- Comité d'étude et de liaisons des intérêts bretons
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Le Comité d'étude et de liaisons des intérêts bretons (CELIB) a été créé le 22 juillet 1950 par un groupe de personnalités dont René Pleven, Joseph Halléguen et Joseph Martray[1]. Dans le contexte de l’après-guerre, il s’agit de promouvoir le développement économique et l’identité de la Bretagne (cinq départements : Côtes-du-Nord, Finistère, Ille-et-Vilaine, Loire-Inférieure et Morbihan), en profitant du plan de reconstruction et du plan Marshall. Dynamisé par son secrétaire Joseph Martray, ce « lobby breton » obtient de nombreux aménagements (le Plan Routier Breton par exemple) et est à l'origine du processus de régionalisation en France (création en 1964 des CODER[2] dont la première sera créée en Bretagne).
Sommaire
Objectif
En 1950, la Bretagne est très en retard au plan économique (90 % des logements ruraux sont sans eau courante contre 34 % en France). Les idées-forces du CELIB sont alors de :
- permettre à la Bretagne de connaître une nouvelle phase de développement
- faire de la Bretagne une région prioritaire de la politique d’aménagement du territoire. Cette politique n’a jamais été conçue comme une politique d’assistance mais comme un cadre permettant aux initiatives régionales de se développer.
- redonner un second souffle à une industrie exsangue pour compenser les effets dramatiques de l’exode rural et un solde migratoire négatif
- sortir la région d’un isolement tant intellectuel que matériel
- maintenir ou retrouver un héritage culturel auquel les Bretons sont attachés
- contribuer au développement de la régionalisation.
Création
À l’occasion des élections législatives de 1951, le CELIB contacte tous les candidats afin de créer un intergroupe parlementaire, chargé de promouvoir ses projets ; seuls les communistes déclinent l’invitation[3]. Les statuts de l’organisation sont déposés le 30 octobre (publication au Journal officiel le 23 novembre), il s'agit d’une Association loi de 1901 financée par les 5 conseils généraux. Le président est René Pleven, assisté de trois vice-présidents : Paul Ihuel, député du Mouvement républicain populaire du Morbihan, André Morice, député du Parti radical de Loire-Inférieure et François Tanguy-Prigent, député socialiste du Finistère. Les réunions de l’intergroupe parlementaire sont mensuelles.
Initialement nommé CLIB (Comité de Liaisons des Intérêts Bretons), le groupe décide de fonder ses actions sur des études solides en s’associant notamment les services du géographe Michel Phlipponneau. Peu à peu, l’organisme regroupe au-delà des clivages politiques toutes les forces vives de la Bretagne et connait son apogée au milieu des années 1960. Pour une défense des intérêts bretons « transcendant les intérêts singuliers », il regroupe à cette époque l’ensemble des parlementaires bretons, les conseils généraux, 1 200 communes dont les maires des grandes villes bretonnes, l’ensemble des syndicats ouvriers (CGT, CFDT, FO, CFTC), les organisations patronales, les chambres de commerce et d'industrie, les chambres des métiers, les universités et les associations de défense de la culture et de la langue bretonne.
Histoire
En 1952, un rapport sur l’aménagement de la Bretagne est élaboré par le CELIB, ce dernier est homologué comme Comité régional d’expansion économique en 1955. L’année suivante, le rapport de 1952 est utilisé par le gouvernement de Guy Mollet, comme programme d’action régionale.
Le 13 juillet 1956, le premier Programme d'action régionale (PAR) est publié en Bretagne, grâce à l’action du CELIB. Les dossiers prioritaires sont le développement de l’agriculture, les activités maritimes, l’industrialisation, le développement du tourisme, etc. La Société de développement régional de la Bretagne (SDR) et la Société d’économie mixte pour l’aménagement et l’équipement de la Bretagne (SEMAEB) sont créées en 1957.
En 1958 commence le déclin consécutif à la « trahison des notables » : ralliement de certains membres à la Ve République. 1959 voit la création en France de 21 régions-programmes dont la Bretagne avec 4 départements (reprenant pour la Bretagne, les limites de la région économique éphémère de Rennes créée par le régime de Vichy). L’assemblée générale du CELIB adopte la « loi-programme pour la Bretagne » rédigée par le géographe Michel Phlipponneau à Lorient en 1962. Cependant le gouvernement français ne s’engage pas sur un plan de financement pluriannuel.
Dix plus tard, en 1971, c’est le nouveau CELIB avec parution d’un « Livre Blanc » (programme complet) pour la Bretagne, qui définit la région comme une « fédération de pays ». Ce Livre Blanc n’est que très mollement pris en compte par l'assemblée régionale, même si la politique en faveur des pays atteint 5 % du budget en 1976.
En 1977, sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing, a lieu la signature de la Charte culturelle bretonne entre l’État, le conseil régional de Bretagne et les conseils généraux bretons dont celui de Loire-Atlantique, qui reconnaît la langue et la culture bretonnes et vise leur pérennité.
Sources et bibliographie
- CELIB, Bretagne, une ambition nouvelle, Presses Universitaires de Bretagne, Saint-Brieuc, 1971, 169 p (ouvrage parfois qualifié de « Livre Blanc »)
- Jean-Pierre Cressard, Quand la Bretagne s'est réveillée, CELIB 1950-2000, Coop Breizh, Spézet, 2000, 157 p.
- Collectif, Toute l’Histoire de la Bretagne, ouvrage collectif réalisé par des universitaires et des enseignants, Éditions Skol Vreizh, Morlaix, 1999, (ISBN 2-911447-09-3)
- Claude Champaud, À jamais la Bretagne, préface de Joseph Martray, Éditions régionales de l'ouest, 1998, (ISBN 2855540909)
- Francis Favereau, Bretagne contemporaine, Éditions Skol Vreizh, Morlaix, 2005 (ISBN 2-911447-72-7)
- Martray (J.). 20 ans qui transformèrent la Bretagne. L'épopée du CELIB 22 juillet 1950-2 février 1969, Éditions France-Empire, Paris, 1983, 319 p.
- Jacqueline Sainclivier, La Bretagne de 1939 à nos jours, Éditions Ouest-France, Rennes, 1989, (ISBN 2-7373-0488-1)
Archives et études
- Les Archives départementales d'Ille-et-Vilaine conservent dans la sous-série 30 J les archives du CELIB, soit 18,50 mètres linéaires.
Parmi ces études et rapports, on trouve par exemple :
- Michel Boudard, préfacé par Michel Phlipponneau, Les problèmes du charbon en Bretagne, CELIB, 1961, (monographie, 130 p)
- H. De Guébriant, Le problème des débouchés des produits agricoles bretons, CELIB, 1953, 82 p.
- Michel Phlipponneau, Inventaire des possibilités d'implantations industrielles en Bretagne, CELIB, 1956, 164 p.
- Le problème des tarifs ferroviaires en Bretagne, CELIB, 1959, 30 p
Notes
- Jean-François Gravier. Joseph Martray avait publié en 1947, Le Problème breton et la réforme de la France. La même année, sortait Paris et le désert français du géographe
- COmmission D'expenssion Économique et Régionale.
- OTAN. Selon Jacqueline Sainclivier (voir bibliographie), le refus est motivé par la participation de la France à l'
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