- Adib Chichakli
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Adib ibn Hasan Chichakli (1909-1964) (arabe: أديب بن حسن الشيشكلي) est un leader militaire et un homme politique syrien.
Sommaire
Jeunesse
Adib Chichakli naît dans une famille kurde dans la ville de Hama en Syrie. Il sert l'armée française sous l'ère du mandat puis fait des études à l'académie militaire de Damas, où il devient membre du Parti social nationaliste syrien (PSNS), parti politique fondé par Antoun Saadé qui vise à créer une "Syrie" selon les frontières anciennes. Son frère, Salah, est membre lui aussi du PSNS. Après l'indépendance de la Syrie, Chichakli dirige un des régiments de l'Armée de libération arabe qui combat les forces sionistes lors de la guerre israélo-arabe de 1948.
Carrière militaire et politique
Après la défaite arabe lors de cette guerre, le colonel Husni al-Za'im procède à un coup d'État en 1949, mettant fin au système parlementaire syrien. Antoun Saadé, le président-fondateur du PSNS doit fuir le Liban où il a été condamné à mort. Il se réfugie en Syrie où le colonel Zaim lui promet protection. Toutefois, quelques mois plus tard Zaim livre Saadé aux autorités libanaises et ce dernier est fusillé. Après sa trahison, Zaim est lui même victime d'un coup d'État. Le colonel Sami al-Hinnawi, membre du PSNS, veut venger la mort de Saadé, il arrête le colonel Zaim et le fait exécuter. La femme de Saadé reçoit une lettre d'al-Hinnawi lui indiquant que la mort de son mari a été vengée.
Chichakli a travaillé avec al-Hinnawi, le nouveau président syrien.
Prise du pouvoir
En décembre 1949, Chichakli a lancé un autre coup d'État, arrêtant le président Hinnawi pour mettre fin à l'influence hachémite en Syrie. Il est à l'origine de l'assassinat du colonel Mohammad Nasser, chef de l'armée de l'Air syrienne parce que ce dernier a voulu mettre fin à la popularité dont bénéficiait Chichakli au sein de l'armée[réf. nécessaire]. Cela a considérablement affaibli les Syriens qui voulaient une union de la Syrie et de l'Irak[réf. nécessaire]. Mais l'union continue à être défendue par le premier ministre, Nazim al-Kudsi.
Pour limiter l'influence des hachémites, Chichakli fait en sorte qu'à chaque gouvernement, le ministre de la Défense soit son bras droit, Fawzi Selu. Quand le premier ministre, Maarouf al-Dawalibi qui était pro-irakien refusa l'entrée dans son gouvernement de Selu, Chichakli le fit arrêter, le 28 novembre 1951. Mais il a également fait arrêter tous les hommes politiques pro-irakiens, même son ancien premier ministre Al-Kudsi. Par protestation Atassi démissionne du gouvernement et il rentre dans l'opposition. Chichakli profite de la crise pour nommer son camarade Selu, chef d'état major des armées, premier ministre, ministre de la Défense et chef d'État. Mais Sélu n'était qu'un faire-valoir, tous les pouvoirs étaient en réalité dans les mains de Chichakli. Il dirige la politique gouvernementale en coulisse et préside par la même occasion un comité militaire secret[1].
Chichakli au pouvoir
À la fin de l'année 1951, plusieurs manifestations éclatent en Syrie en soutien aux indépendantistes égyptiens qui se sont révoltés contre l'occupant britannique. Devant toutes ces manifestations, et pour ne pas s'attirer l'hostilité des Britanniques, Chichakli intervient militairement pour la seconde fois. Il commence par dissoudre le parlement, pousse le président de la République à la démission et finit par interdire le Parti national et le Parti du peuple.
Dans un premier temps, le Parti communiste, le Baas et le Parti socialiste arabe échappent à la répression. Mais Chichakli et l'opposition entretiennent des rapports difficiles, et le 6 avril 1952, tous les partis politiques sont interdits[2]. Immédiatement après, la presse est victime de censure, les grèves et rassemblements sont interdits et tous les journaux qui n'étaient pas pro-gouvernementaux sont interdits.
En août 1952, il fonde un parti politique pro-gouvernemental, le Mouvement de libération arabe, et le pays passe pour la première fois, sous le régime de parti unique. Le Baas, devenu clandestin, noue des contacts avec l'opposition de gauche et avec des officiers opposants au régime.
Le 28 décembre 1952, les autorités découvrent le complot et 66 officiers sont arrêtés. Le lendemain, Michel Aflak, Salah Bitar et Akram Hourani sont arrêtés. Ils sont emprisonnés, mais bénéficiant de complicités au sein même de l'armée, ils s'enfuient et quittent le pays pour le Liban.
Les trois hommes organisent l'opposition anti-Chichakli depuis Beyrouth, mais Chichakli obtient leur expulsion, ils se sauvent alors pour l'Italie.
