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Cheval dans l'art
L'art occidental a toujours accordé au cheval une place de choix. Jusqu'à la récente mécanisation des activités de transport, le cheval était présent partout sur les routes, à la ferme et sur les champs de bataille. Le rôle utilitaire du cheval ne suffit cependant pas à lui seul à expliquer sa prééminence dans les œuvres majeures qui contribuent largement au patrimoine mondial de l'histoire de l'art.
Sommaire
L'avènement du « cheval-piédestal »
Les premières représentations d’équidés sont celles des chevaux nus que l'on peut encore admirer sur les parois des grottes ornées par l'Homo Sapiens il y a 20 000 ans
La domestication du cheval a fait du cheval un animal de trait, puis un animal de selle. Le cheval devient l'allié de toutes les guerres. Le sculpteur Phidias, au Ve siècle av. J.-C., représente des chevaux sur les frises du Parthénon. Rome, trouve un avantage politique à représenter un empereur vainqueur sur son cheval plutôt qu'à pied. Les artistes romains inventèrent alors le concept de « cheval piédestal »[réf. nécessaire], dont la Statue équestre de Marc-Aurèle à Rome (restaurée par Michel-Ange) est le prototype. Donatello, Verrocchio et bien sûr Léonard de Vinci porteront à la perfection ce type de représentation à la Renaissance : un cheval majestueux, une fois et demi plus grand que la taille normale, un antérieur levé. De nombreuses études préparatoires étant indispensables à la fabrication de ces statues équestres monumentales, les artistes de l'époque, même si leur goût pour le cheval était modéré, se devaient d'être experts tant en anatomie qu'en science du mouvement équin. Léonard s'est particulièrement engagé dans ces recherches comme en témoignent les nombreux dessins qu'il a légués.
Article connexe : Statue équestre.Le portrait à cheval
A partir du milieu du XVe siècle, le portrait à cheval devient un genre pictural à part entière dans lequel tous les artistes dignes de ce nom doivent s'illustrer. De François Ier à Napoléon Bonaparte, même si la mode et le style évoluent au fil des temps, le message politique est le même : gouverner les hommes comme on monte à cheval. Dans son ouvrage L'homme et les animaux domestiques Jean-Pierre Digard rapporte ces quelques mots du Duc de Newcastle (1592-1676), écuyer réputé: « Un Roy, étant bon cavalier, saura mieux gouverner ses peuples, quand il faudra les récompenser ou les châtier, quand il faudra les aider doucement ou en quel temps il sera raisonnable de les éperonner ». Cette symbolique du pouvoir de l'homme et de sa monture ne s'arrête pas avec l'abolition de la monarchie. Quand au XIXe siècle la bourgeoisie montante s'oppose à la noblesse, c'est encore à cheval qu'elle aime que l'on fasse son portrait dans les allées du Bois de Boulogne. Les belles amazones de Alfred de Dreux et les dandys à la Maupassant ne chevauchent plus les ronds chevaux espagnols d'Antoine de Pluvinel ou de La Guérinière, mais des pur-sang anglais taillés pour la vitesse ou des arabes.
Évolution du cheval dans l'art
Les œuvres du passé sont une source de renseignements sur les types de chevaux appréciés selon les époques et sur la façon dont ils étaient conduits et montés. Le Moyen Âge et ses chevaliers munis d'armures si lourdes que leur porteur ne pouvait se relever s'il était désarçonné, réclamaient des chevaux sans doute peu aptes au grand galop mais capables de subir l'assaut des tournois et des combats[réf. nécessaire]. Ces destriers, campés sur leurs quatre pieds, sont rendus par Ucello, dont la scène de bataille à la composition géométrique et aux couleurs tranchées ont inspiré les cubistes bien plus tard[réf. nécessaire].
A la Renaissance, les armes à feu et nouvelles techniques de guerre ayant remisé aussi bien les château forts que les lourds équidés médiévaux, on s'est mis à la recherche de chevaux plus vifs et surtout plus beaux pour remonter les rois. Le cheval d'Espagne, appelé aussi genêt, connut là son apogée jusqu'à l'arrivée du cheval d'Orient au XVIIIe siècle et surtout son avènement au XIXe siècle, après la campagne d'Égypte. Paré de toutes les qualités -noble, vaillant, fougueux, endurant et rapide-, mis en avant par Napoléon 1er qui n'aima que lui, cet ardent petit cheval, appelé souvent « arabe » par commodité, inspira toute une génération d'artistes : Géricault, Delacroix, Gros, Vernet, Chassériau, Fromentin...
Portrait de cheval
Le cheval n'a pas été souvent peint pour lui-même. Les artistes, avaient besoin de commandes pour vivre et si les riches demandeurs de l'histoire aimaient être représentés à cheval, ils faisaient rarement réaliser des portraits de leurs montures. Ceci doublé du fait que la peinture animalière a longtemps été considérée comme un genre mineur. Au XVIIe siècle, l'école flamande a vu éclore quelques talents proches de la nature. Parmi eux, Paulus Potter a réalisé un tableau où un petit cheval à la robe tachetée jette un regard vif à celui qui l'observe Louvre. Un siècle plus tard, l'anglais George Stubbs, dédia sa vie au cheval et à sa peinture. Contrairement à la plupart des artistes de son temps, Stubbs n'avait qu'une médiocre formation artistique. Mais il aimait les chevaux passionnément et avait un goût sûr pour la science, puisqu'en 1766 il publia une Anatomie du cheval. Stubbs, au fil des années, devint un portraitiste de chevaux, peignant à la commande tel vainqueur de grands prix ou tel étalon célèbre. Rares sont les peintres qui, comme Stubbs, se sont consacré entièrement au cheval nu. Au XIXe siècle, les maîtres de la peinture romantique, tels que Géricault et Delacroix, furent plus estimés pour leurs tableaux historiques (Officier des chasseurs à cheval ou Radeau de la Méduse) que pour les multiples hommages qu'ils rendirent au cheval. Le premier, notamment, s'intéressa aussi bien aux pur-sang arabes de l'empereur Napoléon 1er qu'aux chevaux lourds tirant les wagons de charbon. Encore fidèle à l'anatomie, il n'hésita pas à donner une importance capitale à la couleur et à entraîner sa peinture dans la fougue romantique que Delacroix porta à son paroxysme. Pour ce dernier, le cheval représente le mouvement et la force. Tantôt incontrôlable, voire effrayant, comme ces Chevaux se battant dans une écurie (1860), tantôt en osmose avec l'homme, renouant avec le mythe du centaure.
Représentations contemporaines
Délivré des contingences anatomiques et dégagé de toute histoire, le cheval apparaît dans l'œuvre des artistes de plus en plus calme et sûr de lui, force tranquille dansant dans la profonde chaleur d'aplats intenses préfigurant la peinture abstraite. Gauguin avait montré la voie avec son célèbre Cheval blanc s'abreuvant calmement, tandis que derrière lui deux cavaliers chevauchent nus des montures sans mors ni bride. Chez, Paul Gauguin comme chez Franz Marc, le cheval perd en fougue ce qu'il gagne en harmonie. L'œuvre de Picasso, l'un des peintres les plus emblématiques du XXe siècle, témoigne de ce nouveau visage du cheval contemporain. Même si dans Guernica, image de guerre, le cheval destructuré est encore compagnon d'infortune de l'homme, dans Le meneur de cheval, Pablo propose une vision rare d'un homme tenant son cheval par une bride invisible. Le cavalier est alors descendu de sa monture et tous deux marchent dans la même direction.
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