- Erlitou
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La culture d' Erlitou 二里頭 est une culture chinoise de la fin du Néolithique au début de l’âge du bronze (XXIe –XVIe siècle av. J.-C.), qui tire son nom d’un de ses sites situé à Zhaizhen[1] sur le territoire de la commune de Yanshi[2] dans le Henan. Peut être liée à ses débuts à la culture de Longshan, elle s’est développée au centre-ouest du Henan, autour de la commune de Zhengzhou, le long du cours des rivières Yi[3], Luo[4], Ying[5], Tu[6] ainsi que du cours inférieur de la Fen[7] au sud du Shanxi. Lors de sa phase tardive elle a connu une certaine expansion dans le Hubei et le Shaanxi. Une centaine de sites importants lui sont rattachés. Elle est considérée par la majorité des archéologues chinois comme équivalent à la dynastie Xia, certains considérant toutefois que sa dernière phase correspond déjà au début de la dynastie Shang.
Sommaire
Historique
Le premier site appartenant à cette culture a été découvert en 1952 à Yucun[8] dans le district de Dengfeng[9] (Henan), le deuxième en 1956 au Temple de Luoda[10] à Zhengzhou. Le nom utilisé était alors « style de Luoda ». En 1959, Erlitou a été repéré ; c’est avec la découverte sur ce site en 1960 par Xu Xusheng[11] du complexe palatial de Yanshi, le plus ancien jamais mis au jour à l’époque (XVIIe – XIVe siècle av. J.-C.), qu’est apparu le concept de « culture d’Erlitou » à laquelle se rattachent désormais près d’une centaine de sites. En 1988 Erlitou a été déclaré « patrimoine culturel national de première importance ».
Site éponyme
Situé sur la rive nord des anciens cours de la Luo et de la Yi, il présente une orientation générale N-O / S-E (maximum E-O : 2400m ; N-S : 1900m). L’ensemble aurait été à l’origine plus vaste que les 3 km² qui ont été mis au jour, mais la rivière Luo en se déplaçant en a détruit la partie nord. Les vestiges essentiels (palais, ateliers, tombes) se trouvent sur un terrain légèrement surélevé du secteur sud-est ; le secteur ouest est plus bas. A l’est du site, on a repéré des tronçons de tranchées dont 500m ont été explorés ; on pense que la terre ayant servi aux constructions ou à la fabrication des poteries en a été extraite.
Erlitou semble avoir monopolisé la fabrication des objets en bronze dans sa dernière phase, de 1700 à 1550 av. J.-C. Il s’agit de modèles archaïques aux parois très minces, coulés la tête en bas entre une âme de terre compacte et des segments de terre cuite portant en creux les thèmes décoratifs encore parcimonieux. Il ne s’agissait ni d’outils ni d’armes mais de vaisselle rituelle. Il y a une ressemblance avec les premiers bronzes Shang, ce qui incite certains à penser que les « palais » et ateliers appartiennent déjà à cette dynastie. Il y avait également des ateliers de poterie, dont le modèle le plus typique est blanc, en forme de chapeau chinois. Certaines portent des signes symboliques ou graphiques, mais il n'y a pas de trace d'un véritable système d'écriture.
Les constructions étaient en terre damée. Les plus remarquables sont deux (ou trois, selon certaines interprétations) ensembles de bâtiments importants, complexes palatiaux ou cultuels, qui présentent des caractéristiques que l’on retrouvera dans les siècles suivants : orientation générale selon les points cardinaux, forme générale rectangulaire, disposition symétrique de part et d’autre d’une ligne centrale, quadrillage orthogonal des voies. Devant elles se trouvent quatre routes qui doivent leur être antérieures. Le premier ensemble découvert en 1960 est daté de la période de jonction entre les Xia et les Shang ; le second, repéré en sous-sol dès 1978 et fouillé à partir de 2001, serait un peu plus ancien. Il est bordé par un mur et trois voies principales : deux voies E-O de 300m de long chacune écartées de 400m, et une voie N-S de 700m à l’est, et partagé en deux par une voie centrale sous laquelle se trouve une structure de bois servant à l’évacuation des eaux. Les deux ensembles semblent de plus avoir été quadrillées d’un lacis de petits chemins. Les ensembles contiennent des tombes. Les cinq du second palais qui ont été explorées ont produit un mobilier particulièrement riche : poudre de cinabre, bronzes, jades, objets en coquillage ou incrustés de turquoise (dont un en forme de dragon), poteries blanches ou vernissées.
Dynastie Xia ?
On distingue quatre grands niveaux sur le site d'Erlitou ; les bronzes et l’architecture palatiale caractérisent les niveaux 3 et 4. Du fait de sa position géographique « centrale » et des dates proposées pour les vestiges, qui correspondent approximativement à celles données par l’historiographie chinoise traditionnelle pour les Xia, la culture d'Erlitou est identifiée à cette dynastie par les archéologues de Chine populaire. Néanmoins, les bronzes et jades des niveaux 3 et 4 offrent une grande parenté avec leurs homologues Shang, de même que la position des corps dans les tombes, aussi certains proposent-ils de rattacher les deux premiers niveaux aux Xia et les deux derniers au début des Shang. En dehors de Chine, tout en reconnaissant l’importance de cette culture, les archéologues sont plus circonspects quant à l’attribution d’un nom précis à l’entité politique dont elle dépendait. En effet, aucune trace écrite mentionnant le nom des dirigeants ou de la dynastie n’a été retrouvé.
Notes
- 翟鎮
- 偃師
- 伊
- 洛
- 潁
- 汝
- 汾
- 玉村
- 登封
- 洛達廟
- 徐旭生
Voir aussi
Catégories :- Histoire de la Chine archaïque
- Site archéologique de Chine
- Culture archéologique
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