- Films de zombis
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Film de zombies
Les films de zombies sont une catégorie de films d'horreur qui se caractérisent par la présence de zombies, cadavres humains ressuscités par l'intermédiaire d'une pratique magique, religieuse, scientifique ou d'origine inconnue. On assimile également à ce genre des films qui présentent des ennemis privés de leur entendement et se comportant de fait comme des animaux (exemple : 28 Jours plus tard) ou des marionnettes (exemple : L'Invasion des profanateurs de sépultures). Parfois réduits en esclavage (Vaudou de Jacques Tourneur), le plus souvent errant au hasard à la recherche de proies (Zombie de George A. Romero), ces zombis forment des ennemis plus dangereux par leur nombre et leur immortalité que par leur intelligence ou leurs pouvoirs. Ils constituent aujourd'hui un genre cinématographique exploité par de nombreux réalisateurs.
Sommaire
Historique
Historiquement, le premier film du genre fut White Zombie (film) (Victor Halperin, 1932), film dans lequel les zombies sont des êtres sous l'emprise d'un seigneur maléfique, correspondant à leur définition dans la mythologie vaudou. Il faudra attendre Vaudou réalisé par Jacques Tourneur en 1943 pour que les zombies aient une mobilité propre, bien qu'ils restent des êtres mûs uniquement par leurs instincts primaires.
Le film marquant un renouveau du genre est sans aucun doute La Nuit des morts-vivants (Night of the Living Dead, George A. Romero, 1968); pourtant très mal accueilli par la critique à sa sortie : en effet, le film est violent, pessimiste, il comporte même des scènes de cannibalisme. Il choque une Amérique puritaine qui sort à peine de trente ans de censure cinématographique imposée par le code Hays.
Le film intitulé La Nuit des morts-vivants est suivi de Zombie ( Dawn of the Dead en version originale, 1978), du Jour des morts-vivants (Day of the Dead, 1985) puis enfin de Territoire des morts (Land of the Dead, 2005), films avec lesquels le cinéaste George A. Romero fixe les règles du genre que la plupart de ses successeurs respectent, la critique sociale acerbe en moins.
D'autres réalisateurs vont emboîter le pas à George Romero, comme Lucio Fulci (l'Enfer des zombies, Zombi 2, 1979) et Dan O'Bannon (le Retour des morts-vivants, The Return of the Living Dead, 1985), ainsi que d'autres plus ou moins populaires.
Une des citations récurrentes des films de zombies est : « Quand il n'y a plus de place en enfer, les morts viennent sur la Terre » (« When there is no more room in Hell, the dead walk the Earth »). Cette citation est probablement inspirée de l'Épopée de Gilgamesh (septième tablette) :
J'irai dans le monde inférieur et je briserai ses portes !
Je placerai ceux d'en haut en bas !
Les portes resteront ouvertes et les morts sortiront,
Ils mangeront toute nourriture,
Puis les morts dépasseront les vivants en nombre !C'est également et surtout une réplique du personnage principal du Zombie de George A. Romero.
Les zombies font aujourd'hui partie des monstres "classiques" de l'imaginaire ; leur côté rétro en a fait des icônes de la culture populaire.
On peut noter qu'avec 28 Jours plus tard (28 Days Later, Danny Boyle, 2002) et l'Armée des morts (Dawn of the Dead, Zack Snyder, 2004) les films de zombis ont subi une modernisation tendant vers l'accélération des scènes d'action, puisque dans ces deux films les zombies possèdent de nouvelles qualités: une rapidité, une intelligence plus développée et un esprit marqué par la vie humaine (surtout présent dans Resident Evil)
Nous pouvons aussi ajouter qu'avec le film Shaun of the Dead , les zombies commencent doucement leur entrée dans le comique, avec des situations les ridiculisant, ou ridiculisant un groupe de survivants au comportement exagéré. Cette orientation avait déjà été choisie par le réalisation Néo-zélandais Peter Jackson avec son film Braindead, un film gore à l'humour décapant qui le révèle au grand public. Il s'agit d'un film de zombis aux activités sanglantes et outrancières, peuplé de morts-vivants stupides et animé de scènes de tueries qui vont devenir cultes pour les amateurs du genre. Ce film remporte le Grand Prix du Festival d'Avoriaz.
