- Affaire Jacomet
-
Affaire Jacomet
Henri Jacomet (né en février 1963) est un homme français qui fut le principal suspect dans l'affaire du triple meurtre de Huos, avant d'être acquitté et que le véritable coupable ne soit découvert.
Cette affaire s'est déroulée en juillet 1988 dans laquelle Joëlle et Françoise Soubie, respectivement la femme et belle-soeur de Jacomet ainsi que Fernando Rodrigues ont été assassinés. Il fut suspecté dans cette affaire puis jugé pour être finalement acquitté en juin 1995. Au final il s'avère que c'est le beau frère de Henri Jacomet, Fernando Rodrigues, qui est l'auteur de ce massacre : il a tué sa belle soeur Joëlle puis sa propre femme Françoise avant de se suicider quelques heures plus tard.
Sommaire
Déroulement de la journée
Le 12 juillet 1988 Henri Jacomet, 25 ans, quitte son travail de nuit à 5 h 30 du matin et rentre chez lui près de Huos. Constatant que son épouse n'est pas là, il se rend au domicile des parents de Joelle à Huos. Là il aperçoit les volets fermés ainsi que la porte d'entrée fermée de l'intérieur; il entend la télévision fonctionner et décide de forcer la fenêtre. C'est à ce moment-là qu'il aperçoit le corps de son épouse Joelle, 21 ans, étendu par terre dans le salon.
Il entre dans la pièce, prend le corps inanimé de sa femme et l'emmène dans le jardin. Puis il va chez les voisins pour demander de l'aide, ces derniers appellent les pompiers qui viennent quelques instants plus tard. Une fois les pompiers venus et la police qui arrive quelques instants plus tard, l'ambulance emmène le corps de Joelle bien que Henri Jacomet, affolé, soit certain que sa femme est encore en vie. Les pompiers sont obligés de donner un calmant à Jacomet qui n'arrive pas à reprendre ses esprits.
A l'intérieur de la maison les policiers font les premières constatations : il y a une grande mare de sang dans le salon (là où fut tuée la femme de Henri Jacomet) et y découvre en même temps un sabre apposé contre le canapé ainsi qu'un fusil. En allant dans une autre pièce la police trouve un autre corps, c'est celui de Fabienne Soubie, 28 ans (la soeur de Joelle). Elle a été frappée à mort et sa tête est presque décapitée. Une hache est également découverte dans le hall de l'entrée. Puis dans le cellier de la cuisine les policiers trouvent un troisième corps : celui de Fernando Rodrigues, 31 ans, un fusil à ses côtés.
L'enquête
D'abord la première idée que se font les policiers de cette tuerie est l'hypothèse du drame familial : en effet Fernando aurait tué sa femme et sa belle soeur avant de retourner son arme contre lui (vu qu'un deuxième fusil fut retrouvé a ses côtés). Les policiers interrogent tout de même Henri Jacomet le lendemain de la tuerie et son comportement détonne car il demande à ce que sa femme soit sauvée, réanimée. Puis la police lui demande de décrire son emploi du temps de la veille. Henri Jacomet raconte que le 12 juillet il a dormi jusqu'à environ 13 h puis qu'il est allé nourrir un cheval, ce que des témoins confirment. Ensuite il est allé voir des voisins vers 14 h 30 pour leur donner une licence de football. Sauf que les voisins, eux-mêmes interrogés, affirment que Jacomet est bien venu mais à 12 h 30, soit deux heures avant. Quand les policiers demandent à Henri Jacomet ce qu'il a fait l'après midi il reste assez évasif dans ses discours. En revanche il affirme avoir pris l'apéritif avec un ami Thierry Burella entre 19 h et 20 h 20. Par ailleurs l'autopsie pratiquée sur les deux soeurs assassinées révèlent qu'elles ont été tuées 4 à 5 h après avoir pris le repas du midi, c'est-à-dire entre 16 h et 17 h (l'estomac de Fabienne contenait du riz et des légumes verts tandis que celui de Joelle ne contenait qu'un liquide brunâtre, à savoir du café au lait). D'ailleurs sur la scène du crime on retrouve deux tasses à peine entamées dont une contenant du café au lait et les policiers pensent qu'elles ont été tuées à ce moment là. Les soupçons se renforcent sur Henri Jacomet car il ne fournit pas avec exactitude un emploi du temps détaillé (ce qu'il a fait entre 16 h et 17 h reste un mystère). Dans une de ses versions il raconte qu'il était avec sa femme Joelle vers 16 h; il affirme qu'ils ont regardé Côte Ouest et qu'elle mangeait du pain et du saucisson, ce qui est en contradiction avec le rapport d'autopsie. Puis à la fin du feuilleton, raconte-t-il, il serait parti de la maison. Des témoins prétendent avoir croisé Henri Jacomet à vélo vers 17 h dans le village et ce dernier explique qu'il voulait voir Fernando, son beau frère afin de lui demander d'aiguiser une lame. Persuadés que Henri Jacomet peut avoir tué sa femme et sa belle soeur, les policiers décident de l'incarcérer pour triple meurtre début 1989. En outre la femme de Henri Jacomet aimait un autre homme Dinis qui n'était qu'autre que l'oncle de Fernando et qui avait 20 ans de plus qu'elle. Les soupçons enflent sur Jacomet lorsque sa belle famille (qui, depuis le début de l'affaire, croit dur comme fer à la culpabilité de leur gendre) raconte que Joelle vivait un calvaire avec son mari : les parents de Joelle affirment que Henri obligeait sa femme à vivre dans un taudis privé d'eau, d'électricité et de chauffage et qu'elle était forcée de venir chez ses parents pour se laver. De plus Henri Jacomet avait une maitresse et dépensait beaucoup l'argent du couple, notamment pour le cheval qu'il nourrissait. En tout cas les policiers ont trouvé un mobile : Henri Jacomet a tué sa femme parce qu'elle aimait un autre homme et que son comportement après la tuerie de Huos a suscité l'attention de la police tellement il était bizarre. Selon le juge qui instruit l'affaire Henri Jacomet a tué sa femme et sa belle soeur avant de revenir dans la soirée pour tuer son beau frère Fernando Rodrigues. Mais force est de constater que malgré le mobile, les policiers n'ont aucune preuve matérielle que Jacomet est l'auteur des trois meurtres. C'est pourquoi Jacomet au cours de l'année 1989 (après 3 semaines de grève de la faim) est relâché, faute de preuves. Henri Jacomet sera de nouveau mis en prison fin 1989 mais une fois encore il sera libéré en février 1991, faute de preuves matérielles.
