- Claude Santelli
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Claude Santelli, né le 17 juin 1923 à Metz et mort le 14 décembre 2001, est un réalisateur, scénariste et producteur français.
Sommaire
Biographie
Claude Santelli est décédé le 14 décembre 2001, trois mois après un accident survenu sous le chapiteau du cirque Alexis Grüss. En septembre 2001, lors d'une des dernières répétitions de La Flûte enchantée, une éléphante l'avait pris avec sa trompe et l'avait projeté violemment au sol.
Exigeant en matière de qualité culturelle de ses spectacles, il adapta pour la télévision, dans le cadre de son émission Le Théâtre de la jeunesse, un grand nombre de pièces de théâtre ou de romans destinés à la jeunesse, qui faisaient découvrir à celle-ci une partie du patrimoine littéraire français et étranger : Cervantès, Maupassant, la comtesse de Ségur, Mark Twain, Diderot, Jules Verne, Herman Melville…
Il entra à l’ORTF en 1956 comme auteur et producteur au service des émissions jeunesse, où travaille déjà Jean-Christophe Averty pour les plus petits. Santelli aura la charge du divertissement des plus grands. L’année suivante, il adapte pour la télévision le roman de G. Bruno Le Tour de France par deux enfants, initiant ainsi la tradition des feuilletons télévisés. Cette série mettant en scène deux enfants orphelins de guerre à la recherche d'un oncle remporte un franc succès, rassemblant les Français devant leur écran tous les dimanches à 17h pendant trente-neuf semaines ! C'est le début d'une longue carrière marquée par une vision à la fois didactique et ludique, alliée à une maîtrise importante de ce nouveau média qu'était la télévision.
- La télévision comme outil d'instruction
Le tour de France par deux enfants contient déjà une forte portée didactique. Le feuilleton est en effet muet, commenté par Jean Topart d'après des textes de Santelli lui-même. Le périple des deux enfants est en fait un longue leçon morale et pédagogique, sous la forme d'un voyage initiatique où on apprend beaucoup de choses sur l'histoire, la géographie, les valeurs… Le tour de France par deux enfants durera trente-neuf épisodes d'une demi-heure. Puis il y a Livre mon ami, autre émission éducative ayant pour objectif de présenter des livres aux plus jeunes. Mené avec talent par Claude Santelli et Colette Cotti, le succès du programme est tel qu'il dure une décennie (de 1958 à 1968). Sa diction, précise et forte à la fois, reste dans l'oreille de beaucoup.
Ensuite, Santelli revient à ses premières amours, le théâtre, par le biais d'une émission, Le théâtre de la jeunesse. Il y supervise tout : choix des sujets, des comédiens, des auteurs (lorsqu'il n'écrit pas lui-même les adaptations). Son but est clairement de faire une émission populaire, qui passionne les masses. Il choisit donc des intrigues claires, privilégie l'action, le tout ajouté d'une touche morale. Il s'efforce aussi de traduire en langage dramaturgique ce qui appartient au langage romanesque. Ainsi sont adaptés de grands auteurs : Cervantes, Dickens, Eugène Sue, Jules Verne, Herman Melville, Victor Hugo… La méthode Santelli est fructueuse : la série dure six ans et passe de la case horaire du jeudi soir au dimanche après-midi, heure de plus grande écoute.
Santelli s'attaque aussi à la littérature avec Les cent livres des hommes (1969-1973) en collaboration avec Françoise Verny. Dans la même veine que Jean-Claude Bringuier, mais dans un style différent, il va s'investir dans la conception et la réalisation de plusieurs portraits de personnalités fortes dont notamment André Malraux dans la série éponyme sous-titrée « la légende du siècle ». Que ce soit avec Malraux, ou avec le pianiste Samson François, l'important dans ces portraits est de voir comment un être par ces qualités humaines qu'on appelle le talent, la sagesse, la sensibilité et bien d'autres, arrive à nous faire partager sa passion, ou son art. De même il s'intéressera aussi à l'histoire, notamment à travers 1936 ou la mémoire d'un peuple où il évoque le Front populaire et L'An quarante réalisé en 1983. Il réalise deux ans plus tard L'Année terrible (1871). Il cherche toujours à y imprimer une conscience, en dramatisant des documents historiques. Dès ses premières réalisations, pour arriver à ses fins Santelli adopte déjà une logique télévisuelle.
