Commandement civil et militaire d'Alger

Commandement civil et militaire d'Alger

Le Commandement civil et militaire d'Alger est l'organe gouvernemental constitué en Algérie française le 26 décembre 1942 et dirigé par le général Giraud suite à la libération d'une partie des territoires français d'Afrique du nord grâce au débarquement allié des 7 et 8 novembre 1942. Le Commandement civil et militaire constitue l'organe de décision au sein du Haut-commissariat de France en Afrique, précédemment créé par François Darlan.

Historique

L'amiral François Darlan, après une opposition de quelques jours ordonnée par le maréchal Pétain et le régime de Vichy, se rend compte de la réalité du rapport de forces et bascule dans le camp des Alliés. Le 13 novembre, il est reconnu comme « Haut-commissaire de France résidant en Afrique du Nord » par le général Eisenhower. Le général Giraud devient de son côté commandant des forces militaires en Afrique du Nord. Sur les conseils du général Robert Murphy, Darlan inclut les conjurés du 7 novembre et comprend en outre les grands feudataires. Le pouvoir est alors concentré entre ses mains et celles de son conseiller politique, le général Bergeret, ex-ministre de Vichy.

Mais le 24 décembre 1942, Fernand Bonnier de La Chapelle, un des activistes du 7 novembre enrôlé dans les Corps Francs d’Afrique, l'abat. Il sera exécuté, après un procès sommaire, le 26 décembre. La plus grande confusion règne. Des partisans du comte de Paris, dont Henri d'Astier de la Vigerie, tentent de favoriser l'accession au pouvoir du prétendant au trône[1].

Le 26 décembre, le général Giraud est nommé par les membres du Conseil impérial « commandant en chef civil et militaire de l’Afrique du Nord ». La candidature du comte de Paris ne semble pas avoir été envisagée. Celle de Charles Noguès, préféré par les vichystes et que Giraud affirmera plus tard avoir pensé un moment soutenir, n'a pas l'agrément des anglo-saxons du fait de son attitude pendant le débarquement en Afrique du Nord[2]. Le Commandement civil et militaire assume la gestion du Haut-Commissariat, qui exerce l'autorité sur l'Algérie française et le Protectorat français du Maroc, pendant que les combats contre Allemands et Italiens se poursuivent dans le Protectorat français de Tunisie. Darlan ayant précédemment obtenu le ralliement de l’Afrique-Occidentale française, celle-ci est également dans le camp giraudiste, tandis que l'Afrique-Équatoriale française est dans le camp gaulliste[3].

Giraud a conservé à ses côtés un certain nombre de collaborateurs de Darlan. Plusieurs des lois de Vichy se perpétuent momentanément, tolérée par les États-Unis malgré la colère du général de Gaulle. Le 30 décembre, Bergeret fait arrêter « à titre préventif » plusieurs personnalités, pour la plupart gaullistes, ayant participé aux opérations alliées du 8 novembre[4],[5]. Sous la pression alliée, les douze gaullistes arrêtés sont progressivement libérés, de même que les vingt-sept députés communistes précédemment internés. Le 20 janvier, Giraud nomme au poste de Gouverneur général Marcel Peyrouton, ancien ministre de l'intérieur de Vichy et acteur de l'abrogation du décret Crémieux.

Au début du mois de mars 1943, plusieurs mesures annoncent une prise de distance avec Vichy. Les effigies du Maréchal Pétain et les allusions à l'État français disparaissent progressivement des édifices publics et des documents officiels. Cette évolution est accélérée par l'arrivée, début mars, de Jean Monnet, envoyé par Franklin Delano Roosevelt pour épauler Giraud. Le 14 mars, Giraud prononce un discours qu'il qualifiera plus tard de « premier discours démocratique de [sa] vie », où il rompt avec Vichy en affirmant que l'armistice du 22 juin 1940 n'a pas engagé la France et que la législation promulguée depuis est sans effet[6].

Jean Monnet pousse Giraud à négocier avec de Gaulle après que la Conférence de Casablanca a constitué une première prise de contact. Plusieurs pans de la législation vichyste sont progressivement abandonnés. Giraud refuse cependant de revenir sur l'abrogation du décret Crémieux, ce qui aboutirait à rendre leur citoyenneté française aux Juifs d'Algérie, considérant qu' « en Afrique du Nord, les Juifs ne doivent pas être considérés autrement que les musulmans. Ce sont des indigènes pratiquant une religion différente de celle de leurs voisins, pas autre chose »[7]. De Gaulle arrive à Alger le 30 mai. Le 3 juin 1943, le Commandement civil et militaire d'Alger fusionne avec le Comité national français de Londres, pour former le Comité français de la Libération nationale.

Voir aussi

Notes et références

  1. Jacques Cantier, L'Algérie sous le régime de Vichy, Odile Jacob, 2002, pages 374-375
  2. Jacques Cantier, L'Algérie sous le régime de Vichy, Odile Jacob, 2002, pages 375-376
  3. Pierre Montagnon, La France coloniale, tome 2, Pygmalion-Gérard Watelet, 1990, pages 60-63
  4. Christine Levisse-Touzé, L'Afrique du Nord dans la guerre, 1939-1945, Paris, Albin Michel, 1998, 278-282
  5. Jacques Cantier, L'Algérie sous le régime de Vichy, Odile Jacob, 2002, page 377
  6. Jacques Cantier, L'Algérie sous le régime de Vichy, Odile Jacob, 2002, pages 378-379
  7. Jacques Cantier, L'Algérie sous le régime de Vichy, Odile Jacob, 2002, pages 379-380

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