- Faim cachée
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Malnutrition
- À propos de la « faim dans le monde », voir l'article Sous-alimentation.
La malnutrition désigne un état pathologique causé par la déficience ou l'excès d’un ou plusieurs nutriments.
Un apport alimentaire inadapté peut provenir d'une nourriture en mauvaise quantité (apport calorique insuffisant ou, au contraire, excessif) ou de mauvaise qualité (carences nutritionnelles ou excès de graisses...) ; d'autres facteurs, notamment psychologiques et pathologiques, interviennent également.
Dans les pays en développement, le plus grand problème nutritionnel est la sous-alimentation, due à un apport calorique insuffisant. Mais partout dans le monde, diverses formes de malnutrition existent, débouchant notamment sur l'obésité et sur de graves carences. La malnutrition a ainsi été appelée la « faim invisible » ou « faim cachée » (hidden hunger en anglais) par les Nations unies[1], affectant deux milliards de personnes souffrant de carences en sels minéraux et en vitamines, pouvant provoquer des maladies mortelles.
Sommaire
Définition
La malnutrition doit être définie comme une pathologie, et non comme un état. Il s'agit d'une pathologie systémique aux conséquences multiples et d'étiologies tout aussi variées. L'idée d'une séparation entre une approche quantitative et qualitative est à la fois obsolète et réductrice.
La malnutrition, que ce soit dans l'approche qu'en proposent l'Organisation mondiale de la santé, les organisations humanitaires d'urgence s'y consacrant, ou les différentes études effectuées sur le sujet, peut être la conséquence de plusieurs facteurs, le plus souvent associés. Les carences alimentaires, qu'elles soient quantitatives ou qualitatives (et elles sont les deux le plus souvent), sont une cause très fréquente conduisant à un état de malnutrition. Cependant, d'autres facteurs entrent très souvent en jeu.
On pourra prendre plusieurs exemples pour illustrer ce que représente la malnutrition :
- Le Niger, été 2005 : les principaux cas de malnutrition rencontrés sont essentiellement dus à une carence majeure en apport alimentaire, du fait de la prolongation de la sècheresse et de l'invasion des zones cultivables par des criquets, ces deux causes ayant conduit à des récoltes largement insuffisantes.
- Le Libéria, 2004-2005 : l'apport alimentaire est suffisant pour les populations, à la fois grâce à des récoltes et des importations non négligeables, ainsi que grâce à des distributions alimentaires régulières par le PAM. Cependant, les taux de malnutrition sont importants, surtout dans les zones urbaines. Le principal problème identifié tient essentiellement à des pratiques de soins inadaptées, dont les causes sont multiples. Les mères ne sont pas en mesure de fournir à leur enfant des soins efficaces, du fait d'un déficit cognitif, de troubles post-traumatiques, d'une relation pathologique avec l'enfant,etc.
- L'Afghanistan, 2002-2005 : si les carences alimentaires jouent un rôle important dans la malnutrition présente dans ce pays, il a été constaté que beaucoup d'enfants refusaient les soins (l'alimentation étant ici comprise dans les soins) qui leur étaient prodigués, du fait d'un traumatisme psychologique important. Ce phénomène de refus de s'alimenter a été constaté au Rwanda après le génocide, et dans beaucoup de camps de réfugiés et déplacés dont les résidents avaient eu à vivre des événements traumatisants.
Ces quelques exemples montrent qu'une approche purement alimentaire de la malnutrition ne saurait être suffisante, et la plupart des acteurs internationaux de lutte contre la malnutrition ont dû adapter leur prise en charge en développant des programmes parallèles, allant de la stimulation psycho-sociale des malnourris à leur prise en charge psychologique.
De la même manière, on pourra parler de malnutrition face au problème de l'obésité. Là encore, il serait réducteur de considérer un apport alimentaire inadapté comme sa seule étiologie. Il existe l'obésité liée à des facteurs génétiques conduisant à une surabsorption des nutriments, ou liée à une cause anatomique ou physiologique acquise (troubles acquis du fonctionnement des organes de la digestion, ou de la mobilité, par exemple). Mais l'inadaptation de l'apport alimentaire est ici souvent en elle-même une conséquence d'un trouble psychologique.
Conséquences : état de la malnutrition dans le monde
En 2006, plus de 3,5 milliards de personnes souffrent de carence en fer, 2 milliards sont en danger de carence en iode et 200 millions d'enfants d'âge préscolaire sont victimes d'insuffisance en vitamine A[2].
Dans les pays en développement, les insuffisances alimentaires causent des maladies comme le kwashiorkor, l'anémie (qui attaque le système sanguin et empêche la concentration), le rachitisme (qui empêche le développement normal des os de l'enfant) ou la cécité (causée par des carences en vitamine A). Le rapport de 2004 de l'Unicef et la Banque mondiale dresse un bilan terrifiant[3] : les carences en fer parmi les bébés de 6 à 24 mois affectent le développement mental de 40 à 60 % des enfants des pays en développement ; les carences en iode ont fait reculer la capacité intellectuelle de ces pays de 10 à 15 %, et causent la naissance de 18 millions d'enfants handicapés mentaux par an ; le manque de vitamine A entraine la mort d'un million d'enfants chaque année.
Chez les adultes, les plus affectés sont souvent les femmes : l'anémie causée par le manque de fer entraine la mort de 60 000 jeunes femmes pendant leur grossesse ou leur accouchement ; le manque d'acide folique cause un décès par maladie cardiaque sur dix. Les carences s'additionnent et rendent l'organisme plus vulnérable à d'autres maladies. L'impact économique est énorme, la baisse d'énergie associée aux carences causant une chute de 2 % du PNB dans les pays les plus affectés[3].
La sous-alimentation affecte quelques 800 millions de personnes dans le monde, tandis que l'obésité affecte plus de 300 millions de personnes (voir ces articles pour les détails).
La lutte contre la malnutrition est par ailleurs l'un des huit Objectifs du Millénaire pour le Développement, initiés en 2000 par l'ONU. La troisième cible de cet objectif vise à réduire de moitié le nombre de personnes souffrant de malnutrition entre 1990 et 2015.
Notes
- ↑ C'est notamment l'Unicef qui emploie ce mot, voir la page d'introduction.
- ↑ FAO et Partenaires de NECF, 2006
- ↑ a et b Unicef et Banque mondiale, Vitamin and Mineral Deficiency, Global Progress Report, 2004 [lire en ligne]
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Page de l'Unicef sur la nutrition.
- Page de la FAO sur le droit à une alimentation adéquate.
- (fr) Évaluation et analyse de l'état nutritionnel – cours e-learning de la FAO
- (fr) Objectifs du millénaire- blog de suivi de l'actualité des Objectifs du millénaire
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