- Diptyque Consulaire
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Diptyque consulaire
Le diptyque consulaire est dans l'Antiquité tardive un type particulier de diptyque, cette paire de panneaux reliés, généralement en ivoire, en bois ou en métal, ornés d'un riche décor sculpté, qui pouvaient faire office de tablette à écrire : il s'agissait d'un objet commémoratif de luxe, commandé par le consul ordinaire et distribué pour marquer son entrée en charge et récompenser les notables qui avaient soutenu sa candidature.
La chronologie de ces diptyques est nettement définie, d'une part du fait de la décision de Théodose Ier en 384 de réserver aux seuls consuls, sauf dérogation impériale extraordinaire, l'usage de ces diptyques, et d'autre part en raison de la disparition du consulat sous le règne de Justinien en 541. Les grands aristocrates et fonctionnaires de l'Empire passent toutefois outre cette interdiction de Théodose, et font réaliser des diptyques pour célébrer des charges moins importantes : Symmaque en distribue ainsi pour commémorer les jeux questoriens puis prétoriens de son fils, respectivement en 393 et en 401.
Le plus ancien diptyque proprement consulaire conservé, au trésor de la cathédrale d'Aoste, est celui d'Anicius Petronius Probus, consul d'Occident en 406 : il a la particularité, outre son ancienneté, d'être aussi le seul à porter le portrait, non pas du consul, mais de l'empereur, Honorius en l'occurrence, auquel il est dédié par une inscription pleine d'humilité — le consul s'y désigne comme le famulus, l'esclave de l'empereur.
Par la suite, les diptyques consulaires portent systématiquement soit, pour les plus richement décorés d'entre eux, un portrait plus ou moins élaboré du consul, soit, pour la catégorie des diptyques les plus simples, une inscription de dédicace dans un décor géométrique et végétal. Il est probable que cette seconde catégorie était produite en séries plus importantes, à partir de modèles préparés à l'avance, et distribués aux personnages de rang inférieur, tandis que les diptyques les plus sophistiqués et donc les plus coûteux, étaient réservés au premier cercle de l'aristocratie romaine.
Les ateliers responsables de cette production se trouvaient dans les deux capitales de l'Empire, Rome et Constantinople. Mais la chute de l'Empire d'Occident en 476 est probablement responsable de la disparition de la production occidentale à la fin du Ve siècle : tous les diptyques consulaires conservés du VIe siècle sont originaires de Constantinople.
Le motif le plus courant des diptyques constantinopolitains du VIe siècle représente le consul, en pied, présidant les jeux consulaires qui marquaient son entrée en fonction.
Les diptyques consulaires sont par leur nature même un instrument précieux pour la prosopographie de l'Empire romain tardif ainsi que pour l'étude de l'art de cette période. Ils doivent d'avoir survécu en nombre important jusqu'à l'époque contemporaine à leur réutilisation, dans bien des cas, comme reliures de manuscrits ecclésiastiques à l'époque médiévale.
Sommaire
Voir aussi
Article connexe
- Diptyque
- Ivoire Barberini (sans être un diptyque consulaire, ce feuillet présente de nombreuses caractéristiques communes avec eux)
- Liste des consuls romains du Bas-Empire
Bibliographie
- (en) Alexander Kazhdan (éd.), The Oxford Dictionary of Byzantium, 3 vols., Oxford University Press, 1991 (ISBN 0195046528), s. v. Diptych, vol. 1, 636-637 ;
- Danièle Gaborit-Chopin, « Les ivoires du Ve au VIIIe siècle » in J. Durant (éd.), Byzance, l'art byzantin dans les collections publiques françaises (catalogue de l'exposition au musée du Louvre, 3 novembre 1992-1er février 1993), Paris, 1993, 42-45 ;
- (de) Richard Delbrück, Die Consulardiptychen : und verwandte Denkmäler, Berlin, 1929 ;
- (en) Bente Kiilerich, Late Fourth Century Classicism in the plastic Arts : studies in the so-called Theodosian Renaissance, Odense University Classical Studies 18, Odense University Press, 1993 .
Galerie
Quelques-uns des diptyques consulaires conservés, par ordre chronologique de production.
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