- Eleonora Rossi Drago
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Palmira Omiccioli, connue sous le pseudonyme de Eleonora Rossi Drago (née le 23 septembre 1925 à Gênes, dans le quartier Quinto al mare - morte le 2 décembre 2007 à Palerme, Sicile) est une actrice de cinéma et de théâtre italienne.
Elle a atteint le sommet de sa notoriété dans le cinéma italien des années cinquante et soixante, tournant avec des réalisateurs tels que Luigi Comencini, Clemente Fracassi, Michelangelo Antonioni, Valerio Zurlini et Giuseppe De Santis. Le dernier film qu'elle ait interprété date de 1970. Elle a également travaillé pour la télévision, interprétant des rôles dans différents téléfilms.
Biographie
Née à Gênes en 1925, Eleonora Rossi Drago (Rossi du nom de son premier mari avec qui elle aura un enfant) après des années passées dans le mannequinat (elle dessine elle-même des robes) débarque à Rome dans l'intention de faire carrière au cinéma.
Elle avait participé au plus éblouissant concours de Miss Italie en 1947, ses rivales ayant pour nom Canale, Lucia Bosé (qui l'emportera) et Lollobrigida (première dauphine). Elle fait ses premiers pas au cinéma à la fin des années 1940. La mode est au réalisme et aux femmes plantureuses, style Mangano dans Riz amer.
Avec sa formation de mannequin, sa haute taille (1,70 m) et sa beauté toute classique très rare à l'époque, elle ne tarde pas à s'imposer dans des films de Luigi Commencini (le très bon volets clos 1951) puis La traite des blanches en 1953 où elle a pour partenaire Giuletta Massina. Elle domine rapidement avec Mangano le cinéma du début des années cinquante du haut de sa classe naturelle et de son port d'altesse. Sensualita (1952), film controversé, dans lequel elle incarne une femme fatale tuée par son mari trompé(Mastroianni) lui assure un grand succès et bientôt elle devient après et derrière Magnani mais à l'égal des Valli, Massina, Mangano, Cardinale, Masssari ou vitti une des plus grandes actrices du cinéma italien. (voir le livre Les séductrices du cinéma Italien).
Le public qui la surnomme Nora, ne tarde pas à la désigner comme la grande dame du cinéma italien même si sa réputation ne franchira pas les Alpes. Ses deux participations dans des films français très médiocres de Duvivier (L'affaire Maurizius) et Lampin (La tour prend garde) ne sont guère convaincants.
C'est Antonioni qui lui offre son premier très grand rôle (Clélia une femme du peuple décidée à réussir dans le milieu de la couture à Turin) dans femmes entre elles, une adaptation d'un roman de Pavese
Actrice exigeante, elle joue dans Kean de Rosi avec Gasmann et au théatre Hamlet.
C'est un jeune réalisateur débutant Valério Zurlini qui lui offre son rôle le plus inoubliable dans Estate Violenta en 1959, film et rôle pour lesquels elle recevra le ruban d'argent (équivalent du César mais attribué par les journalistes italiens) et le prix de la meilleure actrice au festival de Mar del Plata. Elle y est admirable de sensualité et de classe en jeune veuve trentenaire, fille de bourgeois conformistes ayant épousé sans amour un militaire mort au combat, et découvrant subitement l'amour fou dans les bras d'un jeune désœuvré, lui-même fils d'un dignitaire fasciste, lors de l'été 43 à Rimini. Sa classe, sa beauté, sa magnifique sensualité d'abord contenue puis exarcerbée, éclatent dans une des plus belles scènes du cinéma italien (12 min) ; une danse du désir aimantée par des yeux brillant et brûlant d'amour et scandée par la musique américaine Temptation et la magnifique partition du compositeur italien du film Mario Nascimbene, dans la nuit éclairée de l'extérieur par des fusées éclairantes, à l'intérieur d'une villa durant laquelle les regards des amants fébriles s'affrontent, se croisent se fixent, se pénètrent. C'est Jean-Louis Trintignant, habitué des coproductions franco-italiennes (le Fanfaron) qui lui donne la réplique avec son grand talent en jeune homme timide amoureux et ravagé par la culpabilité d'être le fils d'un fasciste dégagé par piston de ses obligations militaires. Rossi-drago y est superbe d'émotion et de sensualité pure. Elle incarne la femme même !
