- Francis Masse
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Francis Masse, né le 21 août 1948, à Gap (Hautes-Alpes), est un auteur de bande dessinée et peintre français. Très actif au milieu des années 1970 dans la presse underground française, il devient un collaborateur régulier de Métal Hurlant (1975-1987) et de (A SUIVRE) (1984-1987) avant d'abandonner la bande dessinée et de se consacrer à la peinture.
Absurdité et humour noir sont indissociables de l'œuvre « originale et personnelle[1] » de Masse. Son style graphique est très particulier et immédiatement reconnaissable : usage des hachures sur à-plats, personnages uniformes à manteaux longs et yeux blancs, lettrage manuel dans des bulles surchargées. Il est très estimé par de nombreux critiques et auteurs de bande dessinée. Pascal Ory l'a qualifié de « maître absolu de la bande dessinée et du dessin d'animation[2] » et Thierry Groensteen a écrit qu'il n'y avait pas d'œuvre « aussi étonnamment originale et cohérente[3] » dans la bande dessinée française des années 1974-1984.
Sommaire
Biographie
Après le lycée, Francis Masse étudie à l'école des beaux-arts de Grenoble[4]. À sa sortie, il réalise entre 1970 et 1972 trois dessins animés, Évasion expresse, Le Cagoince migrateur et Le Jugement dernier. Il se tourne ensuite vers la bande dessinée, commençant à publier à partir de 1973 dans des fanzines (Zéno, Gonocoque, etc.) puis rapidement dans les plus grands noms de la presse underground : Actuel, Hara-Kiri et les revues de bande dessinée Charlie Mensuel, L'Écho des savanes, Métal Hurlant ou encore Fluide Glacial.
En 1976, certaines de ses histoires courtes sont réunis dans le recueil Masse, aux éditions du Fromage, puis dans les Mémoires d'outre-terre l'année suivante chez AUDIE. À partir de 1979, Masse publie principalement dans Métal Hurlant[5] et ce sont Les Humanoïdes Associés qui éditent ses albums : les deux volumes de la compilation Encyclopédie de Masse en 1982 et ceux d’On m'appelle l'avalanche en 1983. Cette dernière histoire, son premier long récit, représente un travail de longue haleine où l'univers tout à la fois érudit et loufoque de Francis Masse s'affirme et se dessine.
Tout en continuant à publier des histoires courtes dans Métal Hurlant jusqu'en 1987, Masse entame en 1984 une collaboration régulière avec le mensuel (À SUIVRE), où il avait déjà publié un premier récit en 1984. Les albums Les Deux du balcon et La Mare aux pirates en sont les fruits. On y retrouve des personnages penseurs emportés dans des discussions savantes mais où non-sens, absurde et humour noir sont toujours au rendez-vous. Puis en 1987, Masse cesse subitement de publier, sinon une dernière histoire pour (A SUIVRE) en 1990.
Considéré comme un auteur majeur par Jean-Christophe Menu, Masse est sorti de l'oubli en 2007 par la réédition d’On m'appelle l'avalanche à L'Association, la parution d'un recueil d'histoires des années 1980 inédites en album (L'Art Attentat au Seuil, avec des couleurs de Pakito Bolino) et le catalogue Tsunami au musée, publié par Le Dernier Cri à l'occasion de l'exposition du Musée Sainte-Croix des Sables-d'Olonne Les Trames sombres de Masse. De février à avril 2009, il figure avec Stéphane Blanquet, Gilbert Shelton, Joost Swarte et Chris Ware dans l'exposition Quintet du Musée d'art contemporain de Lyon.
Masse auteur de bande dessinée
Masse est associé à l'absurde et au non-sens, omniprésents dans ses récits, des plus longs aux simples « gags » en une planche[6]. Cette absurdité s'appuie sur une narration basée sur la « réversibilité » : transformations des personnages, renversement des clichés, basculement aisé vers l'onirique[7], anthropisation poussée des objets[8] et réification parallèle des humains (d'où qu'il est souvent rapproché de Franz Kafka[9]). L'absurdité découle également d'une surabondance d'informations (visuelles comme textuelles) « qui ne font rien d'autre que nourrir la logique des récits sans nous permettre d'en deviner par avance l'aboutissement », comme chez Boris Vian, l'amertume en moins[10]. Pour Bruno Lecigne, « la logique tapie derrière ces récits absurdes ou non-sensiques est celle de la pulsion et du désir, le conflit de l'instinct et de l'intellect[7] ».
