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François Leclerc du Tremblay
François Leclerc du Tremblay, dit le père Joseph, (1577-18 décembre 1638 à Rueil), éminence grise du cardinal de Richelieu.
Il était le fils aîné de Jean Leclerc du Tremblay, président de la Chambre de requêtes du Parlement de Paris et de Marie Motier de Lafayette, son épouse. Il reçut une éducation classique très soignée et en 1595, fit un long voyage en Italie dont il revint pour embrasser la carrière des armes. Il servit lors du siège d'Amiens en 1597 puis accompagna une ambassade extraordinaire à Londres.
En 1599, le baron de Mafflier - c'est ainsi qu'il était connu - renonça aux vanités du monde et entra chez les religieux capucins d'Orléans. Il se consacra aux choses de la religion avec une piété exemplaire et devint un prédicateur et réformateur de renom. En 1606, il assista Antoinette d'Orléans, une religieuse de Fontevraud lorsqu'elle fonda l'ordre des Filles du Calvaire, et il écrivit un ouvrage de dévotion à leur intention. Son zèle prosélyte le poussa à envoyer des missionnaires en pays huguenot afin de les arracher à leur hérésie.
Il entra en politique à la Conférence de Loudun (1619) : soutenu par la reine et par le légat du Saint-Père, il s'opposa aux thèses gallicanes qui avaient la faveur de la noblesse, et il réussit à les convaincre d'abandonner les tendances schismatiques du gallicanisme. En 1612 commencèrent les fructueuses relations personnelles qu'il devait continuer à entretenir de façon si fidèle, alimentant l'histoire et la légende du Cardinal et de son « éminence grise », allusion à la robe de bure des capucins, et au titre d'éminence réservé aux cardinaux (promotion dont la mort le priva de justesse). Ces relations n'ont d'ailleurs jamais été complètement éclaircies.
Grâce à son vaste réseau de moines capucins, il crée un service de renseignements avant l'heure au service de Richelieu. Les moines devenus agents de renseignements lui permettent en effet d'avoir en permanence des informations confidentielles en provenance des différentes zones de conflits.
De 1617 à 1625, il compose La Turciade, une épopée en quatre mille six cent trente-sept vers latins, qui sera imprimée en deux exemplaires. Urbain VIII, destinataire de l'un d'eux et lui-même poète, l'appela « L'Énéide chrétienne ».
En 1627, le moine assista au siège de la Rochelle. La France était alors, sinon entrée dans la guerre de Trente Ans, du moins dans une politique active de soutien aux ennemis (protestants) de l'empereur (catholique) Ferdinand II. Cette alliance qui semblait contradictoire avec la ligne politique suivie à l'intérieur du royaume de France avait évidemment un fondement politique (la lutte contre la Maison d'Autriche). Il rêvait en fait d'une Europe qui se serait unie dans une nouvelle Croisade contre les Turcs et considérait que les Habsbourg étaient l'obstacle qui empêchait cette paix pan-européenne qui rendrait cette union possible. Dès lors, ce nouveau Pierre l'Ermite intrigua à la diète de Ratisbonne en 1630 contre les entreprises de l'Empereur, fit en sorte de provoquer l'intervention de la Suède, se réconciliant avec les parties protestantes afin, pour ainsi dire, de mettre le mal au service du bien.
Il fut, dans l'ombre, le principal artisan du traité de Westphalie dont les historiens considèrent unanimement qu'il a orienté l'évolution politique du continent jusqu'à la Seconde Guerre mondiale.
Ainsi ce moine austère devint un fauteur de guerre ; tout en gardant la rigueur de sa vie personnelle, il se consacra à la diplomatie et à la politique.
Il subit une première attaque cérébrale au printemps 1638 et mourut en quelques jours d'une seconde attaque en décembre suivant. Le cardinal de Richelieu écrira : Je perds ma consolation et mon unique secours, mon confident et mon appui.
Par la suite, c'est Mazarin qui deviendra l'interlocuteur privilégié de Richelieu.
Bibliographie
- L'Éminence grise, de Aldous Huxley (1941), se base sur des travaux de Fagniez (1894) et Dedouvres (1932)
- L'Éminence grise, de Mgr Grente (Gallimard, 1941)
- TREMBLAY (Jean-Paul-Médéric). – François Leclerc du Tremblay, capucin, maître éminent de vie spirituelle et adjoint politique du cardinal Richelieu sous les feux d’un nouvel éclairage, par Jean-Paul-Médéric Tremblay. – S. l. n. d. [Édition X… 1988]. 21 × 32 cm, 325 p., ill. (Manuscrit consultable au Comité pour l'Histoire Économique et Financière de la France.)
L'image que donnent Jules Michelet ou Alfred de Vigny (dans Cinq-Mars) du père Joseph est extravagante.
Liens externes
- http://chrisagde.free.fr/bourb/l13hommes.php3?page=3
- http://www.diplomatie.gouv.fr/archives/dossiers/westphalie/visite/zoom/zoom20.html
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