L'opposition définitivement matée, Chichakli met en place un régime présidentiel. À l'approche d'élections, il libéralise quelque peu le pays, et légalise des partis. Mais désorganisée par la répression, l'opposition exige le report du scrutin. Le gouvernement refuse, et les élections sont boycottées. Le MLA (parti de Chichakli) gagne les élections en obtenant 72 sièges sur les 82 que compte l'assemblée.
Le parti qui était une coquille vide, a très vite intégré des femmes, et se réclamait d'un socialisme modéré. Certains accusent Chichakli de s'être comporté en une sorte de "César arabe". En 1953, Chichakli a mis en scène un référendum pour se faire élire président de la République, mais face à une forte dissidence, il abandonna.
Politique étrangère
Chichakli a maintenu de bonnes relations avec les pays occidentaux, et a maintenu la position intransigeante de la Syrie vis-à-vis d'Israël. Les relations de la Syrie avec la Jordanie et l'Irak hachémite ont été rares, mais il s'est surtout méfié de la diffusion rapide du nassérisme. Beaucoup pensent que le coup d'État du mouvement des officiers libres en 1952 s'est inspiré du coup d'État de Chichakli en 1949 et 1951. Mais il avait de très bonnes relations avec la famille royale d'Arabie saoudite, le roi Abdel Aziz Ibn Saoud et le roi Talal de Jordanie qui n'avait aucune ambition en Syrie contrairement à son père le roi Abdallah et à son fils, le roi Hussein. En dépit des dissensions qu'il avait avec certains pays arabes, de sa politique pro-occidentale et de ses origines kurdes, il a adopté une politique syrienne panarabe.
Ses relations avec les États-Unis et le Royaume-Uni ont soufflé le chaud et le froid. Très tôt lors de sa prise de pouvoir, les Britanniques l'ont soutenu espérant qu'ainsi les Syriens adopteraient un traité de défense du Moyen-Orient pro-britannique. Les États-Unis ont donné des sommes d'argents considérables à Chichakli pour qu'il accueille en Syrie des réfugiés palestiniens et qu'il en fasse des citoyens syriens[réf. nécessaire]. Mais malgré les fortes sommes d'argents, il refusa, car il n'acceptait pas la défaite des Arabes et refusait par ailleurs de signer un traité de paix avec Israël.
Sa chute
Atassi et le leader druze, Sultan al-Atrash animaient l'opposition à Chichakli. La plus grande réunion anti-Chichakli s'était tenue à Homs dans la maison d'Atassi. En réponse, Chichakli avait fait arrêter les fils de ces deux dirigeants politiques. Un mécontentement croissant entraine l'éclatement d'une révolte au Djébel el-Druze, les insurgés étaient soutenus par la Jordanie et l'Irak hachémite. La rébellion comptait parmi ses rangs, des dissidents de l'armée, et le soutien de nombreux militants baassistes. Le 25 janvier, Aflak, Bitar et Hourani qui avaient entre temps regagné le pays, se font de nouveau arrêter à cause de cette révolte. Le mécontentement gagne la population syrienne ainsi que l'armée, et le jour même, le général Moustafa Hamdoun, commandant de la garnison d'Alep lance un coup d'État qui s'accomplira en février 1954. C'est ainsi que Chichakli quitte la Syrie pour le Liban par crainte de l'éclatement d'une guerre civile. Les membres du coup d'État incluent des membres du parti communiste, des dirigeants druzes, des membres du parti Baass. Ils ont probablement bénéficié du soutien irakien. Avec la chute de Chichakli, les prisonniers politiques sont libérés, l'armée rentre dans les casernes, le parlement de 1949 est rappelé et un nouveau gouvernement est constitué.
Au Liban où il s'était réfugié, Chichakli est menacé de mort par le chef druze Kamal Joumblatt. Devant cette menace de mort, il s'exile pour le Brésil. Avant l'union entre l'Égypte et la Syrie en 1958, Chichakli a eu l'idée d'utiliser l'argent que l'Irak avait fourni aux insurgés qui lui étaient opposés pour mener un coup d'État en Syrie. Mais le coup est mis en échec par les services secrets syriens. Il est alors condamné à mort.
Le 27 septembre 1964, Chichakli est assassiné au Brésil par un Druze syrien envoyé par le gouvernement de Hafez el-Assad qui a voulu se venger des bombardements de l'armée syrienne dans les montagnes syriennes où vivaient les Druzes. Le gouvernement syrien prend ensuite la décision de tuer tous les hommes de la famille Chichakli, partout dans le monde. Seul deux hommes de cette famille ont survécu à cette politique d'assassinat. Quand le Druze qui a assassiné Chichakli est mort en 2005, il a été fêté comme un héros national par sa communauté.
Notes et références
- Hafez El Assad et le parti Baas en Syrie de Pierre Guingamp, p.78.
- Hafez El Assad et le parti Baas en Syrie de Pierre Guingamp, p.80.
Catégories :- Président de la Syrie
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- Naissance en 1909
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