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Château de Choisy
Le château de Choisy était un château royal situé à Choisy-le-Roi (actuel département du Val-de-Marne).
Entre 1678 et 1686, Mademoiselle de Montpensier, cousine de Louis XIV, dite « la Grande Mademoiselle », fait l'acquisition pour 40 000 livres d'une « maison de plaisance » située à Choisy et fait construire à la place un château sur des plans de Jacques IV Gabriel. Ce château est connu par des gravures de Mariette, Pérelle et Aveline. La décoration sculptée est l'œuvre d'Étienne Le Hongre. André Le Nôtre intervient sur les jardins : trouvant le site sinistre (« On n’y voyait la rivière que comme par une lucarne. »), il conseille de commencer par « mettre bas tout ce qu’il y avait de bois », ce qui fut fait, si l'on en juge par les gravures du temps.
Le château passe ensuite en 1693 au Grand Dauphin, qui l'échange contre le château de Meudon avec Anne de Souvré, veuve de Louvois. En 1716, il est vendu à Marie Anne de Bourbon (1666-1739), princesse douairière de Conti, fille légitimée de Louis XIV et de Madame de Lavallière. En 1739, Louis XV, désireux de disposer d'une résidence à proximité de la forêt de Sénart, dans laquelle il aime à chasser, en fait l'acquisition.
À partir de 1740, des travaux d'agrandissement sont entrepris sous la direction d'Ange-Jacques Gabriel, premier architecte du Roi, pour rendre le château digne de son royal propriétaire. Le corps central est doublé en profondeur. On construit une salle de spectacles, des écuries, une orangerie, un pavillon des bains et un Petit Château, destiné à servir de retraite intime au Roi. Les travaux de poursuivent jusqu'en 1777, mais Louis XV peut occuper sa nouvelle résidence dè 1741.
Madame de Pompadour fait de fréquents séjours à Choisy à partir de 1746, date à laquelle le Roi lui en attribue la jouissance. Après la mort de Louis XV, Marie-Antoinette séjourne également souvent à Choisy.
Des archives et des mémoires ont permis de reconstituer en partie la vie de Louis XV, de la marquise de Pompadour et d'une partie de la cour dans le château de Choisy, pour l'occasion nouvellement aménagé au goût du roi et de sa maîtresse, bienfaitrice des arts, des sciences et des lettres. Il était donné notamment des soupers fins, avec une trentaine d'invités, parfois plus, où les convives donnaient libre cours à leur désir et à leur goût en matière de cuisine et de gastronomie. Le service en effet était "à la française", c'est-à-dire avec de trois à cinq services où étaient présentés à chaque fois plusieurs dizaines de plats différents répartis sur les tables. Le vin qui n'était jamais présent sur la table (comme les verres) était servi "à la demande", puisque le convives avaient la possibilité de demander aux quelques valets présents de les servir ou de choisir des vins disponibles ou encore en cave. Très différents du protocole accompagnant les repas officiels du Château de Versailles, ces soupers participent à l'essor de la cuisine et de la gastronomie moderne, à l'origine de la cuisine française telle qu'elle est encore aujourd'hui célébrée en France et à l'étrange : produits de qualité (écrevisses), poissons, volailles, gibiers et viandes de boucherie (veau, boeuf, agneau), cuisine au beurre, légumes verts, fruits de saison, cuisine simple mais inventive, cuissons réduites, cuisine bourgeoise, art de la table, confort, calme et volupté. L'art de la conversation sans pour autant tomber dans la rhétorique et les jeux de mots se marie ici aux arts de la table au service des plaisirs des convives.... Paradoxalement, c'étaient les jours en maigre, lorsqu'il n'y avait que des produits de la mer ou de rivière à table que ces repas étaient les plus luxueux et probablement les plus fins (turbots, truites, esturgeons, bars, écrevisses...). Il existe un article universitaire relativement exhaustif et complet qui présente à la fois le cadre (le Château, le roi, la marquise et leurs convives) et ces soupers, en mettant l'accent justement sur la partie maigre. Cette recherche a été réalisée sous la direction de Daniel Roche, professeur au Collège de France, spécialiste du XVIIIe siècle et de la culture matérielle, et de Jean-Louis Flandrin, directeur d'Etudes à l'Ecole des Hautes-Etudes en Sciences Sociales, spécialiste de l'histoire de la sexualité et de l'alimentation. [1]
Sous la Révolution française, le château, confisqué comme bien national, est divisé en plusieurs lots et vendu. Les bâtiments, abandonnés, tombent progressivement en ruines et finissent par être démolis dans le courant du XIXe siècle.
Il ne reste aujourd'hui du château de Choisy que de très faibles vestiges :
- une aile de communs, constituée d'un long alignement de bâtiments bas (Cité Anatole-France) ;
- les deux pavillons d'entrée, encadrant un saut-de-loup et bordés d'un fossé sec.
- ↑ réfé↑ Julien Lefour, La marée lors des soupers de Louis XV avec la marquise de Pompadour, in Elisabeth Ridel, Éric Barré, André Zysberg, sous la direction de, Les nourritures de la mer, de la criée à l'assiette, Actes du colloque, Centre de recherche d'histoire quantitative, Histoire maritime, N°4, Caen, 2007, 25 p.
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