- Feu grégeois
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L’invention du feu grégeois (du latin græcus, grec) et le secret gardé sur sa composition furent capitaux pour la survie de l’Empire byzantin. On peut le considérer comme l'ancêtre du napalm moderne.
La formule est attribuée au « chimiste » Callinicus originaire d’Héliopolis au Liban (ou en Égypte selon Cedrenus). Celui-ci l'aurait élaborée vers 670 en utilisant les propriétés du salpêtre comme servant à entretenir et activer les combustions (connues depuis le début de l'ère chrétienne par les Chinois), ajouté à de l'huile de naphte, ainsi que du soufre et du bitume. Ce mélange particulièrement inflammable possédait une propriété stupéfiante : il brûlait même au contact de l’eau. Les Grecs l’appelaient d’ailleurs feu « liquide » ou « maritime ». En brûlant, il produisait une fumée épaisse et une explosion bruyante qui ne manquait pas d’effrayer les Barbares.
Un très petit nombre d’ouvriers et de maîtres, étroitement surveillés, était affecté à sa fabrication. Ainsi, au Xe siècle, l’empereur Constantin VII Porphyrogénète ordonna à son fils Romain II : « Tu dois par-dessus toute chose porter tes soins et ton attention sur le feu liquide qui se lance au moyen des tubes ; et si l’on ose te le demander comme on l’a fait souvent à nous-mêmes, tu dois repousser et rejeter cette prière en répondant que ce feu a été montré et révélé par un Ange au saint et grand premier empereur Constantin. »
Le feu grégeois a permis à la marine byzantine de remporter des victoires notables et notamment de pouvoir résister aux Arabes de la fin du VIIe siècle à la moitié du VIIIe. Il était manipulé par un corps spécial de soldats qui le projetait contre l'ennemi, soit à l'aide de grenades à main en argile préalablement allumées par une mèche, soit par un système de pompe donnant l'effet d'un lance-flammes. Les chefs de section de ce corps, les siphonarios, faisaient partie de l’état-major du dromon. Ces artificiers étaient protégés par un petit château en bois à la proue. En outre quelques soldats étaient chargés de repousser les éventuels agresseurs qui auraient voulu s’en prendre directement à eux.
La prise de provinces byzantines permit aux musulmans de retourner les forces maritimes conquises contre leur ancien suzerain pour disposer de cette technologie. Le feu grégeois fut utilisé jusqu’au XIVe siècle jusqu'à l'emploi d'une substance plus redoutable encore : la poudre à canon. Sa composition fut perdue après la chute de Constantinople, en 1453.
Antoine Dupré, un joailler grenoblois redécouvrit par hasard le feu grégeois au XVIIIe siècle, et communiqua sa découverte à Louis XV (1759). Les effets en étaient si terribles que, par humanisme, le roi de France préféra ensevelir ce secret dans l'oubli, et acheta le silence de Dupré en lui accordant une pension de 2 000 livres.[réf. nécessaire]
Sources
- Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « Feu grégeois » dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, 1878 (Wikisource)
- Edward Gibbon, Histoire de la chute et du déclin de l'Empire romain, ch. LII
- J. Riddick Partingdon, Bert S. Hall, A history of Greek fire and Gunpowder, Johns Hopkins University Press, 1998.
Autres liens
- Le film Prisonniers du temps d'après le roman éponyme de Michael Crichton met en avant cette technique.
- Le roman de C. J. Sansom Les Larmes du diable met également en avant le feu grégeois.
- Dans le roman de Steve Berry La Conspiration du temple, le feu grégeois, dont la formule originelle est censée avoir été redécouverte, est aussi l'un des ressorts de l'action.
- Feu Grégeois est le nom d'un groupe de Death Metal français.
- Le feu grégeois est utilisé dans la série de bandes dessinées Barbe-Rouge.
- Dans Le Trône de fer, saga de George R. R. Martin, le feu grégeois a une place importante, lors de la défense du port de la citée de Port-Réal.
- Le Feu grégeois est l'une des armes utilisables dans le jeu vidéo "Assassin's Creed: Revelations" d'Ubisoft [1]
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