'ordre dans le contexte extrêmement violent de la Wallonie contre le roi.
Morts pour la liberté du peuple wallon
La commune de Grâce-Berleur fit afficher les photos des victimes[3] où il était proclamé qu'elles étaient mortes « pour la liberté du peuple wallon ». C'est de même le drapeau wallon qui précédait les dizaines de milliers de personnes qui conduisirent les quatre tués de Grâce-Berleur à leur dernière demeure. Un monument a été érigé à l'endroit fatidique qui dit simplement que ces quatre hommes (dont trois anciens résistants), sont morts pour sauvegarder les droits du peuple.
Notes et références
- Thierry Gossens, "Comment sont morts les morts de Grâce-Berleur", Toudi mensuel n°1, février 1997.
- vide: XX Le dénouement de la question royale, juillet, août 1950, UCL 2001
- ibidem, Thierry Goossens
- Actualités
- Encyclopédie du Mouvement wallon, Tome I pp , Tome II, pp. 814-615, Tome III, pp.
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