- Expeditions de Perdiccas II de Macedoine contre les Lyncestes
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Expéditions de Perdiccas II de Macédoine contre les Lyncestes
Les expéditions de Perdiccas II contre les Lyncestes nous sont contées par Thucydide dans "Histoire de la guerre du Péloponnèse" (431 avant J-C)
Sommaire
Introduction
Le texte est un extrait de "Histoire de la guerre du Péloponèse" de Thucydide, qui raconte les expéditions ratées de Perdiccas II, roi de Macédoine et de Brasidas, général spartiate contre les Lyncestes, peuples habitant à l'ouest de la Bottiée. Thucydide est un auteur grec ayant participé lui-même à la guerre du Péloponnèse (il est donc contemporain de son récit), qui organisa d'ailleurs une bataille perdue menant à la prise d'Amphipolis par Brasidas. Ce qui lui vaudra d'être exilé jusqu'à la fin de la guerre. Divisé en huit livres, son histoire est inachevée du fait de sa mort avant la fin du conflit. C'est un historien réputé fiable car il attache une grande importance à l'exactitude et à la vraisemblance de ses propos. Ici, nous sont contées les différentes trahisons qu'induit l'expédition en Lyncestide et le génie militaire de Brasidas. Il semble que la révolte du roi Lynceste en Haute-Macédoine fut en grande partie encouragée par Athènes qui implantait des colonies vers le Strymon comme Amphipolis. La question qui persiste est : comment les deux partis alliés, faisant succéder trahison et vengeance ne brise pas leur alliance ?
La trahison de Brasidas
Allié à Brasidas, Perdiccas II partit en campagne contre Arrhabaios (83-1) vers - 424. Seulement Brasidas, vraisemblablement désireux de privilégier les intérêts spartiate à ceux de ces alliés tels les macédoniens décida à la frontière lyncestide de parlementer avec Arrhabaios pour le convaincre de rejoindre la ligue du Péloponnèse (83-2). Les macédoniens ayant envoyé une ambassade à Sparte pour lui suggérer de s'allier avec les peuples de leur région et Arrhabaios étant désireux d'une entente cordiale sous l'égide spartiate (83-3, 83-4). Cependant Perdiccas ne l'entendait pas ainsi en ce qui concernait les lyncestes, c'est pourquoi arguant qu'il était pour moitié dans les dépenses de l'armée de Brasidas, il refusa cette alliance (83-5). Malgré tout, Brasidas retira ses troupes tandis que les Chalcidiens firent comme si de rien étaient, et Perdiccas dû abandonner cette première campagne contre les lyncestes . En représailles, sans pour autant rompre son alliance, Perdiccas II diminua sa participation aux subsistances au tiers (83-6).
La lâcheté des troupes de Perdiccas II
Perdiccas II réussit à obtenir une seconde offensive aidée par Sparte car son armée avait participé à la bataille d'Amphipolis. À nouveau alliés contre Arrhabaios, Perdiccas II et Brasidas à la tête de près de 4000 hommes composés d'hoplites et de cavaliers macédoniens ainsi que de nombreux barbares rentrèrent en Lyncestie et la bataille s'engagea (124-1, 124-2). Grâce à la charge des hoplites et des cavaliers macédoniens, la victoire fut remportée tandis que les lyncestes fuyaient sur les hauteurs (124-3). Ils étaient convenu que les Illiriens, embauché comme mercenaire devaient les rejoindre alors mais ceux-ci les trahirent. La fuite étant nécessaire, ils ne s'étaient quoi qu'il en soit pas encore mis d'accord pour l'heure du départ. Ainsi l'armée de Perdiccas se mit seule en route, abandonnant Brasidas aux Illyriens (125-1). Brasidas, seul avec ses troupes, décida de faire retraite tout en portant un coup à l'ennemi avec trois cent soldats d'élite. Les Illiriens pensant qu'il fuyait réellement furent surpris de s'apercevoir des dommages qu'il occasionnait. L'arrière-garde, fort bien constituée, fit de sérieux dégâts à l'ennemi en feignant la retraite (125-2, 125-3). Toutes les attaques illiriennes furent repoussées et les spartiates continuaient leur retraite entre chaque assaut. Une partie de l'armée illirienne abandonna et se lança à la poursuite des Macédoniens, l'autre attendit Brasidas au défilé menant au royaume de Perdiccas et qui était le seul chemin pour fuir, probablement le col de Banja (127-2). Heureusement pour lui et ses troupes, il s'en aperçut et désigna des volontaires pour prendre rapidement la colline où l'embuscade se préparait (128-1, 128-2). Après avoir contrôlé les hauteurs du défilé, il put sans difficultés arriver en Macédoine car les Illiriens avait, à partir de là, abandonné. En représailles à l'abandon de Perdiccas II, les soldats spartiates pillèrent une partie du pays, notamment la ville d'Arnissa. Perdiccas commença alors à se rapprocher d'Athènes.
Le discours de Brasidas
Le discours de Brasidas est typique de Thucydide qui fait parler les protagonistes du conflit avec impartialité. Ainsi, alors qu'il a lui-même perdu la bataille d'Amphipolis contre Brasidas, il n'en fait pas pour autant un monstre, bien au contraire son discours le montre comme plutôt intelligent. À la vue de l'approche historique de l'auteur, on peut penser que ce discours est assez proche du véritable discours qui a du avoir lieu. Il ne serait, en effet, pas étonnant qu'un général exhorte ses troupes avant la bataille ni qu'en tant que grec, il porte un regard dédaigneux sur ceux qu'il appelle barbare. Ce discours semble donc vraisemblable. Brasidas, brillant général se refusait de réellement fuir face à l'ennemi même après la pseudo-trahison de Perdiccas II. Il tient alors à ses troupes un discours consistant à remonter leur moral. Il met en avant leur valeur propre, insistant sur le fait qu'ils n'ont nul besoin d'alliés car leur valeur est suffisante en faisant un rapport avec le système oligarchique spartiate qui donne le pouvoir au plus petit nombre (126-1, 126-2). Exploitant la fuite des Macédoniens, il fait allusion à ce peuple en exhortant que dans le passé, il fut considéré comme un peuple barbare et qu'il le vainquit (126-3). Ensuite, il exploite les stéréotypes barbares, mettant en avant qu'outre le nombre et les cris guerriers, ils demeurent de "tristes" guerriers. L'apparence effrayante de l'armée illirienne ne reflète pas sa force (126-4, 126-5, 126-6).
L'alliance fragile entre la Macédoine et la ligue du Péloponèse est caractéristique des relations de la Macédoine antique avec le monde grecque du fait de leur grécité encore peu accepté et des intérêts régionaux divergents. Perdiccas II dut surement se résoudre à reconnaître l'indépendance d'Arrhabaios. Vers -423/-422, Perdiccas s'alliera finalement à Athènes.
Sources
- Géographie ancienne de la Macédoine, A. Durand, 1863.
- Momigliano A, Philippe de Macédoine, Éditions de l'éclat, 1992.
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