Tablettes (Rome)

Tablettes (Rome)

Tablette de cire

Les tablettes de cire (en latin tabulæ, planches) sont des supports d'écriture effaçables et réutilisables, connus depuis la haute Antiquité et qui ont été utilisés jusqu'au milieu du XIXe siècle.

Tablette de cire - reproduction

Sommaire

Description

La tablette de cire est formée d'une plaquette le plus souvent d'environ 10 à 20cm de long sur quelques centimètres de largeur et quelques millimètres d'épaisseur. Elle est évidée sur presque toute sa surface en conservant un rebord de quelques millimètres qui fait cadre.
De la cire est coulée dans la partie en dépression puis lissée.
L'écriture se fait en gravant les caractères sur la cire à l'aide de l'extrémité pointue d'un instrument appelé style (aujourd'hui plus fréquemment appelé stylet). Ils peuvent être effacés en lissant la cire avec l'autre extrémité, plate, du style, après l'avoir ramollie.

La matériau utilisé pour fabriquer les tablettes est en général le bois (buis, hêtre, érable, etc.) mais des matières plus nobles ont été également utilisées, en particulier au Moyen Âge où l'ivoire, l'argent, l'os de baleine ont été utilisés. La corne et l'ardoise ont également été utilisées mais dans une moindre mesure.

La cire est très souvent teintée pour obtenir une surface d'écriture sombre sur laquelle les incisions faites par le style seront plus visibles à la lumière. Les principales couleurs sont le noir obtenu en mélangeant du noir de fumée à la cire ainsi que le rouge foncé et le vert foncé obtenus en mélangeant divers pigments.

La tablette peut être évidée et couverte de cire sur une ou sur deux faces. Plusieurs tablettes peuvent être reliées entre elles par des lanières pour former de petits livres (en latin codices) pouvant atteindre une vingtaine de tablettes. Les plaquettes sont alors percées de plusieurs trous sur un des cotés de leur cadre et des liens sont passés dans ces orifices ; les plaquettes formant couverture du livre sont évidées sur une seule face tandis que les plaquettes intérieures sont évidées des deux faces. Le cadre conservé autour de l'évidement permet de ne pas endommager la cire quand les plaquettes sont serrées l'une contre l'autre.

Historique

Livre de tablette de cire (Pompéi, Ier siècle)

La plus ancienne tablette connue provient d'un bateau mycénien et date du XIVe siècle av. J.-C.[1].

En Mésopotamie, les tablettes marquaient l'administration d'une cité. Elles servaient à gérer les denrées, les produits agricoles et la main d'œuvre.

Les grecs ont adopté le deltos par l'intermédiaire des phéniciens en même temps que l'alphabet vers le VIIIe siècle av. J.-C.. La première référence littéraire d'une tablette de cire apparaît dans le conte de Bellérophon de l'Illiade[2].

À l'époque romaine l'utilisation de la tablette de cire est très répandue. À Rome, une tablette seule (tabula) est utilisée comme bulletin de vote, par les jurés lors des procès, ou lors des élections, à partir de 139 av. J.-C..

Elle subsiste dans ce rôle au Moyen Âge et à la Renaissance jusqu'à la vulgarisation du papier. Des comptes publics ou d’abbayes de ces époques ont été conservés sous la forme de livres de plaquettes. À Paris au XIIIe siècle la corporation des tabletiers ne fabrique que des tablettes destinés à l'écriture. Elles sont en corne, en ardoise, en argent ou en ivoire et recouvertes de cire verte ou rouge. On retrouve des tablettes de cire dans toute l'Europe et le Moyen-Orient.

À l'époque moderne, l'usage de tablettes d'écriture reste courant en Europe occidentale. Elles ont été étudiées par l'historien Roger Chartier. Elles servent notamment à l'apprentissage de l'écriture, ainsi que de support aux informations que les commerçants veulent noter - elles sont d'ailleurs appelées libros de memoria en Espagne.

 partir du XVIIIe siècle, avec les progrès intervenus dans la fabrication du papier et de l'encre, qui en diminuent le coût, l'utilisation des tablettes de cire va diminuant ; l'un des derniers exemplaires conservés est un ensemble de deux tablettes de cire qui servait en 1864 à noter les transactions de la criée au poisson de Rouen.

Utilisation à Rome

Femme tenant des tablettes et un stylet (Pompéi, Ier siècle)

De par la possibilité d'effacer l'écriture et de réutiliser le support, la tablette de cire a surtout servi à prendre des notes au brouillon et à faire des comptes. Elle est énormément utilisée par les Romains pour la correspondance privée mais aussi pour des usages administratifs nécessitant une certaine pérennité et vérifiabilité du document.

À Rome, une tablette seule (tabula) est utilisée comme bulletin de vote, par les jurés lors des procès, ou lors des plébiscites, à partir de 139 av. J.-C.. La tablette de vote judiciaire portait une des deux lettres : A (pour Absolvo, j'absoue) ou C (Condemno, je condamne). La tablette de vote pour un plébiscite portait soit un V (pour Vti rogas, c'est à dire Comme tu demandes) soit un A ( pour Antiquo, Je m’oppose)

La tablette devient indispensable aux secrétaires du Sénat pour prendre en sténographie tironnienne les comptes rendus des débats. Dans un format réduit qui tient dans la main, elle sert de bloc-note à toutes les personnes qui savent écrire (d'où l'expression latine pour désigner les tablettes à écrire : pugillares (libelli) ou pugillaria, de pugilaris, qui tient dans le poing).

Elle était également utilisée pour enregistrer des documents officiels tels que des actes de naissance ou les Diplômes militaires donnant ses droits aux légionnaires vétérants.

Deux plaquettes comportant le texte étaient liées entre elles pour former un petit livre (codice), et les liens étaient ensuite cachetés.

Pour la correspondance les Romains les utilisent par paire : les deux tablettes évidées sur une seule face sont reliées par une charnière et se referment comme un carnet. Un côté est utilisé par l'émetteur du message, qui laisse vierge l'autre volet et referme l'ensemble. À réception, le destinataire répond sur la partie vierge, et renvoie les tablettes à l'expéditeur.

Linguistique

En français l'expression faire table rase vient du latin tabula rasa, effacer la tablette.

Voir aussi

Liens externes

Sources

Notes

  1. Épave retrouvée à Uluburun - [1]
  2. Homère, Illiade 155.203)
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