Ceinture fortifiée de Namur

Ceinture fortifiée de Namur

Position fortifiée de Namur

La Position Fortifiée de Namur (P.F.N.) était constituée de neuf forts (4 grands et 5 petits) de part et dautre de la Meuse autour de Namur (Belgique), construits entre 1888 et 1891 à linitiative du général Henri Alexis Brialmont (1821-1903). Ils avaient pour but dempêcher une éventuelle invasion française, qui était à lépoque loin d'être exclue (ce nest dailleurs que le 3 août 1914, soit la veille de linvasion allemande en Belgique, que larmée française a obtenu le droit de pénétrer sur le territoire belge).

Les forts de Namur ont été disposés comme suit:

Rive gauche de la Meuse :

  • fort de Malonne
  • fort de Saint-Héribert
  • fort de Suarlée
  • fort d'Emines
  • fort de Cognelée
  • fort de Marchovelette

Rive droite de la Meuse :


Sommaire

Description

Tous les forts ont été construits avec un matériau inédit pour lépoque, le béton (non-armé), et équipés de canons équivalents aux plus puissantes pièces dartillerie de siège françaises et allemandes en 1888 (respectivement le 22 cm et le 21 cm). Le but militaire des forts était de ralentir la progression de l'ennemi le temps de la mobilisation.

De forme triangulaire ou quadrangulaire dans certains cas suivant la nature du terrain, les forts de Namur, de conception identique à ceux de Liège, sont constitués dun massif bétonné de 3 à 4 m dépaisseur entièrement entouré dun fossé sec de 6 m de profondeur et 8 m de largeur, défendu par des coffres flanquants.

Lentrée unique est placée du côté de la gorge (soit le côté dirigé vers la ville, et donc théoriquement opposé à lennemi) et se présente toujours en bas dune longue rampe daccès (ce qui permet d’"effacer" lentrée au tir ennemi, du moins au tir tendu).

Lentrée est défendue par plusieurs éléments :

  1. tout d'abord un « tambour » comprenant plusieurs embrasures pour fusils, perpendiculairement à la façade ;
  2. ensuite un « pont roulant » (qui roule latéralement sous le corps de garde attenant le couloir de l'entrée) qui découvre un fossé sec de 3,50 m de profondeur et long de 5 m, situé au début du couloir d'entrée ; 4 goulottes lance-grenades dirigées devant et derrière le pont complètent ce dispositif ;
  3. ensuite une grille ferme la galerie ;
  4. enfin, un canon de 5,7 cm placé dans l'axe de la galerie d'entrée, dans une casemate de l'autre côté du fossé de gorge, termine le dispositif défensif de lentrée.

Larmement des forts en 1914

Chaque fort possédait trois types darmement : le premier, sous coupoles cuirassées tournantes, pour laction lointaine (5 à 8 canons selon la taille du fort), le second, également sous coupoles tournantes (qui étaient en plus éclipsables), pour la défense rapprochée (3 canons de 5,7 cm pour un petit fort triangulaire, 4 pour les autres), et enfin plusieurs canons de 5,7 cm sous casemates (ou "coffres") pour la défense des fossés (6 à 9 canons de 5,7 cm sur affût "chandelier").

En 1914, chaque fort était également doté dun détachement dinfanterie qui pouvait, en théorie du moins, effectuer des sorties sur le terre-plein entourant le massif central, équipé de banquettes de tir en terre lorsque lennemi avait investi la place. Dans les faits, il sest avéré impossible deffectuer de telles sorties (lartillerie allemande nattendait que ça). Lexpérience a été tentée une fois au fort de Barchon, à Liège, et sest soldée par un carnage. De plus, comme larmement principal des forts était concentré sur le massif central, la seule partie émergente de louvrage, lartillerie allemande, lorsque son tir était réglé, faisait mouche à chaque coup.

Heureusement pour les défenseurs, la dispersion des obus allemands était considérable (au moins 60 % des obus tirés, voire plus pour les plus grosses pièces, natteignaient pas leur cible), si bien que les forts ont pu résister un peu et causer des dégâts certains. Les canons des forts étaient certes moins performants que ceux des Allemands, mais cétait en partie compensé par une plus grande précision à larrivée et par le fait que les forts pouvaient, dans certains cas, conjuguer leurs tirs sur un même objectif. Ainsi, lorsquun fort était investi par des troupes dinfanterie, il pouvait demander de laide aux forts voisins (les forts belges étaient conçus pour pouvoir se tirer dessus mutuellement). Brialmont avait disposé les forts de Liège et de Namur de telle façon que lassaillant, d quil vienne, était obligé dattaquer trois forts en même temps.

