- Franco Basaglia
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Franco Basaglia (né à Venise le 11 mars 1924 et mort le 29 août 1980 à Venise) est un psychiatre italien critique de l'institution asilaire. Durant les années 1960, il est l'organisateur à Trieste et à Gorizia des communautés thérapeutiques qui défendent le droit des individus psychiatrisés. Son combat est à l'origine de la Loi 180 visant la suppression des hôpitaux psychiatriques, en Italie.
Sommaire
Biographie
Franco Basaglia, devenu médecin en 1949 puis psychiatre en 1959, travaille jusqu’en 1961 à la clinique des maladies nerveuses et mentales de Padoue. C'est une période d’intense activité intellectuelle, durant laquelle il se passionne pour la philosophie, particulièrement la phénoménologie et l’existentialisme, qui marqueront durablement son abord de la folie et de la psychiatrie. En 1961, délaissant l’université et un probable avenir doré, il accepte la direction de l’hôpital psychiatrique de Gorizia, entamant ainsi un parcours qui le mènera à l’hôpital de Trieste en 1971, après un bref passage à Parme.
En 1973, c’est la naissance de la psychiatrie démocratique, mouvement qui s’étend à toute l’Italie et devient un mouvement social interpellant les forces politiques et syndicales. En mars 1973, un immense cheval bleu en carton pâte, Marco Cavallo, sort dans les rues de Trieste. Cette représentation du cheval de corvée (Marco) qui avait travaillé jusqu’à sa mort dans l’hôpital, avait été fabriquée en coopération par des patients et des artistes engagés dans le mouvement d’intégration des patients. Donc ce fameux dimanche de mars, le cheval, des dizaines de patients et tous les sympathisants sortent se balader dans les rues de Trieste. C’est l’ouverture des premiers centres de santé mentale et l’hôpital psychiatrique de Trieste ferme ses portes. En 1978, le parlement italien vote la loi 180 qui encadre la fermeture de tous les hôpitaux psychiatriques du pays. En 1979, Franco Rotelli succède à Basaglia à la direction des services psychiatriques de Trieste. En 1980, Franco Basaglia meurt des suites d'un cancer du cerveau.
Méthode
Négation à l'égard de l'institution psychiatrique traditionnelle, par la création d'un système d'assemblées, l'instauration de libertés, l'ouverture de tous les services et la participation des médecins à la discussion de tous.
Au départ, la réalité des asiles d'aliénés est oppressive. Il faut établir une lutte contre la déshumanisation des malades et arriver à une "dé-psychiatrisation" afin de pouvoir agir sur un terrain vierge : il faut à tout prix éviter l'étiquette psychiatrique et tout ce qu'elle comporte d'implicite et de réducteur. L'important sera alors de prendre conscience de ce que représente l'individu pour lui-même, de connaître sa réalité sociale et les rapports qu'il entretient avec elle.
À Gorizia, on parle de communauté thérapeutique ayant comme moteur les assemblées et les réunions. C'est l'occasion pour les membres de la communauté de se confronter. Cette confrontation entre différents rôles culturels et sociaux introduit un motif de comparaison et de contestation, et crée une dynamique. La communauté donne au malade un statut social nouveau, alors que la société en règle générale, tente de le lui dénier. À Gorizia est mis en avant le fait que le malade est un être sans droits, et c'est de cela que l'on parle. La maladie est mise entre parenthèses afin de favoriser les relations.
Basaglia et ses collaborateurs sont en négation avec les institutions car toutes ont pour fondement:
- Dirigeant/Dirigé
- Maître/Élève
- Ceux qui détiennent le pouvoir/Ceux qui ne l'ont pas
- Une relation d'oppression et de violences entre pouvoir et non-pouvoir
- Notion d'exclusion. C'est la base de toutes les relations qui s'instaurent dans nos sociétés
- Dévalorisation du malade et de la maladie, associés à l'impureté et la honte, alors que l'homme "sain" est valorisé, se veut respectable.
La crise de la psychiatrie et la crise institutionnelle sont si étroitement liées que l'on ne saurait dire laquelle des deux est conséquence de l'autre. En hôpital psychiatrique, le malade est celui qui a enfreint la norme. C'est un déviant, qui a commis une infraction et doit être puni. Plus de droits, plus de libertés, et menaces d'injections ou d'électrochocs si la personne ne se tient pas tranquille. Dans une institution totalitaire comme l'est l'hôpital psychiatrique, la fonction de gardiennage tenue par le personnel délivre un seul message aux patients : les gens sains ont besoin de se défendre d'eux.
Le soin ne peut être séparé du milieu social dans lequel un individu vit et tombe malade. Basaglia veut rendre la folie à la société, et la vie sociale à la folie. Il souhaite une prise en charge populaire : la souffrance de l'un est le problème de tous. La réforme psychiatrique passe par une réforme du milieu social et un changement de politique générale.
Influence en France
Avant la loi 180 les institutions psychiatriques italiennes sont dirigées pour la plupart par des congrégations catholiques dans des établissements asilaires. Ce type d'établissement n'est pas spécifique à l'Italie, les hôpitaux psychiatriques en France fonctionnaient de la même manière bien que gérés par l'État. Tony Lainé en France s'est inspiré de son expérience. La sectorisation menée en France dans les années 1970 découle partiellement de l'expérience de Trieste.
Bibliographie
- L'Institution en négation. Rapport sur l'hôpital de Gorizia (dir.) (trad. fr. R. Bonalumi, Seuil, 1970)
- La Majorité déviante (avec Franca Basaglia-Ongaro) (La Maggioranza deviante, 1971) (trad. fr. M. Makarius, 10/18, 1976)
Liens externes
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