- Deuxième Guerre civile chilienne (1891)
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Guerre civile chilienne de 1891
Guerre civile chilienne 1891
Torpillage de la frégate Blanco Encalada Informations générales Date 16 Janvier 1891 – 18 Septembre 1891 Lieu Eaux territoriales, Région de Taracapa, Désert d'Atacama et Région de Valparaiso Casus belli Conflit institutionnel entre la Présidence et le Congrès National Issue Victoire Congressiste; suicide du president José Manuel Balmaceda et début de la Junte Parlementaire Belligérants
Parti présidentiel et Armée
Marine de guerre chilienne et Junte congressiteCommandants José Manuel Balmaceda
Juan Williams Rebolledo
Manuel BaquedanoJorge Montt
Ramón Barros Luco
Adolfo Holley
Emil KörnerForces en présence 40 000
2 Torpilleurs1 200
1 monitor
1 Frégate blindée Blanco Encalada (1875)
1 croiseur
1 corvette
1 canonnière
(Janvier 1891)Pertes 1 Frégate blindée Blanco Encalada (1875) Notes 4 000 à 10 000 victimes Batailles Zapiga – Alto Hospicio – Punitaqui – Pisagua – Dolores – Huara – Pozo Almonte – Calderilla (naval) – Concón – Placilla – La guerre civile chilienne de 1891 fut la conséquence de l'opposition entre le Congrès National et le Président José Manuel Balmaceda et se termina par le suicide de ce dernier le 19 septembre 1891 dans l'enceinte de l'ambassade argentine où il avait finalement trouvé refuge après la défaite de ses partisans.
Libéral réformateur, José Manuel Balmaceda fut élu à la fonction présidentielle chilienne en 1886. Sous son mandat, les grandes infrastructures du pays connurent un considérable développement. Caractère entier aux tendances autocratiques, il travailla à renforcer les pouvoirs présidentiels en s'opposant ainsi au Congès National. Ce dernier tira profit de l'appui de la Marine nationale pour contrer ses ambitions. Une crise gouvernementale et la mutinerie pro-parlementaire de la Marine allait plonger le pays dans une nouvelle guerre civile de janvier au mois de septembre 1891.
Sommaire
Le chemin vers la Guerre civile
L'orage approche (1888 - 1890)
Le Président Domingo Santa Maria, prédécesseur de Balmaceda, avait déjà fait les frais d'un pronunciamento du Congrès national, particulièrement chatouilleux quant à son pouvoir et soucieux de réduire le mandat présidentiel à une simple fonction protocolaire et symbolique.
Après la victoire militaire à l'issue de la guerre du Pacifique, la soumission de Indiens Araucanias au sud et un assouplissement démocratique des lois électorales par abolition du cens, le mandat du libéral Balmaceda en 1886 s'ouvrait donc sous les plus heureux auspices.
Les revenus du nitrate assuraient de plantureuses rentrées financières qui permirent le développement généralisé du pays. En 1888, le Chili triomphant annexait l' Île de Pâques. Toutefois, le gouvernement ne fit aucune tentative pour réformer le système du papier-monnaie sous-évalué, ce qui excluait une partie des plus pauvres de la prospérité générale. De plus, le parti des Libéraux, celui du Président donc, était divisé, tandis que ses adversaire Conservateurs lui reprochaient son anti-cléricalisme. Ceux-ci affirmèrent leur opposition à la montée des « nouveux riches » libéraux proches des opinions philosophiques du Président en créant l'Université Catholique du Chili à Santiago en 1888. Finalement, Almaceda finit même par s'aliéner le soutien des Libéraux par son gouvernement autocratique.
L'incident de Punta Arenas (janvier 1891)
Peu après la fondation de la colonie de Punta Arenas en 1848, le gouvernement chilien commença à utiliser ce lointain site méridional comme colonie pénitentiaire pour la relégation de criminels de droit commun particulièrement dangereux. Les prisonniers furent placés sous la garde de militaires, eux-mêmes pour la plupart faisant l'objet de mesures disciplinaires. En dépit d'une violente mutinerie en 1851 dirigée par le lieutenant Cambiazo, la localité de Punta Arenas se développa de manière régulière.
Excédés par un rallongement arbitraire du temps de service et par des retards de paiement des soldes, une unité d'artilleurs se mutina une nouvelle fois en 1877. Les 11 et 12 novembre 1877, la localité fut saccagée par les mutins. Tous les bâtiments publics, excepté la chapelle et de nombreuses propriétés privées furent incendiées et il y eut 52 victimes, civiles et militaires. Les meneurs furent finalement déférés devant les tribunaux ou s'enfuirent en Argentine toute proche. Le gouvernement chilien renonça à maintenir le bagne de Punta Arenas, tout en maintenant une garnison sur place.
L'élection du Président José Manuel Balmaceda amena un nouveau développement des colonies, ports civils et militaires et d'une manière générale de toute l'infrastructure nationale des services publics - y compris l'achat de nouveaux vaisseaux en Europe pour la Marine chilienne. Malheureusement, la corruption marqua totalement l'attribution de ses marchés publics.
A la fin de 1890, une tension politique extrême régnait à Santiago et dans tout le pays, le Congrès National, supporté notamment par la Marine, s'opposant au Président Balmaceda. En janvier 1891, lorsque deux nouveaux navires de guerre venant d'Europe arrivèrent dans le port de Punta Arenas, leurs officiers défièrent l'autorité du Gouverneur civil Valdivieso, partisan du Président. Le Gouverneur reprit promptement les choses en main et pour éviter une répétition des dramatiques événements de 1877, re-dirigea les vaisseaux vers Buenos Aires, en Argentine. Il renforça ensuite la sécurité locale en obtenant l'envoi de 60 hommes de l'armée. Si elle restaura localement l'ordre, la mesure ne suffit cependant pas à empêcher la mutinerie de la Marine dans le reste du pays.
