Défense Philidor (ouverture aux échecs)

Cet article utilise la notation algébrique pour décrire des coups du jeu d'échecs.

La défense Philidor est une ouverture au jeu d'échecs qui est obtenue (dans son ordre de coups traditionnel) par les mouvements suivants :

• 1. e2-e4 e7-e5
• 2. Cg1-f3 d7-d6.

Sommaire 1 Historique 2 Quelques variantes 3 Exemples de parties 3.1 Une partie très célèbre (1858) 3.2 La « dame folle » 3.3 Bernstein - Tartakover (1937) 4 Bibliographie

Historique

Son nom vient d'un célèbre joueur du XVIII^e siècle, François-André Danican Philidor, qui la recommandait comme une alternative au plus habituel 2... Cb8-c6 dans son livre L'Analyse du jeu des échecs. Son idée originale était, après avoir consolidé le pion é5 par ...d7-d6, d'attaquer les blancs au centre par la poussée du pion... f7-f5. Cette poussée ayant rapidement été considérée comme trop risquée, les noirs se sont tournés vers la défense du centre par 3... Cb8-d7, ou la contre-attaque sur é4 par 3... Cg8-f6.

La défense Philidor est réputée solide, mais assez passive, et on l'observe rarement dans les parties de haut niveau. Après le XIX^e siècle où elle fut très populaire, elle n'a plus jamais été très jouée, malgré les efforts d'Aaron Nimzovitch durant le premier quart du XX^e siècle, de Bent Larsen, qui a développé la ligne 3... é5xd4 suivi de ...g7-g6 au début des années 1970, et malgré un léger regain d'intérêt à la fin des années 1990 (notamment grâce à Étienne Bacrot) après l'introduction de l'ordre de coups : 1. e2-e4 d7-d6 2. d2-d4 Cg8-f6 3. Cb1-c3 e7-e5. Cette dernière transposition permet d'éviter certaines variantes gênantes pour les noirs, même si elle peut donner lieu à une partie assez stérile après 4. d4xe5 d6xe5 5. Dd1xDd8+ Re8xDd8 (la perte du roque n'est pas grave pour les noirs après l'échange des Dames). Sur l'ordre de coups 1. e2-e4 d7-d6 2. d2-d4 Cg8-f6 3. Cb1-c3 Cb8-d7, 4. Cg1-f3 e7-e5 transpose dans la variante Hanham (voir ci-dessous) mais 4. f4 ramène avec profit pour les Blancs dans une défense Pirc.

Quelques variantes

1. e2-e4 e7-e5 2. Cg1-f3 d7-d6 3. d2-d4 (coup le plus usuel)

• 3... f7-f5 (gambit Philidor).

Victor Kahn donne l'avantage aux blancs après 4. Cb1-c3 Cg8-f6 5. d4xe5 Cf6xe4 6. Cc3xe4 f5xe4 7. Cf3-g5! d6-d5 8. e5-e6! Ff8-c5 9. Cg5xe4!

• 3... Cb8-d7 4. Ff1-c4 c7-c6 (Variante Hanham).

Victor Kahn donne la suite de coups suivante à l'avantage des blancs: 5. 0-0 Ff8-e7 6. d4xe5 d6xe5 7. Cf3-g5 Fe7xg5 8. Dd1-h5! g7-g6 9. Dh5xg5 Dd8xg5 10. Fc1xg5.

• 3... Cg8-f6 (Variante Nimzovitch).

Victor Kahn donne l'avantage aux blancs après 4. d4xe5 Cf6xe4 5. Dd1-d5 Ce4-c5 6. Fc1-g5 Dd8-d7 7. Cb1-c3 d6xe5 8. Ff1-b5! c7-c6 9. Dd5xe5+ Cc5-e6 10. Ta1-d1! f7-f6 11. De5-e2 Dd7-c7 12. Fb5-c4.

