- Fonderie deberny et peignot
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Fonderie Deberny et Peignot
La Fonderie Deberny et Peignot est issue de la fusion-acquisition en 1923 entre l'opulente Fonderie G. Peignot & Fils et la défaillante Fonderie Deberny. C'est l'un des fleurons passés de la typographie française.
Sommaire
Éléments historiques
L'histoire de cette entreprise familiale commence par le rachat d'une fonderie de blancs (en 1850, on achetait des blancs pour séparer les mots imprimés) par Clémentine Dupont de Vieux Pont (1815-1897), mariée à Laurent Peignot (1811-1852). Elle parvient à faire prospérer l'affaire et à y imposer son fils, Gustave Peignot (1839-1899). Quelques décennies plus tard, la lignée Peignot voit apparaître un chef d’entreprise visionnaire et talentueux, Georges Peignot (1872-1915), qui lance la Fonderie sur la voie du risque, du succès et de l’opulence. Il lance le Cochin et le Grasset, qui font la renommée de l'entreprise et du nom Peignot.
Mort au combat, Georges Peignot laisse l'entreprise entre les mains de son fils, Charles Peignot (1897-1984), davantage passionné par l’édition (en témoigne une revue prestigieuse et réputée, Arts et métiers graphiques) que par les fumées d'une usine typographique. Au moment où les choses vont déjà mal, Charles Peignot se lance à corps perdu dans le lancement d'une photocomposeuse, prometteuse mais sans avenir. L'entreprise ne s'en relève pas. Elle dépose le bilan en 1974.
Gloire typographique
Il reste de cette épopée des créations prestigieuses :
- le Grasset (dessin: Eugène Grasset, 1898-1901);
- la Française-légère, la Française-allongée, l'Auriol-labeur, l'Auriol-champlevé, et le Robur (dessin: George Auriol, 1902-1907);
- le Bellery-Desfontaines-large et le Bellery-Desfontaines-étroit (dessin: Henri Bellery-Desfontaines, 1910-1912);
- le Polyphème (gras) et le Cyclopéen (maigre) (dessin anonyme, 1910);
- le Cochin romain et italique, le Nicolas-Cochin romain et italique, le Moreau-le-Jeune, le Fournier-le-Jeune, les vignettes et ornements Fournier (dessin: P. Roy et A. Marty)
- le Garamond romain et italique (regravés par Henri Parmentier, à partir des empreintes sur papier chiffon du caractère Garamond original, sous le minutieux contrôle de Georges Peignot (1912-1914); lancés en 1926)
- le Naudin romain, italique et champlevé (dessin: Bernard Naudin, 1909-1914; lancés en 1924)
- le Guy-Arnoux capitales (dessin: Guy Arnoux, 1914)
- le Peignot et le Bifur (dessin : Cassandre, 1926-1928)
- l'Univers (dessin: Adrian Frutiger, 1957).
Parmi les titres de gloire, retenons-en deux :
- la collection La Pléiade des éditions Gallimard est imprimée en Garamond de Peignot ;
- le texte de Paul Valéry au fronton de l'Ancien Palais du Trocadéro est composé en Peignot.
Parmi les faits d'armes plus douteux, peut-être sous la contrainte, le studio Deberny & Peignot réalise en 1942 le cliché de la version française de l'étoile juive déclinée selon les pays (cf. Michel Wlassikoff, Histoire du graphisme en France, Les arts décoratifs, 2005).
Une rue à Paris, dans le prolongement de la rue Gutenberg, porte le nom de « rue des Quatre-Frères-Peignot » pour faire mémoire aux trois frères de Georges Peignot qui, comme lui, perdirent la vie au cours de la Première guerre mondiale.
Bibliographie
- Jean-Luc Froissart, L’or, l’âme et les cendres du plomb. L'épopée des Peignot, 1815-1983, librairie Tekhnê, Paris, 2004, 400 p. (ISBN 2952283605)
- Alan Marshall, Du plomb à la lumière. La Lumitype-Photon et la naissance des industries graphiques modernes, Éditeur MSH, Paris, 2003, 432 p.
- Centre d'études et de recherches typtographiques (CÉRT, ouvrage collectif), De plomb, d’encre et de lumière, Essai sur la typographie & la communication écrite, Imprimerie nationale, Paris, 1982, 343 p.
Sites Web
- Site consacré à l'histoire de l'entreprise et à l'aventure Arts et métiers graphiques (en)
- Un article de Jean-Luc Froissart pour Typographie.org
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