Règles propres au genre
Les films de zombies se sont donc rapidement imposé des règles ; on pourrait croire que ces règles confèrent une certaine rigidité au genre, et ce ne serait pas faux, par exemple du point de vue du scénario, qui reste toujours peu ou prou le même. Mais ce sont ces mêmes règles qui, paradoxalement, lui fournissent également toute sa liberté : le film de zombies n'étant réellement rattaché à aucun des grands genres (thriller, aventure, horreur, comédie…), cela lui donne le droit de pervertir toutes les règles qui leur sont associées. Pas de happy ending, pas de scission claire bien/mal, pas de personnage héroïque, pas de romance obligée… D'ailleurs, la coïncidence est étonnante : le code Hays, sorte de code de conduite garant de la morale dans les films produits par Hollywood à partir de l'entre deux guerres fut abandonné en 1967. Et la Nuit des morts-vivants, la pierre fondatrice du film de zombis, fut réalisée en...1967, juste avant que la Motion Picture Association of America ne mette en place son nouveau code, plus permissif. L'Amérique sortait de trente longues années de cinéma pendant lesquelles la morale avait toujours triomphé à la fin des films, aucun héros n'avait jamais été « de couleur » et pendant lesquels la meilleure façon de filmer une scène de sexe était de filmer un train entrant dans un tunnel. Quand on connaît la nature exacte des règles imposées par le code Hays sur le cinéma Hollywoodien, on peut s'imaginer la réaction du public américain à la sortie de la Nuit des morts-vivants, film contenant des scènes de cannibalisme ou de parricide.
Les règles du film de zombies
Encore une fois, les règles du film de zombies ne sont pas seulement faites comme des contraintes, mais plutôt des repères pour le spectateur. Parce qu'en dehors de ces quelques règles, le réalisateur peut s'autoriser tout et n'importe quoi.
- Un zombie est un être humain mort puis revenu à la vie. Il est poussé par son instinct primaire : la faim. Il n'est plus capable d'aucune pensée intelligente, sa stratégie se résume a se diriger vers sa proie (l'impossibilité d'arréter leur avance est d'ailleur un des ressorts psychologiques du film: c'est leur nombre et leur endurance qui rend dangeureux et impressionnant leur comportement simpliste). il n'a plus rien d'humain si ce n'est l'apparence (et encore...). (Il faut noter des exceptions dont L'avion de l'apocalypse et 28 Jours plus tard. Dans ce dernier, les zombies ne sont pas des morts mais des vivants contaminés par une sorte de "rage". Un virus libéré par des écologistes qui voulaient sauver des singes servant de cobaye à ce "mal". On peut alors discuter de la convenance du terme zombie aux victimes du virus.)
- Le « zombisme » est contagieux : en général, une morsure suffit pour le transmettre, soit immédiatement, soit dans les heures qui suivent. Il n'y a pas de guérison possible et n'importe qui peut être contaminé, c'est pourquoi on craint très rapidement une propagation mondiale et totale, une sorte de Jugement Dernier.
- L'événement de départ qui déclenche l'épidémie est anecdotique, la plupart du temps il n'est même pas vraiment expliqué.
- Les zombies se déplacent très lentement à l'exception notable de L'Armée des morts (2004) et 28 Jours plus tard qui ont véritablement redonné un souffle au genre en faisant courir les zombies (bien que ce ne soit pas la première fois dans un film). Dans le Retour des morts-vivants les zombies courent aussi, mais c’est plus un effet parodique qu’une pure intention scénaristique.
- Les zombies sont indestructibles, leur seul point vital est le cerveau.
- Les films de zombies, et de manière générale les films d'horreur, sont des films hauts en couleurs. On y trouve de tout : de l'horreur, du suspense, de l'humour, du romantisme et du tragique. C'est certainement ce patchwork de différents genres qui rend les films de zombies aussi peu crédibles au premier abord envers le public.
