- Chanson pour l'Auvergnat
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La Chanson pour l’Auvergnat est une chanson de Georges Brassens parue dans son troisième album Les Sabots d'Hélène, en 1954.
Celle-ci figure dans une anthologie publiée chez Seghers dans la collection Poètes d’aujourd’hui.
Ce texte, écrit, mis en musique et chanté par l’artiste fonctionne comme un apologue, plus précisément comme une fable moderne dans la mesure où il en renouvelle l’esprit et la forme.
Sommaire
Identité de l'Auvergnat
Il est parfois avancé que le texte est né de la rencontre de l’Abbé Pierre lequel venait de créer la communauté Emmaüs et de lancer un appel à la solidarité envers les « sans abris[1] » mais selon Jacques Vassal, biographe de Georges Brassens, les deux hommes ne se sont jamais rencontrés.
La personne évoquée dans la chanson pourrait être Louis Cambon, un auvergnat mort à 95 ans en mars 2011 et qui a tenu dans le quatorzième arrondissement, un bistrot, Le Bar des Amis, que Brassens aurait fréquenté[1].
Cette chanson est un hommage à Marcel planche qui habitait une maison extrêmement modeste au 9, impasse Florimont où Georges se réfugie le 21 mars 1944, pour fuir le STO, en attendant la fin de la guerre. Marcel Planche était de souche auvergnate, bien que né dans la région parisienne.
Sa signification
Une triple quête symbolique
Par cette chanson subtilement moraliste, Brassens vient de lui apporter son soutien et dénoncer l’indifférence d’une société égoïste et satisfaite. On cite par plusieurs fois le vagabond démuni de tout qui n’a pas sa place dans la société : « M’avait », « m’as donné », « mon âme ». Dans chaque strophe, on retrouve un besoin exprimé par celui-ci. Il a froid, il souffre de solitude et de chaleur humaine. C’est un manque, le thème du feu exprimé un peu plus loin occupe une grande place. Le deuxième besoin étant la faim qui exprime un besoin d’amour ainsi que l’idée de repas et de partage. Le troisième besoin quant à lui est celui de compagnie souligné par le sourire qu’il reçoit, il est traité comme un hors la loi. Le vagabond est placé dans plusieurs situations qui font apparaître sa galère (période douloureuse et malheureuse). Il s’inscrit dans un rythme chronologique, le passé tout d’abord est utilisé avec le passé composé et l’imparfait, le présent puis dans la dernière strophe le futur. Le thème de la quête est repris par trois fois. Chacune des strophes est un appel de détresse. On énonce le principe structurel de la répétition, la société est en effet mise à l’épreuve. Les bons étant l’Auvergnat, l’hôtesse, l’étranger et les méchantes, les croquants et les croquantes. Le « quand », proposition subordonnée temporelle, repris dans toutes les strophes présente la circonstance des actes de bienfaiteur. Le refrain de quatre vers est en quelque sorte un remerciement aux « bons ». Le héros est toujours cité au deuxième vers et les croquants au vers six. Les mêmes formules se répètent ce qui démontre la rigueur, l’humour, le pittoresque et l’ironie. Il a de la gratitude et de la reconnaissance pour ceux qui l'ont aidé.
Le thème du don
Seuls trois personnages ont offert leur solidarité. Le don offert va leur permettre de lui rendre sa dignité. Ce n’est à chaque fois qu’un geste humble ou symbolique. Le don est modeste en effet, le bois apporte la chaleur, le sourire un réconfort et la faim l’amour. Le feu de bois devient ainsi un feu de joie, la modestie du don donne un caractère extraordinaire. On pourra citer parmi les dons, la métaphore du feu. Le miel lui suggère la douceur et la lumière. Le monde s’illumine grâce à eux de sympathie. Ces dons sont des éléments nourriciers. Ils sont perçus comme des grands cadeaux. Le « mais » intervient dans chacune des strophes et souligne un retour anaphorique de ce termes d’opposition (modestie du don et la répercussion du don). Le narrateur apprécie ces dons, c’est la générosité du cœur.
Le choc de deux morales
Le narrateur rend hommage aux trois donateurs. La société bien pensante exclut le narrateur. Ce sont deux regards qui s’opposent, la logique de la fraternité et la logique du rejet. La marginalité résulte d’une morale sociale et religieuse, il n’incarne pas une bonne conduite. À l’opposé de cette vision du monde qui permet aux honnêtes gens de se donner bonne conscience.
Notes et références
- Figaro du 27 juillet 2011, page 14. Bruno Jacquot, article du
Catégorie :- Chanson de Georges Brassens
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