Acholla

Acholla

Acholla est un site archéologique tunisien situé sur la côte, à quarante cinq kilomètres environ au nord de la ville de Sfax, au lieu désormais dénommé Boutria.

Sommaire

Histoire

Histoire ancienne

Selon l'historien Étienne de Byzance, la ville est fondée par des colons phéniciens venus de l'île de Malte. Ils se sont rangés aux côtés de Rome lors de la Troisième Guerre punique. Après la destruction de Carthage, la ville devient indépendante et reçoit le statut de cité libre[1]. Une pièce de monnaie à légende punique, portant la tête du dieu Ba'al Hammon coiffé de la tiare de plumes, ainsi qu'un sanctuaire de plage dédié très probablement à ce dieu et comportant des stèles avec le signe de Tanit ont été découverts, confirmant l'origine punique de la ville.

Lors de la campagne africaine de Jules César, Acholla, une ville de commerce maritime avec un port d'importance considérable, s'y rallie en le considérant comme le maître des mers. La victoire de César lors de cette campagne profite aux Achollitains pendant les deux siècles suivants, au cours desquels la ville atteint son apogée avec un monnayage abondant et plusieurs monuments somptueux[2].

Selon Louis Deroche, et en raison de ses rivalités avec les villes avoisinantes comme Thaena et Leptis, lorsque l'empire romain tombe dans les mains d'un préfet du prétoire thaenite et d'empereurs leptitains, les Sévères, Acholla désignée comme municipium aellium augustum (a)chlulitanum ne s'élève plus dans l'échelle juridique[3].

Au début du IVe siècle, la ville en grande partie convertie au christianisme a deux évêques connus : Restitutus en 484 et Quinus en 641.

La ville a dû être complètement abandonnée avant l'arrivée des Arabes puisqu'aucun géographe médiéval n'en mentionne l'existence.

Histoire des fouilles

Les premières fouilles ont lieu dès 1937, sous la direction de M. Bédé, et permettent de dégager le tophet[1].

Le site n'est véritablement identifié qu'en 1947 avec une inscription retrouvée sur place[1] mentionnant Populus Achollitanus. Les fouilles principales, qui débutent cette année-là et durent jusqu'en 1955[1], sont menées en particulier par Gilbert Charles-Picard.

Découvertes

Vestiges

Ruines d'Acholla

Les vestiges couvrent une surface d'environ cent hectares. Les fouilles ont permis de mettre au jour un tophet et des vestiges, principalement ceux de la cité romaine :

Œuvres déposées au Musée national du Bardo

Parmi la majorité de ces mosaïques, qui sont déposées au Musée national du Bardo dans une salle réservée au site d'Acholla, figurent :

  • Les travaux d'Hercule : mosaïque en forme de T de la salle à manger de la villa du sénateur Asinius montrant un quadrillage en « nœuds d'Héraklès » formant divers médaillons dans lesquels sont représentés des figures humaines, animales ou monstrueuses ; le héros est représenté au centre du pavement, muni d'une peau de lion, de sa massue et d'un arc, entouré de dix médaillons consacrés aux créatures qu'il a vaincues ;
Triomphe de Dionysos
  • un décor de voûte réfléchie prélevée de l'une des deux ailes de la grande salle du frigidarium des thermes dits de Trajan représentant le triomphe de Dionysos, des bustes des saisons et un cortège marin ;
  • un tableau central de la grande salle du frigidarium divisé par bandes contenant diverses figures et limitant des compartiments trapézoïdes offrant une suite de grotesques, un combat de centaures et de fauves, un thème dionysiaque représentant les ébats d'un satyre et d'une nymphe ; l'ensemble fait allusion à la maîtrise de Dionysos sur les forces sauvages et la joie de vivre qu'il procure ;
  • la mosaïque de la « maison des colonnes rouges » : des guillochis en guirlande de laurier déterminant six médaillons circulaires décorés de deux fleurons cruciformes et quatre bustes des saisons.

Bibliographie

  • Aïcha Ben Abed-Ben Khader, Le musée du Bardo, éd. Cérès, Tunis, 1992
  • Suzanne Gozlan, La maison du triomphe de Neptune à Acholla (Botria, Tunisie), tome I « Les mosaïques », éd. École française de Rome, Rome, 1992 (ISBN 2728302223)
  • Suzanne Gozlan, Nabiha Jeddi, Véronique Blanc-Bijon et Ariane Bourgeois, Recherches archéologiques franco-tunisienne à Acholla : les mosaïques des maisons du quartier central et les mosaïques éparses, éd. École française de Rome, Rome, 2001 (ISBN 2728305927)
  • Pascal Mongne, Archéologie : vingt ans de recherches françaises dans le monde, éd. Maisonneuve et Larose/ADPF.ERC, Paris, 2005, p. 253
  • Guy Rachet, Dictionnaire de l'archéologie, éd. Robert Laffont, Paris, 1983
  • Mohamed Yacoub, Musée du Bardo, éd. Institut national d'archéologie et d'art, Tunis, 1969
  • Mohamed Yacoub, Splendeurs des mosaïques de Tunisie, éd. Agence nationale du patrimoine, Tunis, 1995 (ISBN 9973917235)

Références

  1. a, b, c, d et e Guy Rachet, Dictionnaire de l'archéologie, éd. Robert Laffont, Paris, 1983, p. 8
  2. (fr) Gilbert Charles-Picard, « Acholla », CRAI, vol. 91, n°3, 1947, pp. 558-559
  3. Gilbert Charles-Picard, op. cit., p. 562
  4. a et b Mohamed Yacoub, Musée du Bardo, éd. Institut national d'archéologie et d'art, Tunis, 1969, p. 264
  5. Mohamed Yacoub, op. cit., p. 265

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Acholla de Wikipédia en français (auteurs)

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