Françoise-Marguerite de Sévigné

Françoise-Marguerite de Sévigné

Françoise de Sévigné

Françoise Marguerite de Sévigné, peinture à l'huile attribuée à Pierre Mignard (vers 1669), musée Carnavalet, Paris[1].

Françoise Marguerite de Sévigné, née à Paris le 10 octobre 1646[2], baptisée le 28 octobre[3], morte le 13 août 1705 à Mazargues[4], comtesse de Grignan, est la principale destinataire des lettres de sa mère, madame de Sévigné.

Biographie

Françoise de Sévigné est la fille de Marie de Rabutin-Chantal et d'Henri de Sévigné, gentilhomme breton.

Elle fut célébrée pour sa beauté dans sa jeunesse : au ballet des Arts, en 1663, elle eut l'honneur de danser la première entrée avec le roi Louis XIV, aux côtés de Madame, de Mlle de La Vallière et de Mlle de Mortemart. Bussy-Rabutin disait d'elle qu'elle était la plus jolie fille de France, sans pour autant s'abuser : il écrit à une amie, en 1678, « Cette femme-là a de l'esprit, mais un esprit aigre, d'une gloire insupportable, et fera bien des sottises. Elle se fera autant d'ennemis que la mère s'est fait d'amis et d'adorateurs. »[5]. Elle fut chantée par La Fontaine, Saint-Pavin[6], Benserade et le chevalier Du Buisson. Tréville disait qu'elle brûlerait le monde[7]. La Feuillade entreprit de faire d'elle, en 1668, la maîtresse du roi. Selon Primi Visconti, l'ambassadeur Giustiniani se vantait « d'avoir possédé madame de Grignan lorsqu'elle était encore mademoiselle de Sévigné »[8].

François Adhémar de Monteil, lieutenant-général de Provence, l'épousa en troisième noces le 29 janvier 1669 ; elle apportait une dot énorme, dont 196 000 livres devaient servir à l'amortissement des dettes de son futur mari. Les dépenses fastueuses du ménage continuèrent cependant, jusqu'à la quasi-ruine[9]. Ils eurent au moins trois enfants : Marie-Blanche (15 novembre 1670-1735), entrée chez les Visitandines d'Aix-en-Provence en 1686[10] ; Pauline (?-1737), devenue Mme de Simiane[11] ; Louis-Provence (?-12 octobre 1704), mort sans postérité[12]. Lorsque son fils épousa, essentiellement pour sa dot de 400 000 livres, Anne-Marguerite de Saint-Amans, fille d'un fermier général de noblesse récente, Saint-Simon rapporte que Mme de Grignan « avec ses minauderies en radoucissant ses petits yeux, disoit qu'il falloit bien de temps en temps du fumier sur les meilleures terres »[5].

Quittant Paris et sa mère après son mariage, elle dut résider fréquemment dans son château de Grignan, ce qui fut à l'origine de l'une des correspondances les plus célèbres de la littérature française[13]. Malheureusement, seules les lettres de Mme de Sévigné ont été conservées, la famille ayant détruit les réponses.

Certains estiment qu'elle est la mystérieuse destinataire des Mémoires du cardinal de Retz[14].

Elle mourut le 13 août 1705, « partie de la petite vérole et d'une apoplexie de sang »[15]. L'épitaphe de Saint-Simon est particulièrement cruelle : « Mme de Grignan, beauté vieille et précieuse dont j'ai suffisamment parlé, mourut à Marseille bien peu après, et quoi qu'en ai dit Mme de Sévigny dans ses lettres, fut peu regrettée de son mari, de sa famille et des Provençaux ». La princesse des Ursins, quant à elle, écrivit à cette occasion à Mme de Maintenon : « Voilà donc la pauvre Mme de Grignan morte entre les mains d'un charlatan[16] ! Elle qui avoit beaucoup d'esprit, et qui se piquoit pas moins de savoir la médecine que la philosophie de Descartes, comment a-t-elle pu se mettre en de telles mains ? »[17].