Le siège de Namur en 1914

Lors du siège de Namur, les Allemands ont retenu les leçons de léchec cuisant de la première vague dassaut lancée deux semaines auparavant contre la position fortifiée de Liège, et qui visait à prendre de vive force les différents forts. À Namur, les Allemands constituent immédiatement une armée de siège et commencent, à partir du 21 août vers 10 h du matin, le bombardement méthodique et intensif des forts, ainsi que de la ville elle-même. Les forts de Namur sont soumis à des tirs de la plus lourde artillerie dont disposent les Allemands, à savoir des mortiers autrichiens de 305 mm et les fameux mortiers de 420 mm type M (surnommés « Grosses Bertha »), qui, en plus de leur puissance de feu sans égale (pour donner une idée, le plus gros obus quun fort pouvait tirer pesait aux alentours de 90 kg, tandis quun obus de Grosse Bertha en pesait un peu plus de 800 !), tirent en dehors de la portée des canons des forts.

Le rapport de force est totalement inégal, et cest sans surprise quils se rendent relativement rapidement. Il convient de préciser que les garnisons des forts ne se sont rendues à lennemi quaprès la destruction complète de larmement des forts, et lorsque lair était devenu irrespirable (la ventilation des forts était désastreuse, voire inexistante).

Hormis la garnison du fort de Malonne, qui sest rendue sans combattre et sans que le fort ait été bombardé, les défenseurs des forts de Namur nont nullement démérité et ont fait le maximum possible dans la mesure des moyens dont ils disposaient.

Les forts étaient considérés au début de la Première Guerre mondiale comme imprenables, ce qui sest rapidement avéré inexact car les blindages avaient été conçus à une autre époque on ne connaissait pas une telle puissance de feu[réfnécessaire].

Léchec allemand du début des hostilités

Les Allemands avaient massé un million dhommes pour parvenir à envelopper les armées françaises selon le Plan Schlieffen. Ils avaient pensé que six brigades, soit environ 39 000 hommes viendraient rapidement à bout de la résistance des forts de Liège et de larmée belge. Le 4 août, la 34e Brigade se dirige depuis Aix-la-Chapelle vers Visé, la 27e Brigade part du nord-est vers le fort de Barchon. La 14e Brigade prend la route dAix, traversant Battice et Herve avant de sen prendre au fort de Fléron qui barre lentrée de Liège à lest. La 11e Brigade arrive dEupen vers les forts de Chaudfontaine et Embourg au sud-est de Liège. Les 38e et 43e Brigades attaquent au sud en montant de Malmedy pour attaquer le fort de Boncelles. Horne et Kramer écrivent : « Lattaque allemande se transforme en débandade. Le 5 août, la 34e Brigade perd trente officiers et 1 150 hommes (…) la 14e brigade (…) perd plus de la moitié de ses hommes (…) Cinq des six brigades battent en retraite jusquà leurs positions initiales, et parfois même au-delà… »[1]. Du 4 au 6 août larmée allemande perd 3 458 fantassins, tués, blessés ou disparus.

La réaction allemande : 100 000 hommes massés pour réduire Liège

Le commandement suprême de larmée de terre allemande décide alors denvoyer à la rescousse des premiers 39 000 hommes engagés, une armée de siège de 60 000 hommes. Les forts résistèrent encore une dizaine de jours aux coups de boutoirs des tirs de canon Grosse Bertha de lassaillant allemand. Le sommet et la conclusion de cette lutte inégale furent lexplosion et la destruction du fort de Loncin. Horne et Kramer écrivent : «  Schlieffen, révisant son plan en 1912, navait prévu quune seule division pour investir Liège et Namur, il en fallu huit pour réduire uniquement Liège, au prix dun temps précieux et de pertes évaluées à 5 300 morts environ. »[2]. Cinq armées allemandes dinvasion (1 million dhommes) devaient traverser le Limbourg, Liège, le Hainaut, le Brabant, Namur et le Luxembourg en quelques jours. Elles mirent plus de trois semaines à le faire. La résistance belge exacerba la fausse croyance sincère des Allemands en des francs-tireurs, les atrocités allemandes étant commises dès les premières résistances à Liège et autour de Liège soit le 5 août à Berneau, Micheroux, Poulseur et Soumagne.

Notes et références

  1. Horne et Kramer, Les atrocités allemandes, Tallandier, Paris, 2005, p. 31
  2. Horne et Kramer, op. cit., p.33

Compléments

Articles connexes

Ouvrages à consulter

  • P. Bragard , V. Bruch , J. Chainiaux , D. Francois , J. Marchal , Namur en état de siège. De Jules César au Général Hodges, Bouge, 2004.
  • P. Bragard , J. Chainiaux (sous dir.), V. Bruch , D. Francois , A. Furnemont , J. Marchal , Namur face aux « Grosses Bertha » - Le siège de la position fortifiée en août 1914, Les Amis de la Citadelle de Namur, Bouge, 2006, (ISBN 2-9600661-0-4) / (ISBN 978-2-9600661-0-4)
  • D. Dessy , Namur militaire - La Citadelle, les forts, Namur, 1976.
  • C. Donnel , The Forts of the Meuse in World War I, Osprey Publishing, Oxford, 2007.
  • C. Faque , Henri-Alexis Brialmont. Les Forts de la Meuse 1887-1891, Bouge, 1987.
  • L. LEntrée , Lhistorique du Fort de Saint-Héribert, s.l., 1960

Liens externes

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