Les scènes récurrentes
Il existe des scènes typiques que l'on peut retrouver dans plusieurs films de zombies :
- Un des personnages se suicide après avoir été mordu, pour ne pas devenir « l'un d'entre eux » ;
- Les personnages tombent à court de munitions ;
- Les survivants se baricadent dans une zone, les zombies convergent vers elle jusqu'à former une foule compacte qui l'assiège.
- L'un des personnages est mordu par un zombie mais ne se résout pas à l'avouer à ses compagnons. Peu après, il se transforme et les attaque par surprise ;
- L'un des protagonistes se fait mordre, mais personne ne se résout à l'abattre, tous espérant plus ou moins trouver un remède au mal. Bien sûr, celui ci n'existe pas, et l'ancien coéquipier devient un zombie ;
- Souvent, l'ancien coéquipier devenu zombie mord l'humain le plus "vachard", à savoir celui qui a trahi ses coéquipiers, ou qui collabore le moins possible ;
- La scène d' éviscération est LE classique de films de zombies. Un des personnages se faisant étriper et manger ses intestins par une horde de marcheurs, tout cela sous le regard de ses compagnons impuissants. L'une des scènes les plus réputées restant celle de l'éviscération du militaire fou de Day of the dead.
Distribution de l'espace
C'est quelque chose qui est frappant : on peut diviser l'espace occupé par les personnages d'un film de zombis en trois zones concentriques. Énumérons les ici, de l'extérieur vers l'intérieur :
- La zone H, pour « Hope » (espoir) : c'est le but à atteindre pour les personnages, la zone de sécurité. Une fois que les protagonistes l'auront atteinte, tout ira bien. Elle représente en général le monde civilisé, encore non contaminé par le fléau. Exemple : l'extérieur de Racoon City dans Resident Evil.
- La zone C, pour « Crowded » (encombrée) : le problème, c'est que pour accéder à la zone H, la zone sympa, il faut passer par la zone C, la zone dangereuse qui grouille de zombies. Exemple : la rue, l'extérieur, dans l'Armée des morts. Les personnages essayent de la traverser en camion, avec le succès que l'on sait. C'est d'ailleurs ce qui rend les zombies dangereux : ils se déplacent par paquets de cent. Au début du film la zone C est relativement peu densément peuplée et elle se remplit peu à peu, jusqu'à ce qu'elle déborde.
- La zone S, pour « Safe » (sûre): c'est une zone que les personnages essayent de préserver à tout prix, elle est oppressée de tous côtés par la zone C, qui a une fâcheuse tendance à essayer de la phagocyter. Exemple : la maison dans laquelle se passe une grande partie de l'action dans la Nuit des morts-vivants et Evil Dead, ou encore la tour du "territoire des morts". Les zombies tentent de passer à travers ses murs, passent les bras à l'intérieur tandis que les personnages s'efforcent envers et contre tout de la barricader. Quand un zombie parvient à pénétrer cette zone, c'est le drame. Et ça arrive fréquemment puisqu'il suffit en général de se faire légèrement mordre pour se transformer en zombie.
Les personnages
Les personnages des films de zombies ne sont pas construits de la même manière que les personnages des films d'action classiques. Bien souvent, le caractère d'un personnage de film est défini par rapport à un vécu, un passé, ou une profession. Les personnages des films de zombies n'ont pas de passé, ou très peu. On ne sait pas grand-chose d'eux, de leur vie publique et privée. Leur profession est rarement importante. Barbara, l'héroïne de la Nuit des morts-vivants, ne dit rien sur son passé. Shaun, dans Shaun of the Dead (Edgar Wright, 2005) est vendeur d'électroménagers, mais ses actes ne sont absolument pas motivés par sa profession, celle-ci sert uniquement à nous le dépeindre comme quelqu'un qui a l'habitude d'être dominé, un perdant. Une exception, dont on peut dire qu'elle confirme la règle, est le rôle du policier dans l'Armée des morts. Dans ce cas, le policier représente l'îlot de civilisation, d'ordre et de raison auquel les personnages peuvent s'attacher. L'agent de police est un personnage essentiel dans les films de zombies.