Le procès
Le procès de Henri Jacomet s'ouvre en juin 1995. Dès le premier jour le juge décide, ce qui est rare dans une Cour d'assises, de diffuser le film tourné le lendemain de la tuerie de Huos. On y voit partiellement deux corps (ceux de Joelle et de sa soeur Fabienne), énormément de sang (sur le sol ainsi que sur un buffet) puis les armes qui ont servi au massacre. Ce film doit permettre de savoir si Henri Jacomet ressent ou non de l'émotion et de la tristesse devant ces images. Henri Jacomet est en effet triste mais reste comme il est, c'est-à-dire calme, froid et quasiment imperturbable. Cette manière d'être prouve, en tout cas aux yeux de la belle famille de Henri Jacomet, que ce dernier ne montre ni regrets ni remords devant cet acte et accroit sa culpabilité. La famille de Henri Jacomet et celle de sa défunte femme essaient de s'éviter pendant tout le procès. Les experts, qui viennent à la barre, témoignent qu'il y a très peu de chances pour que Fernando Rodrigues se soit suicidé, ce qui montre que l'étau se resserre autour de Jacomet. Au bout d'une semaine de procès, les jurés ont deux heures pour décider du sort de Henri Jacomet et rendent leur décision : Henri Jacomet est acquitté. Les premières personnes qui sont satisfaits du verdict sont les médias qui croyaient peu, voire pas du tout, en la culpabilité de Jacomet. Quand Jacomet fut interviewé par les journalistes à la fin du procès, il déclare qu'il aurait continué à se battre s'il avait été condamné. Les familles des victimes sont quant à elles effondrées et profondément écoeurées.
Second procès
C'est pourquoi vers 1996 (un an après le procès de Henri Jacomet) les familles des victimes décident de relancer l'affaire Jacomet en apparaissant sur le plateau de l'émission Témoin n°1 et en portant plainte contre X. L'affaire est donc de nouveau ouverte en 1998 (10 ans après les faits) et le juge d'instruction ainsi que les policiers font appel au C.A.R.M.E. (Centre d'Applications et de Recherches en Microscopie Electronique). Le CARME retourne donc sur les lieux du crime et la maison des parents des deux sœurs assassinées, selon les dires de ceux qui officient au CARME, n'a pas changé. En procédant minutieusement aux relevés d'indices qui n'ont pas été exploités (en 1988 il n'y avait pas ce genre d'organisme chargé de ce genre de pratique et la technologie était quasi inexistante), les enquêteurs remarquent que dans toute la maison, du moins sur le sol, il y a énormément de sang. De plus le manteau rouge de Fernando Rodrigues retrouvé dans le salon où a été tuée Joelle contient plusieurs traces de sang : en effet les enquêteurs réussissent à démontrer qu'il y a deux sang différents sur ce manteau (celui de Joelle et celui de Fabienne). Cela implique avec certitude que Fernando Rodrigues était bel et bien présent au moment de la mort des deux jeunes femmes et qu'il soit vraisemblablement le meurtrier. Enfin lorsque les enquêteurs viennent dans le cellier de la cuisine, ils constatent du sang sur le plafond et après plusieurs analyses en arrivent à la conclusion que Fernando Rodrigues est mort debout et qu'il y a de très fortes probabilités qu'il se soit suicidé. Fernando Rodrigues, grâce à l'enquête menée par le CARME, est le meurtrier de Joelle et Fabienne Soubie. Les faits se sont donc déroulés le 12 juillet 1988 : entre 16 h et 17 h Fernando Rodrigues rejoint sa femme et sa belle sœur qui prennent le café; pour une raison inconnue une dispute éclate entre les trois personnes. Fernando Rodrigues part à l'étage chercher un fusil, en haut des marches tire sur sa belle soeur Joelle à la hanche. Il descend les escaliers et, en voyant sa femme accourir vers sa sœur, l'assomme avec la crosse de son fusil qui se casse. Puis il traine le corps de sa femme un peu plus loin, prend un sabre et la frappe à 16 reprises. Ensuite il part dans le salon où s'est traînée Joelle et muni d'une hache la frappe très violemment au point que sa tête finit par être presque décapitée. Puis il commence à nettoyer la scène du crime; pour une raison inconnue il stoppe son travail et vers 21 h décide de se suicider dans le cellier de la cuisine. Il est intéressant de noter que des personnes l'ont vu tondre vers 17 h. De plus en juillet 1986 (deux ans avant le drame) au cours d'une dispute familiale, il a essayé de se suicider dans une chambre qu'il avait fermé.
Étant donné que Fernando Rodrigues est mort il ne peut être jugé et donc aux yeux de la justice il est déclaré non coupable. De plus le mobile de ce double assassinat reste un mystère. L'affaire a été définitivement close en 2003.
Catégorie : Affaire judiciaire
Wikimedia Foundation. 2010.