- Draußen vor der Tür
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Dehors devant la porte
Dehors devant la porte (en allemand Draußen vor der Tür), est une pièce de théâtre de 1947 en un acte et 5 scènes de Wolfgang Borchert. Draußen vor der Tür appartient au courant littéraire allemand qu'on a dénommé Trümmerliteratur (« la littérature des ruines »). En dépit de son sous-titre «Une pièce qu'aucun théâtre ne veut jouer et qu'aucun public ne veut voir », la pièce connut un grand succès dès ses premières représentations.
Sommaire
Origine et élaboration
Wolfgang Borchert a écrit Dehors devant la porte en janvier 1947 en 8 jours[1]. La pièce fut d'abord une pièce radiophonique. La première eut lieu le 13 février 1947 à la Nordwestdeutscher Rundfunk (NWDR, Radio nord-est-allemande). La première présentation théâtrale (mise en scène par Wolfgang Liebeneiner au Hamburger Kammerspiele) eut lieu le 21 novembre 1947, le lendemain de la mort de l'auteur.
La pièce fut filmée en 1949 sous le titre Liebe 47 (réalisation Wolfgang Liebeneiner, avec Karl John dans le rôle de Beckmann et Hilde Krahl dans celui d'Anna Gehrke). La pièce a aussi été filmée pour la chaîne de télévision NDR.
Elle a été traduite dans de nombreuses langues.
Contexte
L'action se déroule à Hambourg[2] en 1945, au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Un homme de 25 ans nommé Beckmann revient d'un camp de prisonniers de Sibérie où il a été interné trois ans. Il boite, car il a perdu une rotule pendant la guerre, et est frigorifié. À son retour, tout est différent de ce qu'il avait quitté. Il est l'un « de ceux-là, qui rentrent à la maison et qui en fait ne rentrent pas à la maison, parce qu'il n'y a pour eux plus de maison. Leur maison à eux est dehors derrière la porte ». « Leur Allemagne est dehors, dans la nuit pluvieuse, dans la rue. »[3]
La pièce
Personnages
- Beckmann, un de ceux-ci[4]
- Sa femme, qui l'a oublié
- Son ami, qui l'aime [elle]
- Une fille, dont le mari est rentré à la maison sur une jambe
- Son mari qui a rêvé d'elle pendant cent nuits
- Un colonel qui est très rieur
- Sa femme, qui a froid dans sa maison chaude
- La fille qui est déjà au repas du soir
- Son mari fringuant
- Un directeur de cabaret qui aimerait bien être courageux, mais qui est en fait couard
- Madame Kramer, qui n'est plus connue sous le nom de Frau Kramer, c'est [justement] ce qui est si effrayant
- Le vieil homme, en qui plus personne ne croit
- Un entrepreneur de pompes funèbres, avec son hoquet
- Un balayeur, qui n'est personne
- L'autre, que tout le monde connaît
- L'Elbe[5]
Prologue
Un concessionnaire de pompes funèbres (qui est une personnification de la mort[6]) et un vieil homme (Dieu) discutent à propos d'un homme qui se tient au bord d'un ponton sur l'Elbe et qui veut apparemment se suicider. C'est ce que font beaucoup de jeunes hommes au retour de la guerre, il n'est donc pour le concesionnaire de pompe funèbre qu'un parmi beaucoup d'autres. Le vieil homme se plaint de rien pouvoir y changer : personne ne croit plus en lui (il est « le dieu en lequel plus personne ne croit »), il est jaloux de la Mort, aimée, crainte et respectée. Les rots de la Mort ponctuent le prologue : elle a en effet pris du poids car « l'affaire marche et est florissante » dans ce siècle meurtrier.
Le rêve
Beckmann a plongé dans le fleuve pour mettre fin à ses jours. À l'Elbe qui désire savoir ce à quoi il aspire, il répond « pioncer, enfin pioncer au calme, pioncer pendant dix mille nuits ».
« Die Elbe : [...]. Was willst du hier ?
Beckmann : Pennen. Da oben halte ich das nicht mehr aus. Das mache ich nicht mehr mit. Pennen will ich. Tot sein. Mein ganzes Leben lang tot sein. Und pennen. Endlich in Ruhe pennen. Zehntausend Nächte pennen. »— Wolfgang Borchert, Draußen vor der Tür, Der Traum, p. 11
Mais l'Elbe lui répond résolument qu'il ne peut rester.
Il est trop jeune, et une jambe raide (la perte d'une de ses rotules pendant la guerre le force à boiter) n'est pas un prétexte suffisant pour pouvoir rester et mourir. Le protagoniste est donc rejeté sur la berge de Blankenese (un quartier qui borde le fleuve en aval de Hamburg).
Scène 1
Beckmann repose sur la plage où se trouve aussi L'Autre, son alter ego optimiste, qui jouera aussi au cours de la pièce le rôle d'antagoniste à Beckmann. Ce dernier est désespéré et est, depuis la guerre et l'internement en Sibérie, empli d'un certain fatalisme. L'autre compatit à toutes les souffrances énumérée par le protagoniste : sa femme l'a quitté pour un autre homme, son fils est mort et gît quelque part sous les décombres; à cause de sa jambe raide, il ne peut oublier la guerre. Une jeune femme entend Beckmann parler et emmène chez elle l'homme trempé et frigorifié, qu'elle nomme affectueusement et presque amoureusement « Poisson ».
Scène 2
Scène 3
Scène 4
Kartenou
Scène 5
Notes
- ↑ L'édition allemande de Draußen vor dr Tür (Rororo 10170) donne fin de l'automne 1946 pour la rédaction
- ↑ Hambourg est l'une des villes allemandes à avoir le plus souffert des bombardements aériens des Alliés. En particulier, l'Opération Gomorrhe en juillet 1943 a fait des dizaines de milliers de victimes et a détruit une grande part de la ville.
- ↑ Borchert, p. 1
- ↑ La présentation des personnages est de Borchert
- ↑ L'Elbe, le fleuve qui passe à Hambourg est féminin en allemand (Die Elbe).
- ↑ il n'est pas étonnant que la mort soit personnifiée par un homme puisqu'en allemand, la Mort est de genre masculin (Der Tod).
Bibliographie
- (de) Wolfgang Borchert, Draußenvor der Tür, Rororo 10170, Rowohlt Taschenbuch Verlag
L'ouvrage est postfacé par Heinrich Böll.
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