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Cyclothymie
Classification et ressources externesCIM-10 F34.0 CIM-9 301.13 MeSH D003527 La cyclothymie est un trouble de l’humeur (troubles thymiques) allant de la forme la plus légère à la plus grave, proche de la maniaco-dépression. Le terme est anciennement identifiée en 1863 par le psychiatre allemand Karl Ludwig Kahlbaum. En 1898, Ewald Hecker, son disciple, qualifie la cyclothymie de « maladie circulaire de la sensibilité émotive » (Gemutserkrankung) et le Dr Pierre Kahn, médecin à la Pitié-Salpêtrière en 1909, évoque « une sorte de maladie très atténuée, un travers : la frontière qui précède immédiatement le domaine pathologique ». La cyclothymie a étrangement disparu des troubles diagnostiqués jusqu’à la fin des années 1970 lorsque Hagop Akiskal (en) a réintroduit le concept aux États-Unis.
Sommaire
Symptômes
La cyclothymie se caractérise par un état mental où se succèdent des périodes euphoriques et des périodes dépressives et d’irritabilité (états mixtes). L’humeur du cyclothymique passe facilement de la tristesse à la gaieté, de la joie à la douleur. Elle varie avec l’ambiance, est en accord avec la situation. On nomme aussi cet état syntonie. Les individus qui possèdent cette constitution ont leur humeur qui évolue par phases dont les changements, le plus souvent déclenchés par le milieu, se font brusquement. La tonalité de l’humeur imprègne toute la vie psychique, toute la conscience. Le cyclothymique est spontané, direct. C'est une personne dont le débit verbal peut s'emballer brusquement jusqu'au bégaiement accompagné de tics nerveux; elle a du mal à contrôler et/ou structurer ses propos.
La cyclothymie est un type de trouble bipolaire (lequel était autrefois appelé maniaco-dépression) selon les classifications officielles (DSM-IV et CIM 10) et celles du spectre bipolaire (Klerman, Akiskal) bien que certains experts la considèrent plus comme un trouble de la personnalité ou différent de la bipolarité. Pour la CIM 10, la cyclothymie (code F34.0) est définie comme une « instabilité persistante de l’humeur, comportant de nombreuses périodes de dépression ou d’exaltation légère (hypomanie), mais dont aucune n’est suffisamment sévère ou prolongée pour justifier un diagnostic de trouble affectif bipolaire (F31.-) ou de trouble dépressif récurrent (F33.-) ».
À la différence du trouble bipolaire 1, le cyclothymique ne connaît qu’une exaltation modérée (appelée hypomanie) et, à la différence du trouble bipolaire 2, les épisodes dépressifs sont modérés. Le trouble est établi si pendant de nombreux mois, des périodes à symptômes hypomaniaques, des périodes à symptômes dépressifs et d’irritabilité (états mixtes) alternent. Le trouble peut parfois déboucher sur un trouble bipolaire 1 (alternance de manies, de dépressions sévères et d’intervalles libres) ou un trouble bipolaire 2 (alternance d’hypomanies et de dépressions sévères).
Néanmoins, des études soulignent que les cyclothymiques sont touchés par la contamination au VIH au même titre que les personnes souffrant d’autres formes de troubles bipolaires, ce qui montrerait que les états d’excitation sont suffisamment intenses pour entraîner une désinhibition face au danger et un oubli du préservatif (voir article prise de risque sida).
Diagnostic et traitements
Le diagnostic de la cyclothymie (« Bipolar Disorder Spectrum » aux États-Unis bien que le terme cyclothymia existe aussi dans la langue anglaise) est souvent complexe et elle peut être soignée de différentes manières en fonction de la gravité du trouble :
- psychothérapie cognitive et comportementale, psychothérapie familiale ou interpersonnelle, thérapie de groupe ;
- traitement pharmacologique accompagnant ou non la psychothérapie : anticonvulsivants ou lithium (Sels de lithium).
Les spécialistes ne s’accordent pas toujours sur la différence entre le trouble (pathologie) et le tempérament (normalité). Ainsi, il semble qu’il faille retenir la souffrance ressentie (et non supportable) par le patient et les dysfonctionnements graves dans la vie sociale et affective de la personne.
Certains psychiatres ou psychologues comme Kay Redfield Jamison (Touched with Fire, 1993), Elie Hantouche et Régis Blain (La cyclothymie, pour le pire et pour le meilleur : bipolarité et créativité, 2008) ou au début du siècle dernier, Pierre Kahn, ont mis en évidence le lien entre la cyclothymie et la créativité. Ce dernier écrivait dans sa thèse doctorale de 1909 sur la cyclothymie : « Il faut cependant se demander si la réputation d’originalité, d’instabilité bohème que l’on attribue aux écrivains et aux artistes n’est pas le reflet d’une cyclothymie constitutionnelle ».
Actuellement, la cyclothymie peut-être sur-diagnostiquée (concept de « disease-mongering » développé par le psychiatre David Healy) ou ignorée car confondue avec des troubles de la personnalité ou des dépressions épisodiques.
Notes et références
Annexes
Articles connexes
Bibliographie
- La Cyclothymie. De la Constitution cyclothymique et de ses manifestations dépression et excitation intermittentes de Pierre-Kahn. Préface de M. G. Deny (1909).
- Des hauts et des bas : Bien vivre sa cyclothymie de Nicolas Duchesne (Odile Jacob, 2006).
- Cyclothymie : troubles bipolaires des enfants et des adolescents au quotidien d’Elie Hantouche et Barbara Houyvet (Josette Lyon, 2007).
- La Cyclothymie : pour le pire et pour le meilleur : bipolarité et créativité d’Elie Hantouche et Régis Blain (Robert Laffont, 2008).
- Soigner sa cyclothymie : 7 clés pour retrouver le contrôle de soi d’Elie Hantouche et Vincent Trybou (Odile Jacob, 2009).
- J’apprends à gérer ma cyclothymie : méthode pratique d’Elie Hantouche, Caline Majdalani et Régis Blain (Éditions J.Lyon, 2010).
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