- Un style novateur et efficace
« J'ai une forme de sensibilité qui me conduit au mouvement de caméra, je veux épouser avec le mouvement de caméra le moment d'une réplique, le moment d'un sentiment qui passe entre deux êtres. »[1]
Le style Santelli est donc d'abord marqué par le mouvement. La caméra suit les personnages, les accompagne au fil de l'histoire, de manière à recréer une atmosphère. De fait, le montage est très peu utilisé par le réalisateur, celui-ci préférant les plans-séquences. Ce style est notamment facilité par le fait que dans une dramatique tous les acteurs sont présents en même temps, et tous les décors sont entièrement mis en place. Pas besoin du traditionnel découpage en champ/contrechamp par exemple, suivant les disponibilités des acteurs. L'image conserve une forme de fluidité, de cohérence et de continuité, permise par un dispositif très télévisuel également, impliquant la mise en place de nombreux rails de travelling. Tout ce travail ne serait rien sans l'effort et le talent de toute une équipe qui compte le chef machiniste Jean-Claude Hagué, sans qui toute la logistique déployée pour les rails ne serait pas. Ce style est aussi en quelque sorte hérité du théâtre où tout a lieu dans la continuité.
Lorsqu'il s'investit dans l'adaptation littéraire avec Les Cent Livres des hommes, Santelli cherche une forme nouvelle, plus hétérogène. En effet il mêle scènes jouées, avec des témoignages sur le livre, ou des images d'actualités. L'idée est de reproduire l'ambiance de l'œuvre, son esprit, de manière à donner envie de la lire. De fait l'image ne remplace pas le texte comme dans une adaptation classique, mais l'encadre voire le complète. On a donc un propos pédagogique, mais qui se veut dynamique par le travail sur l'atmosphère. C'est dans l'une de ces émissions consacrée à Marcel Proust que débute Isabelle Huppert.
En outre, Claude Santelli évite souvent les reconstitutions coûteuses au profit de dispositifs plus ludiques, sollicitant l'éveil et l'imagination de son public. Par exemple, dans Le matelot de nulle part, fresque navale épique, Santelli choisit de représenter les combats, assauts, et autres tempêtes par le biais d'un montreur d'images. De fait, même à travers son style, Santelli conçoit la télévision comme un outil qui doit enrichir celui qui la regarde et non l'abrutir.
- Un téléaste engagé
Claude Santelli s'est toujours engagé pour une télévision privilégiant l'imagination, la créativité et l'éducation, face à une certaine uniformisation incarnée par l'avènement des grands groupes économiques. À la tête de la SACD pendant une dizaine d'années, de 1982 à 1992, il y milita pour la création de quotas en faveur de la création audiovisuelle française. Il créa aussi l'association Beaumarchais avec Jean Matthyssens. Son objectif étant d'aider à déceler de nouveaux talents, de nouveaux auteurs, de futurs maîtres dans un panel de domaines allant du cinéma à l'opéra, en passant par le cirque, le théâtre, la radio, la télévision… L'association Beaumarchais, affiliée à la SACD, est aujourd'hui dirigée par Paul Tabet.
Aujourd'hui, alors que le débat sur les contours d'une télévision publique forte est relancé, il n'est pas donc pas inintéressant de se pencher sur un réalisateur tel que Claude Santelli, incarnation de cette télévision « institutrice et saltimbanque » voulue par Jean d'Arcy.
