Chrétiens de saint thomas

Chrétiens de saint thomas

Chrétiens de saint Thomas

Les chrétiens de saint Thomas sont un ensemble de communautés et d'Églises dans le sud de l'Inde dont l'origine remonte aux débuts du christianisme. Si l'on en croit la tradition locale, l'apôtre Thomas serait arrivé en terre indienne en 52 pour évangéliser le pays, ce qui fait que l'Inde aurait connu une christianisation bien antérieure à celle de l'Europe. De nos jours, plusieurs Églises orientales existent toujours au Kerala. Elles sont de tradition syriaque ou syrienne. Leur histoire est très mouvementée avec de nombreuses scissions et recompositions.

Croix dite de saint Thomas

Sommaire

Histoire du christianisme au Malabar / Kerala

Article détaillé : Église de Malabar.

L'implantation du christianisme en Inde

Les Chrétiens du Malabar font remonter leur origine à l'apostolat de saint Thomas, l'un des disciples du Christ, en 52. Que cette origine soit historique ou légendaire, l'implantation du christianisme dans cette région du sud de l'Inde est en tout cas très ancienne, attestée dès le quatrième siècle.

Cette ancienne Église de Malabar était sous la juridiction du Catholicos de Séleucie-Ctésiphon (Église de Perse) qui dépendait du Patriarcat d'Antioche et de tout l'Orient avant qu'il ne s'en sépare en adoptant tardivement le nestorianisme, doctrine défendue par Nestorius, ancien Patriarche de Constantinople, jugée hérétique parce que séparant trop nature humaine et divine en Christ. C'est donc ce catholicosat de Séleucie-Ctésiphon qui, sur l'ordre d'Antioche en raison des difficultés politiques qui séparaient la famille syro-antiochienne entre les deux juridictions impériales romaine et perse, lui envoya dès les premiers temps des évêques pour ordonner des diacres et des prêtres.

Après le schisme nestorien qui brisa l'unité de l'Église syrienne, l'Église de Malabar en connut les conséquences par l'installation d'une double hiérarchie :

  • Syriaque occidentale pour les orthodoxes antiochiens célébrant selon les Livres de la liturgie syro-occidentale (Églises des trois Grands Conciles oecuméniques : Ephèse, Nicée, Constantinople), d'une part ;
  • Syriaque orientale (assyro-chaldéenne appartenant désormais aux Églises dites « des deux conciles » par leur refus tardif, à la suite de Nestorius, des conclusions du concile d'Éphèse), célébrant selon les Livres conformes à la liturgie syro-orientale.

Ces deux juridictions célèbrent, pour leurs liturgies, selon deux variantes (occidentale ou orientale) d'une même langue : le syriaque, dérivé de l'araméen, la langue parlée par le Christ. Le chef de l'Eglise locale, qui avait une grande autonomie, était un métropolite de l'Église de Perse depuis au moins le VIIIe siècle. Il occupait la dixième place dans la hiérarchie de l'Église et portait le titre de Métropolite de toute l'Inde. Mais comme les métropolites ne parlaient généralement pas la langue locale, le pouvoir était en fait entre les mains d'un prêtre indien qui portait le titre d'Archidiacre et Porte de toute l'Inde. C'était lui le véritable chef civil et religieux de la communauté. Cette situation dura jusqu'à l'arrivée des Portugais au début du XVIe siècle.

L'implantation du christianisme en Chine

Dans le livre Thomas fonde l'Église de Chine (Editions du Jubilé), Pierre Perrier et Xavier Walter montrent, avec de multiples arguments et exemples, que l'apôtre Thomas a évangélisé une petite partie du territoire chinois entre l'an 65 et l'an 68. Ce qui placerait la Chine comme l'un des tout premiers pays christianisés du monde. Arrivé par la mer à Lianyungang (en français : port touche nuage), Thomas remonte avec son collaborateur-interprète Shofarlan (notre annonceur en araméen) en partie le fleuve Houang Ho après être passé à Xuzhou, où le prince Ying gouverneur de la province maritime et beau-frère de l'empereur Mingdi accueille favorablement la prédication de l'apôtre, puis à Kaifeng, la base hébraïque du commerce de la soie par la mer, pour arriver à Luoyang la capitale après la ruine de Chang-Hang. L'empereur les reçoit et leur affecte un terrain à l'est de la ville où ils construisent une église de mission en 67. Sur le mur nord de celle-ci sera peinte vers 148 une fresque représentant un Roi avec une couronne dorée occidentale, tenant un glaive à la main et monté sur un Cheval Blanc, ce qui donnera désormais au bâtiment le nom de Temple du Cheval Blanc (Baïma Si). Après le départ en 68 de Thomas et le succès rapide de l'évangélisation, le prince Ying est destitué en 70 ce qui, pour les archéologues chinois, fixe la datation de 69 après J-C des grands bas-reliefs sculptés découverts à Lianyungang. Il s'agit d'une frise de 25 mètres de long comportant deux familles distinctes et bien discernables de gravures : encadrant la cinquantaine de personnages datables de 69, un groupe moins marqué mais de même importance numérique de style bouddhique chinois a été gravé postérieurement à 311, qu'il faut donc exclure de l'étude.