• 3... e5xd4 4. Cf3xd4 g7-g6 (Variante Larsen). Cependant, Xavier Tartakover donne l'avantage aux blancs après 3...e5xd4 4. Dd1xd4 Cb8-c6 5. Ff1-b5 Fc8-d7 6. Fb5xCc6 Fd7xFc6 7. Fc1-g5 Cg8-f6 8. Cb1-c3 Ff8-e7 9. 0-0-0.

Exemples de parties

Une partie très célèbre (1858)

Paul Morphy - Duc de Brunswick & Comte Isouard (en consultation), Paris, 1858 : partie dite de l'Opéra

1. e4 e5 2. Cf3 d6 3. d4 Fg4? 4. dxe5 Fxf3 5. Dxf3 dxe5 6. Fc4 Cf6 7. Db3! De7 8. Cc3 c6 9. Fg5 b5 10. Cxb5!! cxb5 11. Fxb5+ Cbd7 12. o-o-o Td8 13. Txd7! Txd7 14. Td1 De6 15. Fxd7+ Cxd7 16. Db8+!! Cxb8 17. Td8# (mat).

Cette partie est exemplaire de l'importance de l'avance de développement dans les parties ouvertes. Elle fut jouée à l'Opéra de Paris lors d'une représentation de la Norma, et on rapporte que Paul Morphy était pressé d'en finir car, passionné d'opéra, il ne voulait rien manquer de l'acte suivant!

La « dame folle »

Dans cette partie jouée à La Nouvelle-Orléans en 1920 entre Edwin Ziegler Adams et Carlos Torre, les blancs opèrent de manière répétée des pseudo-sacrifices de Dame qui ne peuvent être acceptés sous peine de se voir infliger le mat du couloir. Cette partie est commentée par Camil Seneca dans son livre Les échecs.

1. e4 e5 2. Cf3 d6 3. d4 exd4 4. Dxd4 Cc6 5. Fb5 Fd7 6. Fxc6 Fxc6 7. Cc3 Cf6 8. o-o Fe7 9. Cd5! Fxd5 10. exd5 o-o 11. Fg5 c6 12. c4 cxd5 13. cxd5 Te8 14. Tfe1 a5 15. Te2! Tc8 16. Tae1 Dd7 17. Fxf6!! Fxf6 18. Dg4!! Db5 19. Dc4!! Dd7 20. Dc7!! Db5 21. a4!! Dxa4 22. Te4!! Db5 23. Dxb7!! 1-0 (la Dame n'a plus de case de fuite où elle continuerait à contrôler la case e8, et où elle empêcherait ainsi le mat du couloir).

Bernstein - Tartakover (1937)

Un joli piège, dans un partie jouée à Paris en 1937 entre Ossip Bernstein et Xavier Tartakover:

1. e2-e4 e7-e5 2. Cg1-f3 d7-d6 3.d2-d4 Cg8-f6 4.d4xe5 Cf6xe4 5. Ff1-c4 Fc8-e6 ; ici Tartakover s'écarte de la théorie. On recommande 5. ...c7-c6, mais Tartakover préfère tendre un piège : 6. Fc4xe6 f7xe6 7. Dd1-e2 d6-d5 8. De2-b5+ Cb8-c6 9. Cf3-d4 Dd8-d7 10. Db5xb7 Ff8-b4+!! 11.c2-c3 Cc6xd4!! 12. Db7xa8+ Re8-e7 13. Da8xh8 Dd7-b5! 14. Dh8xg7+ Re7-e8 15. Dg7-g4 Db5-d3 16. Fc1-d2 Cd4-c2+ 17. Re1-d1 Ce4xf2 + avec gain de la dame ; Bernstein abandonne.

Bibliographie

• (fr) Xavier Tartakover, Le Bréviaire des échecs, éditions Le livre de poche, copyright 1933.
• (fr) Camil Seneca, Les échecs, éditions Le livre de poche, copyright 1974
• (fr) Victor Kahn, La pratique moderne des ouvertures dans la partie d'échecs, éditions Le Triboulet, copyright 1954
• (en) Christian Bauer, The Philidor files, Everyman Chess, 2006.

• Portail des échecs