Les règles du film de zombie, sont aussi portées sur la critique sociale, même crue ou torve :
1. Rapidement, un groupe se forme et s'isole contre cette agression immanente ou rémanente de la chose zombie qu'il ne comprend, sauf l'un d'entre-eux, au moins.
2. Cet isolement crée un microcosme social, que le réalisateur exploite avec force de ces convictions politiques ou autre, sachant que les personnages ou rôles, sont récurrents :
- - l'autorité est le shérif, le militaire ou le vigile (du super-marché); ils sont engoncés dans un rôle justement anti-militariste, car leur vœu pieux d'ordre quoi qu'en coûte, n'agît jamais dans le sens de la survivance du groupe.
- - la faiblesse choit toujours : soit à "l'idiot du village "(amoindri mentalement) ou la femme enceinte (fragile physiquement), qui ne mourront pas de suite, car chaque fois qu'on les met en danger, celui-ci se décuple par l'emphatie du spectateur, on a affaire ici à une ficelle scénaristique.
- - la connaissance de la situation , reste la charge du héros qui ne le devient qu'à mi-parcours ; avant il est peu dissert et en retrait, puis devient la clef de voûte du système de survivance.
- - le représentant de la minorité ethnique, pouvant se confondre au précédent profil, part d'une situation socio-professionnelle basse, vers la reconnaissance du groupe pour ses qualités humaines ou techniques.
- - le couard du groupe est en général un représentant de l'appareil politique : maire, homme fortuné, gourou de secte, qui perd le contrôle des autres, par lâcheté ou délit de fuite, souvent couvert d'un échec mortel.
- sachant que :
- - quand plusieurs minorités ethniques sont présentes,-sur le modèle américain- le latino meurt de son machisme, l'asiatique de son prosélytisme, seul le noir rachète sa position sociale par le don de soi, la femme enceinte, est une enceinte protectrice, car elle porte la vie, la continuité et l'humanité éventuelle d'une survivance, mais c'est aussi la faille, par obnubilation du groupe à son égard, ou la lâcheté de son compagnon, qui alors mourra de sa perfidie.
3. Les mécanismes restent classique :
- - le ou les traîtres meurent seulement après leur absolution, à vérifier dans les films de zombies asiatiques...
- - les zombies nous renvoient à notre animalité originelle, la faim justifie-t-elle les moyens ?
- - que faire si le terrain hostile devient le monde, survivre, briguer, ou s'embrigader, peut-être rester le même, et voir ?! Tels sont les propos...
Zombie ou Contaminé ?
Dans 28 Jours plus tard (28 Days Later, Danny Boyle, 2002) & 28 Semaines plus tard (28 Weeks Later, Juan Carlos Fresnadillo, 2007), un virus de la rage modifié, baptisé "Fureur", se propage accidentellement et engendre un état ultra-agressif chez les victimes. Celles-ci voient leur condition physique optimisée (elles courent très vite, peuvent sauter, émettent des cris gutturaux très violents, contaminent très vite les victimes) mais surtout, elles ne meurent pas systématiquement après leur contamination. Pour ces raisons, on peut discuter de la qualité de zombies de ces victimes, et préférer celle de "contaminés".
Dans L'Armée des morts (2004), les victimes répondent à tous les critères du zombie "traditionnel", à l'exception de leur condition physique qui leur permet toutefois de courir.
Mais il existe maintenant une autre provenance des zombies, par exemple le film REC où ce sont des humains qui ont introduit des zombies par l'intermédiaire d'une enfant (fille du diable).
Voir aussi
Liens externes
- Le témoignage d'un critique de cinéma au moment de la sortie de la Nuit des morts-vivants : en anglais
- Dossier complet de Krinein magazine sur les morts vivants au cinéma : [1]
- (fr) Page thématique sur les Zombies sur Psychovision.net
- (fr) Zombies! Un essai sur l'histoire du zombie dans la culture populaire
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