Filmographie
comme réalisateur à la télévision
- 1968 : Sarn
- 1970 : Lancelot du lac
- 1971 : Le Malade imaginaire
- 1972 : André Malraux, la légende du siècle
- 1973 : Histoire vraie
- 1973 : Histoire d'une fille de ferme
- 1974 : Madame Baptiste
- 1974 : Le Port
- 1974 : La Confession d'un enfant du siècle
- 1975 : Le Père Amable
- 1976 : Première neige
- 1977 : La Vérité de Madame Langlois
- 1977 : Le Chandelier
- 1979 : La Chaîne
- 1980 : Le Neveu de Rameau
- 1981 : Le Légataire universel
- 1982 : L'An 40
- 1982 : L'Épreuve
- 1983 : Orphée
- 1984 : Jacques le fataliste et son maître
- 1985 : L'Année terrible
- 1990 : Colette: Duo (Duo)
- 1990 : L'Ami Giono: Ennemonde
- 1992 : Mademoiselle Fifi ou Histoire de rire
- 1996 : La Comète
comme scénariste
- 1953 : Bonjour Paris, ou la Tour prend garde (long métrage d'animation)
- 1957 : Le Tour de France par deux enfants (série TV)
- 1962 : Le Théâtre de la jeunesse : Gavroche (TV)
- 1962 : Le Théâtre de la jeunesse : Oliver Twist (TV)
- 1962 : Quatre-vingt-treize (TV)
- 1964 : Le Théâtre de la jeunesse : Le matelot de nulle part (TV)
- 1965 : David Copperfield (TV)
- 1965 : Gaspard des montagnes (TV)
- 1967 : Huckleberry Finn (TV)
- 1967 : Le Théâtre de la jeunesse : Le secret de Wilhelm Storitz (TV)
- 1970 : Lancelot du lac (TV)
- 1972 : André Malraux, la légende du siècle (TV)
- 1973 : Histoire d'une fille de ferme (TV)
- 1974 : Madame Baptiste (TV)
- 1974 : Le Port (TV)
- 1975 : Le Père Amable (TV)
- 1976 : Première neige (TV)
- 1977 : La Vérité de Madame Langlois (TV)
- 1977 : Le Chandelier (TV)
- 1979 : La Chaine (TV)
- 1981 : Le Légataire universel (TV)
- 1985 : L'Année terrible (TV)
- 1986 : L'Héritage (TV)
- 1990 : L'Ami Giono: Ennemonde (TV)
- 1992 : Mademoiselle Fifi ou Histoire de rire (TV)
- 1996 : La Comète (TV)
comme producteur
- 1969 : Les Cent livres des hommes (série TV)
Théâtre
Auteur
- 1956 : La Famille Arlequin de Claude Santelli, mise en scène Jacques Fabbri, Théâtre Antoine
- 1958 : Lope de Vega de Claude Santelli, mise en scène Jacques Fabbri, Théâtre de la Renaissance
Metteur en scène
- 1978 : Les Rustres de Carlo Goldoni, Théâtre de la Michodière
- 1985 : Olympe dort et La Donna de Constance Delaunay, Petit Odéon
- 1985 : Britannicus de Racine, Festival de Vaison-la-Romaine
- 1987 : Génousie de René de Obaldia, Théâtre national de l'Odéon, Théâtre des Célestins
- 1987 : Maison de poupée d'Henrik Ibsen, Théâtre de la Commune
- 1992 : Potestad d'Eduardo Pavlovsky, Lecture de Jean-Louis Trintignant, Festival d'Avignon
- 1992 : Notes de service de Jean Vilar, direction artistique Claude Santelli, par Judith Magre, Festival d'Avignon
- 1996 : William Shakespeare, Lecture de Jean-Louis Trintignant, Festival d'Avignon
Récompenses et nominations
- Le Père Amable, 1976, Prix de l’image, Fondation de France et 2 Emmy awards aux USA.
Notes et références
- Cahiers de la production télévisée n° 13, décembre 1976
Sources
- Christian-Marc Bosséno, 200 téléastes français, Courbevoie, « CinémAction », 1989
Liens externes
- Claude Santelli sur l’Internet Movie Database - Version plus complète en anglais
- Le site de l’association Les Amis de Claude Santelli
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