L'orage éclate
C'est qu'entre-temps, les relations entre le Congrès et la Président s'étaient considérablement tendues.Lorsqu'il était apparu que le Président Balmaceda manoeuvrait en vue d'imposer un de ses amis personnels à sa succession, le Congrès refusa de voter le budget du gouvernement. Balcameda chercha le compromis en acceptant d'agréer un cabinet ayant les faveurs des mandataires politiques mais celui-ci, à peine nommé, remis sa démission en signe d'opposition à la nomination à sa tête de Claudio Vicuna, le poulain de Balcameda à la présidence. Dans la foulée, une session extraordinaire de l'Assemblée pour la discussion du budget de 1891 fut annulée.
Balmaceda tenta de passer outre à l'opposition de ses adversaires politiques en publiant dans la grande presse un Manifeste à la Nation pour dénoncer les résultats catastrophiques pour l'économie du Chili, alors en plein essor[note 1], qu'aurait le bloquage « politicien » du Budget, prenant ainsi l'opinion publique à témoin. L'assemblée considéra que Balmaceda avait outrepassé ses prérogatives en agissant de la sorte, nomma le capitaine de marine Jorge Montt au titre de Président ad interim et somma Balmaceda de se soumettre à son autorité .. avant de purement et simplement le déposer, forte de l'appui militaire apporté par la mutinerie de la Marine dans le port de Valparaiso.
La chronologie des évènements de janvier 1891 étant assez confuse, il est difficile cependant de préciser si la mutinerie de la Marine favorisa le pronunciamento anti-présidentiel parlementaire ou si la Marine se rallia au coup d'état institutionnel de l'Assemblée nationale, l'arraisonnement des bâtiments à Punta Arenas par un partisan présidentiel en étant le déclencheur.
La junte congressiste et la Marine contre le Président et l'Armée
Le 06 janvier à Valparaiso,une partie des parlementaires anti-présidentiels embarquent avec Jorge Montt sur la frégate Blanco Encalada qui le lendemain, cingle vers le large en compagnie d'une partie de la Flotte en direction de Tarapaca. A ce stade, l'armée « présidentielle » ne réagit pas. Balmaceda par contre fait publier un décret dénonçant la «trahison» de Montt et de ses compagnons et mobilise 40.000 hommes pour faire face à la sédition parlementaire. Lorsque les nouveaux navires arrivant d'Europe,entrent dans les eaux territoriales chiliennes, il prend les mesures pour faire éloigner ces puissantes unités et les empêcher de se joindre aux mutins ( cfr incident de Punta Arenas).
Le 16 janvier, les premiers coups de feu sont titrés par la Blanco Encalada contre les forts de Valparaiso tenus par l'armée. Dans les semaines qui suivent, des unités débarquent sur différents points autour du port et un peu partout sur la côte chilienne. Les forces présidentielles tiennent Iquique, Coquimbo, Valparaiso, Santiago et Conception mais sont isolées faute de communications correctes. La flotte rebelle met alors le cap sur Pisagua. Si dans un premier temps les forces parlementaires remportent dès l'abord quelques succès locaux ( 16-23 Janvier ), elles essuient ensuite quelques coups d'arrêt qui ne les empêchent cependant nullement de recruter des partisans et de récupérer un important butin d'armes et de munitions qui lui faisaient cruellement défaut. Le 26, elles reprennent Pisagua et le 15 Février, la garnison balmacediste de San Francisco, commandées par Eulogio Robles est défaite à son tour. Cependant, Robles se replie le long de la voie ferrée, rameute les troupes fidèles d'Iquique, contre-attaque et bat l'adversaire le 17 à Huara.
Cependant, Iquique, privée de sa garnison, tombe le 16 entre les mains de la fronde congressiste qui y débarque de nouvelles troupes qui, sous le commandement du colonel Estanislao del Canto, marchent contre Robles. Le choc a lieu le 07 mars à Pozo Almonte. Le combat est âpre mais les troupes de del Canto, supérieures en nombre, prennent le dessus. Robles est tué et ses forces sont dispersées. Apprenant la nouvelle, les troupes nordistes fidèles au Président abandonnent la lutte. Une partie se réfugie au Pérou, une autre en Bolivie et le reste se replie péniblement à travers les Andes vers Santiago.
La sédition parlementaire, qui avait mis du temps à réellement s'organiser, commence a prendre confiance. Le 13 avril, la Junta Revolucionaria de Iquique est officiellement constituée sous la direction de Jorge Montt. Le nord du Chili est virtuellement en état de sécession.
Bibliographie
- Salvatore Bizzarro, Historical Dictionary of Chile, The Scaregrow Press, Inc. Metuchen, New-Jersey, 1972, (ISBN 0-8108-0497-2)
- Robert L. Scheina, Latin's America's Wars, the age of the Caudillo, 1791-1899, Brassey's Inc., Dulles, Virginie, 2003, (ISBN 1-57488-450-6)
- Agustin Toro Dávila, Sintesis historico militar de Chile, Editorial universitaria, Santiago, Chili, 1976, (ISBN 956-11-0274-8)
- Encyclopaedia Britannica édition du bicentennaire William Benton, Publisher 1968 Library of Congress catalog card nr 68-10064
Notes et références
- ↑ Le Chili était confiant en l'avenir : il venait de remporter la Guerre du Pacifique et avait ainsi étendu son territoire au détriment du Pérou et de la Bolivie et les formidables revenus du nitrate maintenaient la fiscalité au plus bas tout en permettant le développement économique et infrastructurel
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