- Envie
-
Pour les articles homonymes, voir Envie (homonymie).
En religion l'envie est un désir qui échappe à la raison. Par opposition, le désir raisonné se nomme la volonté.
Sommaire
Antiquité
Au livre II des Métamorphoses, à propos de l’histoire d’Aglauros, Ovide consacre plusieurs vers (782 sqq.) à l'Envie.
Christianisme
L’envie est désignée comme vice par la tradition chrétienne et fait partie des Sept péchés capitaux définis par Thomas d'Aquin. Dans ce cadre, elle désigne plus particulièrement la convoitise ou émotion éprouvée par celui qui désire intensément posséder le bien d’autrui.
Thomas d'Aquin décrit une certaine progression de l'envie, avec un début, un milieu et un terme. Au début on s'efforce d'amoindrir la gloire d'autrui, soit secrètement (chuchotement malveillant) ; soit ouvertement (diffamation). Le milieu est ce qui résulte de cette volonté de diminuer la gloire d'autrui : soit l'on y réussit et l'on jubile d'avoir causé des difficultés, soit l'on échoue et l'on est déçu de voir la réussite de l'autre. Enfin, il y a la haine.
Sociologie
L’envie peut être également définie comme la volonté de posséder sans nécessité et s’oppose alors au besoin. Ainsi, la volonté d’obtenir une même chose pourra être désignée comme envie ou besoin en fonction de l’idée que l’observateur se fait de la nécessité de posséder la chose pour la personne qui exprime cette volonté. Par exemple, la volonté de manger pour une personne qui a « vraiment » faim sera généralement considérée comme un besoin, alors qu’il s’agit d’une envie dans le cas contraire. L’envie que l’on trouve injustifiée, c’est-à-dire sans aucune nécessité, est parfois appelée « caprice », bien que le mot soit plutôt utilisé dans un cas opérationnel précis : celui d’une chose réclamée et dont on ne veut plus une fois qu’on l’a.
Psychologie
En psychologie, l’envie désigne un désir dont le sujet ne connaît pas l’origine. L’envie est alors un réflexe dont la part d’inné et d’acquis est bien difficile à établir. Pour certains, l’envie est le propre de l’Homme et serait l’un des moteurs de son évolution. Il s’agit en ce cas d’une acception toute différente du terme.
La psychanalyste Melanie Klein comprit l'envie comme une tendance à la destructivité visant tout ce dont dépend le sujet (et non le sujet lui même, à la différence de la pulsion de mort au sens freudien). L'envie peut alors être rapprochée de l'agressivité chez Sigmund Freud, soit un mélange, compromis avec la pulsion de mort qui la fait se tourner vers l'extérieur.
Mais l'envie, telle que décrite par Klein, décrit bien l'insupportable que représente le bon objet, dont dépend le nourrisson. Cette envie s'opppose à la gratitude (psychanalyse).René Girard fait de l'envie, du mimétisme, le moteur principal du monde moderne (Mensonge romantique et vérité romanesque, 1961). Il entraine sur sa thèse un nombre croissant de chercheurs dans toutes les sciences humaines (voir Paul Dumouchel et Jean Pierre Dupuy, in L'enfer des choses, Seuil, 1979 ; René Girard et la logique de l'économie, in Le Monde de l'education, Mai 2006, entretien avec René Girard).
Texte en ligne
- Hanna Segal: Envie ou jalousie ? [1]
Citations
Bibliographie
- Eric Darragon, Eric Holder, L'Envie (titre d'ensemble Les sept péchés capitaux), Paris, éd. du Centre Pompidou, 1997.
- Sébastien Lapaque, Les sept péchés capitaux : Envie, Librio, 2000 (ISBN 2-290-30752-1)
- Joan Riviere, La haine, le désir de possession et l’agressivité, Paris, Payot et Rivages, 2001.
- « Le Théâtre de l’Envie (1315-1640) », Actes du colloque de l’Université Paul Verlaine-Metz (6-7 octobre 2006), organisé par Jean-Frédéric Chevalier et Jean-Pierre Bordier, à paraître.
- Francesco Alberoni, Les Envieux, Plon, collection Pocket, réf. 10141 (ISBN 2-266-07414-8), traduit de l'italien par Pierre Girard, 1991.
Wikimedia Foundation. 2010.