Charles Guillet

Pour les articles homonymes, voir Guillet.

Charles Guillet, né à Bruges fin XVI^e siècle, inhumé le 1^er mai 1654 à Bruges, est un organiste, théoricien et compositeur.

Biographie

C'est un notable de la ville de Bruges (il est échevin en 1616, juré de 1620 à 1621).

Œuvres

• Œuvre théorique : Institutions harmoniques, 1642 (manuscrit, Bibl. Nat. de Vienne)
• Œuvre musical : Vingt-quatre fantaisies a quatre parties, disposées selon l'ordre des douze modes (Paris : Pierre I Ballard, 1610). 4 parties séparées in-4°.

Ces fantaisies sont composées de 24 ricercars à 4 parties, monothématiques et sans contrafacta. L'auteur précise lui-même le rôle didactique de ces œuvres (...apprendre à jouer de l'orgue.../...exercer les doigts sur le clavier.../...cognoissance des modes).

Elles sont très fortement stucturées par l'utilisation systématique et conservatrice de cadences sur les cordes principales de chaque mode : finale, médiante et dominante.

Guillet suit l'ordonnance des modes courant en France au début du XVII^e siècle (chez Claude Le Jeune, Artus Aux-Cousteaux, Charles Racquet, Marin Mersenne, etc.) : 2 séries de 12 fantaisies selon les douze modes (6 authantes et 6 plagales), la première par nature (d'ut à la) et la seconde transposée par bémol (de fa à ré). En revanche la dénomination des modes est chez lui beaucoup plus curieuse : si les fantaisies suivent la théorie de Gioseffo Zarlino (d'ut à la), leur classification est celle de Glaréan, entraînant une conjonction inédite que Guillet est le seul à utiliser :

• finale sur ut : Dorien
• finale sur ré : Phrygien
• finale sur mi : Lydien
• finale sur fa : Mixolydien
• finale sur sol : Ionien
• finale sur la : Eolien

Pour chaque fantaisie, l'auteur précise l'espèce de son diapason (voir Salomon de Caus ou Antoine de Cousu) et la place de son mode dans la classification. Exemples :

• Premiere Fantasie / Mode dorien, authentique / contenu dans la première espece de Diapason divisé Harmoniquement : Premier des modernes, Unziesme des anciens
• Seconde Fantasie / Mode sous-dorien, plagal / contenu dans la cinquiesme espece de Diapason divisé Arithmetiquement : Second des modernes, Douziesme des anciens

Il est difficile de déterminer l'origine de ce système, car il semble que Guillet se base directement sur les écrits de Zarlino, Glarean et Francesco Salinas. De nombreux compositeurs abandonnent à cette époque les noms grecs des modes, se limitant à la place des finales dans la numérotation de Zarlino (Dodécacorde de Claude Le Jeune, Institutions Harmoniques de Salomon de Caus, Exemples des douze modes de Charles Racquet, etc).

Au début du XVII^e siècle, cette préoccupation théorique est de plus en plus caduque face à l'abandon progressif de la différenciation authente/plagal et l'émergence de deux pôles principaux : le majeur et le mineur, ces deux phénomènes étant étroitement liés.

Liens internes

• Mode (musique)

• Portail de la musique classique