Francis Masse est également connu pour son univers graphique très personnel, ses cases denses, ses bulles étouffantes. Son style a cependant évolué. De ses débuts à 1974, Masse a développé « une esthétique extrêmement fouillée du hachurage », l'utilisant pour figurer les volumes et la lumière au détriment des traits de contour et des aplats, puis densifiant encore son style au moyen du grattage[11]. À partir de 1975, tout en continuant à mettre la hachure au centre de son trait, Masse commença à aérer ses cases et « le trait de contour [prit] plus de fermeté[11] ». En 1982, avec On m'appelle l'avalanche, il en revint à une plus grande densité de hachures et accorda une attention plus grande accordée aux décors, avec l'utilisation massive de collages et de trames[12].
Ces caractéristiques en font un auteur difficile. Cela explique que, malgré sa présence dans de nombreuses revues et la publication régulière d'albums durant sa période d'activité, il n'a jamais connu le succès public[13]. Il a cependant reçu un fort soutien de la part de certains critiques : Thierry Groensteen évoque ainsi en 1984 la « massôlatrie » règnant au sein de l'équipe des Cahiers de la bande dessinée[3].
Publications
Revues
- Publications dans Charlie Mensuel, 1974-1976.
- Publications dans L'Écho des savanes, 1974-1977.
- Publications dans Métal Hurlant, 1975-1987.
- Publications dans Fluide glacial, 1975-1978.
- Publication dans BD (1978) et Circus (1982).
- Publications dans (A SUIVRE), 1982-1990.
Albums
- F. Masse, Éditions du Fromage, coll. « L'Écho des Savanes présente », 1976.
- Mémoires d'outre-terre, AUDIE, coll. « Fluide Glacial », 1977.
- Encyclopédie de Masse, Les Humanoïdes Associés :
- Tome 1 : A-H, 1982.
- Tome 2 : I-Z, 1982.
- On m'appelle l'avalanche, Les Humanoïdes Associés :
- On m'appelle l'avalanche : Tome 1, 1983.
- On m'appelle l'avalanche : Tome 2, 1983.
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- Réédition en un seul volume, L'Association, 2007
- Masse, Futuropolis, coll. « 30 x 40 », 1985.
- Les dessous de la ville, Hoëbeke, 1985.
- Les deux du balcon, Casterman, coll. « Studio (A Suivre) », 1985.
- La mare aux pirates, Casterman, coll. « Studio (A Suivre) », 1987.
- Tsunami au musée, Le Dernier Cri, 2007
- Cahier de l'Abbaye Sainte-Croix, les trames sombres de Masse, Le Dernier Cri, 2007
- L'Art attentat, Le Seuil, 2007
Documentation
- Patrick Gaumer, « Francis Masse », dans Larousse de la BD, Larousse, 2004, p. 530
- Daniel Hugues, « Ce qu'on appelle l'avalanche », dans Les Cahiers de la bande dessinée n°56, février-mars 1984, p. 93-96
- Bruno Lecigne, « Matière et symbole », dans Les Cahiers de la bande dessinée n°56, février-mars 1984, p. 90-92
- Daniel Pinson, « Polysémie et perversion du sens : le lecteur aveuglé », dans Les Cahiers de la bande dessinée n°56, février-mars 1984, p. 86-89
Notes et références
- Gaumer (2004)
- Vertige graphique : Piranèse BD, dans L'Express, 1er mai 2007. Pascal Ory,
- Les Cahiers de la bande dessinée n°57, avril-mai 1984, p. 85. Thierry Groensteen, texte de présentation du dossier Masse,
- BD oubliées. Les informations de cette biographie, sauf précision, sont tirées de Gaumer (2004) et du site
- Tout en continuant à participer épisodiquement à d'autres revues : B.D. en 1978, Rigolo et Zoulou en 1984, etc.
- Pinson (1984), p. 86
- Lecigne (1984), p. 91.
- Les objets apparaissent souvent comme les personnages principaux des histoires de Masse. Hugues (1984), p. 92.
- Hugues (1984), p. 93 et 96.
- Hugues (1984), p. 93.
- Lecigne (1984), p. 90.
- Lecigne (1984), p. 92.
- Hugues (1984), p.95
Catégories :- Auteur français de bande dessinée
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