Les bas-reliefs du premier siècle se composent de deux groupes de grands personnages de facture parthe caractéristique du Khouzistan, et qui n'ont pas eu de descendance connue en Chine. L'un représente une Nativité et l'autre une liturgie judéo-chrétienne tous deux très reconnaissables à des signes bien connus par l'archéologie et les textes relatifs à la première Église en Terre sainte et en Syrie ; ceci conforte la recherche actuelle dans l'art parthe du premier siècle des sources iconographiques paléo-chrétiennes avant l'influence gréco-romaine à la fin du second siècle. L'ensemble de la frise représente de droite à gauche la visite du prince Ying à son frère l'empereur, puis l'accueil fait par celui-ci à la prédication de Thomas et Shofarlan, pour aboutir à la réunion d'une communauté importante et à son accès à la célébration liturgique conclusive. Cette frise forme une sorte de bande dessinée dont nous commençons avec l'aide des instituts de recherche historiques chinois à identifier les personnages principaux en particulier dans les chroniques historiques chinoises en commençant par le Houhanshu. En effet ces instituts soupçonnaient depuis longtemps une mauvaise interprétation des textes et la présence d'une forte communauté chrétienne dès le second siècle, particulièrement au Sechouan, dont ils ont maintenant retrouvé la trace sous les Han, les Wei et les Jin (deux empereurs chrétiens) ; cette ré-attribution a conforté les études historiques religieuses après le premier siècle en attribuant à la présence chrétienne bien des textes anciens qui faisaient partie des manuels d'histoire chinoise jusqu'aux T'ang. À Luoyang la destruction en 190 de la ville et du premier Baïma-Si sera suivie d'une renaissance au troisième siècle ; sous les Wei et plusieurs fois ensuite, le temple sera alors reconstruit à coté des ruines de l'ancien, jusqu'à l'état actuel, mais il sera réaffecté au bouddhisme qui le considère comme son temple le plus ancien. La frise de Lianyungang a été remise en état récemment et on en recommande la visite impressionnante ainsi que la lecture des stèles du Baïma-Si à condition de tenir compte de la réattribution récente. Celle-ci n'est pas encore officiellement reconnue : après la religion ancienne (avec sacrifices) disparue comme à Rome, un ensemble de rites issus d'un syncrétisme chamanisme-christianisme-bouddhisme-taoïsme est resté le rituel impérial officiel jusqu'à la fin, mais le judaïsme et le christianisme inculturés en Chine se révèlent désormais comme les plus anciennes religions chinoises constituées. Ceci n'est pas du goût de tout le monde, on peut le comprendre.

Les travaux scientifiques continuent à partir d'une base de données français-chinois et des parties les plus anciennes en araméen des Actes de Thomas et d'autres sources indiennes ou irakiennes (déjà plus de 700 pages). D'autre part, de nouvelles investigations sur Kong Wang Shan sont en cours. Présentement, les chercheurs n'ont pas employé au début leurs propres photographies, et n'ont utilisé, comme dans le livre, que les photos communiquées par le département des religions populaires de l'université de Nankin, dont dépend le site, et celles du musée Guimet. Les conclusions du livre sont donc basées sur des documents iconographiques apportés par d'autres chercheurs et qui, pour certains, sont même accessibles sur le web (sites touristiques chinois, notamment Lo-tour) ; beaucoup d'autres sont arrivés depuis lors. Les objections sur une supposée insuffisance de documents montre l'ignorance de leur auteur et surtout sa difficulté à appréhender un raisonnement et à apprécier la valeur des documents déjà publiés. Les études complémentaires se portent sur les nombreux textes chinois encore peu connus, qui ouvrent des pistes très éclairantes. Leur parution et interprétation vont, à coup sûr, placer les recherches sur le christianisme chinois comme un contributeur majeur à la connaissance de l'Église des origines.