Le film, forme de mélo singulier(plutôt un drame de l'amour impossible sur fond de guerre) qui juxtapose puis fait se choquer l'insouciance d'une station balnéaire et la violence de la guerre, dégage un érotisme désespéré, une tristesse bouleversante et un parfum de fatum qui éclatera dans la scène finale déchirante. Suivront Femme seule puis meurtre à l'italienne de Germi. Hélas malgré ces succès commerciaux et critiques pour l'actrice, les années soixante marqueront son déclin, un film notable avec Rosselini, un autre à sketchs avec Gasmann, puis rien d’intéressant: des seconds rôles dans des films internationaux de série B. Plutôt que d'insister, après être tombée gravement dépressive devant le temps qui passe et la perte progressive de sa beauté(elle aurait fait une tentative de suicide- à confirmer) elle mettra un terme à sa carrière en 1971 sur un dernier film avec Pier Angeli(qui succombera elle). Remontant la pente c'est en définitive avec sérénité qu'elle quitte le monde du cinéma italien qui amorce d'ailleurs son déclin. Dans l'ensemble, sa carrière bien que pleine dans les années 50 nous apparaît comme frustrante eut égard à son potentiel d'actrice, sa grande beauté, sa classe atypique. Des critiques italiens notent, à juste titre, que dans le cinéma italien de l'époque elle est abonnée aux films ou sa beauté, sa classe l'isolent et finissent par la marginaliser. On se demande si ce n'est pas ce qui a fini par nuire à la comédienne, avec dès le début des années 60 l'arrivée de la nouvelle génération: Cardinale, le succès international de Loren! Par la magie du cinéma d'immortaliser demeurent inoubliables, le souvenir de sa voix douce, son élégance, sa distinction et surtout cette présence racée qui se communiquait grâce à la profondeur d'un regard intense qui la rapprochait de la frémissante Nathalie Wood, avec qui elle partageait une grande capacité à rendre émouvante et sensuelle les personnages qu'elle incarnait. En 1973, elle se remarie avec un homme d'affaire sicilien et part vivre à Palerme. Elle revient au cinéma avec Claudia Cardinale en 1988 pour un film documentaire. Elle meurt des suites d'une hémorragie cérébrale en 2007.
Filmographie
- 1952 : Les Volets clos (Persiane chiuse) de Luigi Comencini : Sandra
- 1952 : Sensualità de Clemente Fracassi : Franca
- 1952 : La Traite des blanches (La Tratta delle bianche) de Luigi Comencini : Aida
- 1953 : L'Esclave d'Yves Ciampi : Elena Landa
- 1954 : L'affaire Maurizius de Julien Duvivier : Anna Jahn
- 1955 : Femmes entre elles (Le Amiche) de Michelangelo Antonioni : Clelia
- 1955 : Bataille devant Tobrouk (Il prezzo della gloria) d'Antonio Musu
- 1958 : La Route d'une année (La strada lungha un anno) de Giuseppe De Santis : Susanna
- 1959 : Été violent (Estate violenta) de Valerio Zurlini : Roberta
- 1959 : Meurtre à l'italienne (Un maledetto imbroglio) de Pietro Germi : Liliana
- 1960 : Sous dix drapeaux (Under Ten Flags) de Duilio Coletti : Elsa
- 1960 : David e Golia de Richard Pottier : Merab
- 1961 : Le Commando traqué (Tiro al piccione) de Giuliano Montaldo : Anna
- 1962 : Les Don Juan de la Côte d'Azur (I Digiovanni della Costa Azzurra) de Vittorio Sala : Jasmine
- 1962 : Âme noire (Anima nera) de Roberto Rossellini : Alessandra
- 1964 : Parlons femmes (Se Permettete parliamo di donne) de Ettore Scola : la comtesse
- 1965 : La Case de l'oncle Tom (Onkel Toms Hütte) de Géza von Radványi : Mme Saint-Clare
- 1966 : La Bible de John Huston : La femme de Loth
- Télévision
- 1969 : D'Artagnan de Claude Barma : Anne d'Autriche
Catégories :- Naissance en 1925
- Naissance à Gênes
- Personnalité italienne du XXe siècle
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- Nom de scène
- Décès en 2007
- Mort d'une hémorragie cérébrale
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