Bibliographie

  • Antoine Adam, Histoire de la littérature française au XVIIe siècle, vol. 3, Albin Michel, coll. « Bibliothèque de l'Évolution de l'Humanité », Paris, 1958-62 (rééd. 1997) (ISBN 2-226-08923-3) 

Notes

  1. Notice sur la base Joconde du Ministère de la culture.
  2. Saint-Simon, Mémoires, Tome 13, notes et appendices par A. de Boislisle..., Paris, 1897, pp.50.
  3. Antoine Adam , Histoire de la littérature française au XVIIe siècle..., p.140.
  4. Saint-Simon, Mémoires, Tome 13, notes et appendices par A. de Boislisle..., Paris, 1897, pp.50 et 594.
  5. a  et b Saint-Simon, Mémoires, Tome 12, notes et appendices par A. de Boislisle..., Paris, 1896, p.289.
  6. Il lui dédia plusieurs pièces où elle apparaît sous le nom d'Iris.
  7. Saint-Simon, Mémoires, Tome 13, notes et appendices par A. de Boislisle..., Paris, 1897, p.50.
  8. Antoine Adam , Histoire de la littérature française au XVIIe siècle..., p.143.
  9. Antoine Adam , Histoire de la littérature française au XVIIe siècle..., p.144.
  10. Saint-Simon, Mémoires, Tome 13, notes et appendices par A. de Boislisle..., Paris, 1897, p.596.
  11. Saint-Simon, Mémoires, Tome 3, notes et appendices par A. de Boislisle..., Paris, 1881, p.394.
  12. « Je perdis un ami avec qui j'avois été élevé, et qui étoit un très galand homme et qui promettoit fort. » ; Saint-Simon, Mémoires, Tome 12, notes et appendices par A. de Boislisle..., Paris, 1896, p.287.
  13. « (...) cette Mme de Grignan si adorée dans les Lettres de Mme de Sévigné, sa mère, dont cette éternelle répétition est tout le défaut. » ; Saint-Simon, Mémoires, Tome 12, notes et appendices par A. de Boislisle..., Paris, 1896, pp.287.
  14. « C'est d'ailleurs [une] insistance soudaine de Mme de Sévigné, en juillet 1675, qui donne à penser, entre autres raisons, qu'elle est bien la seule destinataire des Mémoires : nous savons, en effet, par les lettres des 7, 12 et 14 juin qu'elle s'était très longuement entretenu avec Retz. Ne serait-ce pas dans ces circonstances qu'elle l'aurait incité à écrire ses souvenirs ? Enfin, elle lui avait adressé des aveux déchirants, le 19 juin, à Boissy-Saint-Léger, chez Caumartin. On serait tenté de mettre ces passages de la Correspondance en relation avec un passage similaire, biffé, des Mémoires (...). Or Retz biffe tout ce qui pourrait permettre de reconnaître sa confidente (...). ». Cardinal de Retz, Œuvres, Gallimard, coll. « La Pléiade », Paris, 1984 (ISBN 2-07-011028-1) , p.xxi, n.3. Antoine Adam, dans son Histoire de la littérature française au XVIIe siècle (Paris, 1958 et 1962) cite Mme de Sévigné, mais lui préfère Mme de Lafayette. Il signale cependant que Mme de Scudéry s'amusait de voir que [Retz] passait ses journées, à Paris, dans la société de Mme de Grignan et de Mme de Coulanges.
  15. Lettre de Testu de Mésonville, lieutenant de la citadelle de Marseille à Chamillart, datée du 14 août 1705, in Saint-Simon, Mémoires, Tome 13, notes et appendices par A. de Boislisle..., Paris, 1897, p.594.
  16. Le médecin Chambon, le même qui avait été au chevet de Mme de Sévigné mourante.
  17. Saint-Simon, Mémoires, Tome 13, notes et appendices par A. de Boislisle..., Paris, 1897, pp.50 et 595.
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