La domination portugaise

Arrivés dans la région au début du XVIe siècle, Vasco de Gama puis de Gabral s'assurèrent de l'estime du roi Hindou de Cochin, de manière à ce que toute la contrée passât sous le contrôle des Portugais qui firent pression sur l'église locale appelée Syro-malankare pour une union avec Rome et par ces nombreuses pressions, semèrent trouble et division au sein des chrétientés syriaques. Il s'agissait, selon eux, de « ramener » ces chrétiens jugés « séparés », et qui plus est peut-être « hérétiques », au sein de l'Église catholique-romaine. En juin 1599, l'archevêque de Goa: Alexis de Menendez, convoquait l'assemblée générale, qualifiée plus tard de synode de Diamper, afin de décider de cette union. C'est l'origine de l'actuelle Église catholique syro-malabare. Les chrétiens syriens du Malankar (ou Malabar) contraints d'accepter cette "romanisation", y perdirent leur autonomie structurelle et supportèrent une rupture en matière liturgique du fait d'une latinisation des usages dès lors que l'archevêque de Menendez ordonna que furent brûlés d'antiques manuscrits liturgiques. Les chrétiens de St Thomas dépendraient dès lors d'un diocèse suffragant de Goa, le diocèse Angamali gouverné par des évêques latins et jésuites.

La résistance / réaction syrienne

Un vent de révolte grondait. L'union à Rome ne s'est pas faite sans résistance. Une partie du clergé et des fidèles la refusèrent lorsque les latins portugais, sur l'ordre de l'archevêque de Menendez (initiateur du synode de Diamper), décidèrent de détruire et brûlèrent effectivement de nombreux ouvrages liturgiques et patrologiques communs aux deux Églises syriennes occidentale (orthodoxe) et orientale (assyro-chaldéenne). L'archidiacre refusant les "latinisations", après avoir en vain multiplié les recours à Rome, réunit peuple et clergé qui se lièrent à la "Croix de Coonan" où ils firent le serment solennel de rester fidèle à leur tradition liturgique et patrologique.

La multiplication des Églises

Églises orientales du Kerala (chrétiens de saint Thomas)
Syriaque occidental Syriaque oriental
Anglicans Orthodoxes orientaux Catholiques orientaux Assyriens
Église malankare Mar Thoma Église malabare indépendante Église malankare orthodoxe Église syro-malankare orthodoxe Église catholique syro-malankare Église catholique syro-malabare Église malabare orthodoxe

L'église malankare Mar Thoma quoique liée par des accords pastoraux à l'Église malabare indépendante, n'est pas en pleine communion avec les Églises orthodoxes orientales en raison de l'influence anglicane exercée sur ses pratiques.

Vie communautaire

Les Knanayas

Les Knanayas forment un groupe à part au sein des Chrétiens du Kerala, probablement issus de descendants d'immigrants judéo-chrétiens originaires du sud de la Mésopotamie arrivés en 345. [1]

  • Archidiocèse catholique knanaya de Kottayam (Église cath. syro-malabare)
  • Diocèse orthodoxe ("jacobite" c'est à dire directement dépendant de l'Eglise Patriarcale d'Antioche et de Tout l'Orient) knanaya de Chingavanam (Église syriaque orth.)

Les différentes Églises

Église orientale dans la région des Backwaters au Kerala

Églises des deux conciles

Églises des trois conciles

Églises catholiques orientales

Église épiscopale indépendante liée à l'anglicanisme

  • Eglise malankare Mar Thomas

Églises réformées

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

Bibliographie

  • Jean Étèvenaux, Histoire des missions chrétiennes, Éd. Saint-Augustin, Paris, 2004 (ISBN 2880113334) (Chap. IV : l'ancienneté du christianisme indien)
  • Jean-Pierre Valognes, Vie et mort des Chrétiens d'Orient, Fayard, Paris, 1994 (ISBN 2213030642)
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