- Charles De Keukeleire
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Charles Dekeukeleire
Pour les articles homonymes, voir Dekeukeleire.Charles Dekeukeleire est un cinéaste et un critique de cinéma belge né le 27 février 1905 à Ixelles (Bruxelles) et décédé le 2 juin 1971 à Werchter (Brabant flamand).
Il fut avec Henri Storck le pionnier du cinéma belge moderne. Il s'inspirait fortement du cinéma pur de l'avant-garde française, particulièrement de Germaine Dulac.
Sommaire
Biographie
Dekeukeleire se passionne très tôt pour le cinéma et ses maîtres ont pour noms Germaine Dulac, Jean Epstein, Marcel L'Herbier, Louis Delluc, mais aussi Dziga Vertov. Très construit, son court métrage Combat de boxe (1927), réalisé dans des conditions très précaires mais avec de vrais boxeurs, utilise avec virtuosité toutes les ressources de ce nouveau langage. Cinéphile averti, il puise aussi son inspiration du côté des plasticiens tels que Man Ray, Fernand Léger ou Marcel Duchamp. Il poursuit ses recherches formelles avec Impatience et Histoire de détective (1929), puis tourne nombre de documentaires jusque dans les années 1950.
Dans les années 1920, il rédige de nombreux articles dans les revues (7 Arts, Nouvelle Equipe, Les dernières Nouvelles).
Trois films expérimentaux d'avant-garde
En 1927, Charles Dekeukeleire réalise, avec l'aide d'Antoine Castille pour l'image, Combat de boxe, d'après un poème de Paul Werrie, dans sa chambre. Pour ce film, Dekeukeleire recruta deux boxeurs professionnels dont le champion de Belgique des poids légers. Le changement brutal d'échelle de plans, l'usage de la surimpression, l'alternance de plans très brefs présentant le public (en négatif) et le combat (en plongée) font de ce film l'un des plus minutieusement construits des années 1920.
Au même endroit, il tourne l'année suivante Impatience, son chef d'œuvre proche du futurisme. Lors de la présentation de son film, Charles Dekeukeleire déclara que le regard des spectateurs doit s’adapter, se laisser glisser le long du film pour ressentir surtout les choses, les ralentis, les révoltes, les spasmes, les contractions que produisent entre eux les fragments dont les longueurs varient de 1/24e de seconde à 25 secondes. Le désir du contact charnel avec la machine est à la base de ce film. Dans ce drame à quatre personnages (la Montagne, la Moto, la Femme et les Blocs abstraits), le corps mécanique, celui de la Moto, est associé avec insistance au corps féminin, d’abord vêtu de cuir et ensuite nu. À travers le montage filmique, Dekeukeleire démonte les deux corps dont les différents morceaux s’échangent entre eux. Le résultat est une sorte de symbiose moto-femme/femme-moto très suggestive, voire sensuelle. Ces deux personnages, la Moto et la Femme, entrent ensuite en interaction avec la Montagne et les Blocs abstraits, comme si le réalisateur avait l’intention de mettre en scène des analogies profondes entre l’humanité, le monde animal, le monde végétal et le monde mécanique.
En 1929, il réalise Histoire de détective, un montage-collage d'inspiration surréaliste.
Ces trois premiers films muets d'avant-garde le feront entrer dans l'Histoire du cinématographe et de l'art.
Après 1930
Par la suite, son œuvre oscillera entre documentaires socialement utiles et commandes officielles. Par exemple, en 1936, comme Antoine Castille ou, plus tard, Henri Storck, Charles Dekeukeleire réalise un documentaire consacré aux folklores belges : Processions et carnavals / Processies en karnavals (Ce film de quinze minutes existe en deux versions : l'une avec la voix off en français, l'autre avec la voix off en néerlandais.) Il emmène le spectateur à Bruxelles, en compagnie des géants Mieke et Janneke ; à Hakendover où les paysans boivent de l'eau miraculeuse et où le pèlerinage à la Vierge garantit de bonnes récoltes ; à Tournai où l'on promène, une fois l'an, la châsse de son premier évèque, Saint-Eleuthère ; à Thuin, pour la marche militaire de Saint-Roch ; à Furnes, pour la procession des Pénitents ; à Mons où Saint Georges, chaque année, terrasse le Dragon et, finalement, à Binche avec ses Gilles et son carnaval.
Dekeukeleire n'évitera pas quelques dérapages racistes dans l'air du temps de l'époque, par exemple dans Verschroeide aarde (Terres brulées), 1934, qui relate une expédition automobile jusqu'au Congo belge.
Dans son ouvrage La kermesse héroïque du cinéma belge (Documentaires et farces, 1896-1965), Frédéric Sojcher cite l'extrait d'une lettre datée du 27 mars 1941 et signée par Antoon Van Dyck, directeur de l'Institut National de Radiotechnique de la Cinématographie, organe de propagande des nazis, dans laquelle il se réjouit de la collaboration de Charles Dekeukeleire et Henri Storck, ainsi que d'autres personnalités compétentes, afin de créer dans notre milieu une communauté de travail pour le film culturel flamand.
En 1937, Dekeukeleire réalise un film scénarisé par Herman Teirlinck intitulé Le Mauvais œil d’après la pièce De vertraagde film (1922), avec des acteurs non professionnels.[1]
Charles Dekeukeleire a réalisé une centaine de films, détaillés dans Une encyclopédie des cinémas de Belgique (Guy Jungblut, Patrick Leboutte, Dominique Païni), Musée d’art moderne de la Ville de Paris - Editions Yellow Now, 1990
Parallèlement à la réalisation des films, il exerce une activité de critique.
Charles Dekeukeleire est aussi l'auteur de deux ouvrages : L'émotion sociale et Le cinéma et la pensée, Édition Lumière, Bruxelles, 1947.
Voir aussi
Lien externe
Notes
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