Cathédrale santa maría de tolède

Cathédrale santa maría de tolède

Cathédrale Santa María de Tolède

Cathédrale
Notre-Dame de Tolède
Vue générale de l'édifice
Vue générale de l'édifice

Nom local Catedral Santa María de Toledo
Latitude
Longitude
Non renseigné
(Chercher ce lieu) 
Pays Espagne Espagne
Région Castille-La Manche Castille-La Manche
Département Province de Tolède Province de Tolède
Ville Tolède
Culte Catholique romain
Type Cathédrale
Rattaché à Archidiocèse de Tolède (siège)
Début de la construction 1226
Fin des travaux XVe siècle
Style(s) dominant(s) Gothique
Classé(e) Monument historique (1909)
Patrimoine mondial (1986)

La cathédrale Sainte-Marie de Tolède est le siège de l'archevêché du même nom, qui possède le titre de primat d'Espagne, et ce depuis les wisigoths qui avaient fait de la ville leur capitale politique et religieuse. L'édifice actuel fut bâti en style gothique à compter de 1226, à l'emplacement de l'ancienne grande mosquée de la cité. Aujourd'hui encore, la cathédrale de Tolède domine la ville impériale de sa haute flèche, et appartient au cercle des plus prestigieuses cathédrales espagnoles. Elle est classée sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1986, au même titre que l'ensemble du centre historique de la ville.

Sommaire

Histoire

Les origines

Une première cathédrale fut construite au VIe siècle par le premier évêque de la ville, saint Eugène, sous le règne du roi wisigoth Récarède Ier. Néanmoins, peu après la prise de la ville par les Musulmans en 712, ces derniers font bâtir à cet emplacement une mosquée qui sera plusieurs fois modifiée et agrandie. En 1085, Alphonse VI de Castille reconquiert la ville. Les capitulations prévoient que les maures pourraient rester sur place et continuer à pratiquer leur culte dans les temples existants. Ainsi nous le dit la Estoria de España d'Alphonse X (chap. 897) :

« Et fue esto en el mes de mayo, el dia de Sant Vrban, Modèle:XXIIII dias andados dell, que se dio Toledo a este rey don Alffonsso el sesto. Et dierongela los moros a esta pleytesia : (…) et otrossi la mezquita mayor que fuesse siempre de los moros."[1] »

En décembre 1085, Alphonse VI convoque les Cortes de Castille à Tolède, et décision y est prise de restaurer le siège ecclésiastique de Tolède, avec le rang d'archevêché. Le premier archevêque élu est Bernard de Cluny, moine bénédictin de l'abbaye de Cluny, devenu abbé de Sahagún en 1080. Las, un de ses premiers gestes est de violer les traités de capitulation de la ville en pénétrant dans la grande mosquée pour en chasser les musulmans ; il agit sur les conseils de la reine Constance, femme d'Alphonse VI, lequel se trouve alors à León. Instruit de la nouvelle, Alphonse VI quitte Sahagún et se rend à Tolède pour châtier l'archevêque ayant trahi les pactes de capitulation de la ville. À son arrivée, selon les chroniques, le roi rencontre la population musulmane qui lui demande de pardonner les fautifs, craignant d'avoir dans le futur à subir leurs foudres après la disparition du roi. La mosquée est alors très officiellement convertie en église cathédrale en 1088, avec la bénédiction du pape Urbain II, qui confirme la Primatie de Tolède sur l'Église des Espagnes dans la bulle Cunctis Sanctorum.

Commence alors une époque de splendeur pour l'archevêché de Tolède, organisé autour de la Cathédrale. Auréolés de leurs titres de Primats d'Espagne (titre en réalité honorifique, mais conférant de considérables avantages), les titulaires du siège métropolitain mènent une politique volontariste, très étroitement liée au pouvoir royal, que les archevêques épaulent très largement durant la Reconquête. Le patrimoine - notamment foncier - de l'archevêché s'en retrouve très largement conforté, les titulaires de la cathédrale de Tolède en venant à dominer la plus grande partie du Royaume de Tolède.

L'édifice actuel

Après la reconquête de la ville en 1085, la grande mosquée convertie en cathédrale demeure intacte jusqu'au début du XIIIe siècle. Suite à l'éclatante bataille de Las Navas de Tolosa en 1212, l'archevêque Rodrigo Jiménez de Rada décide qu'il est temps de bâtir un nouvel édifice à l'emplacement du temple d'origine musulmane. Cet archevêque d'origine navarraise dispose d'un grand pouvoir, et s'appuie notamment sur ses excellentes relations avec le roi de Castille Ferdinand III (pour lequel il rédige une grande chronique d'Espagne en latin : De Rebus Hispaniae).

Le projet est mis en place entre 1222 et 1224, selon les canons du gothique français, que l'Archevêque connaissait d'expérience. Celui-ci pose la première pierre de l'édifice en compagnie du roi Ferdinand III le 14 août 1226. C'est un maître français, Maître Martin, qui semble avoir été le premier maître d'œuvre à partir de 1227, et ce, jusqu'en 1234. Il élabore le plan et dirige les travaux, il s'inspire des modèles français de la famille de Notre-Dame de Paris (Bourges notamment) en adoptant un plan à cinq nefs et double déambulatoire. Son successeur est un certain Pedro Pérez qui poursuit les travaux à un rythme soutenu, le chevet étant achevé dès 1247. On observe cependant un ralentissement après la mort de l'Archevêque Rodrigue en 1248. Pedro Pérez meurt en 1291, lui succèdent divers maîtres, dont Rodrigo Alfonso puis Alvar Martínez, qui dessinent le clocher flamboyant et commencent sa construction. Le transept est achevé autour de 1300, la suite des travaux est, quant à elle, beaucoup plus lente, puisqu'il faut attendre le règne des rois catholiques pour voir terminer les nefs, sous le mandat de l'archevêque Pedro González de Mendoza. La fin des travaux est due à un maître d'origine flamande : Hannequin de Bruxelles, arrivé au milieu du XVe siècle, en compagnie du sculpteur Egas Cueman. Hannequin de Bruxelles ne se contente pas d'achever la nef, il mène à bout les travaux de la tour-clocher et ajoute à l'édifice portails et chapelles, dans le plus pur gothique flamboyant.

La structure générale de l'édifice ne souffre alors plus de modifications majeures, à l'exception de l'ajout de quelques éléments extérieurs, telle la Puerta Llana, ajouté en 1800. C'est en revanche à partir du XVIe siècle que se constitue l'actuelle décoration intérieure, d'une très grande richesse, et très représentative des styles Renaissance et Baroque. Par ailleurs, la cathédrale se dote d'une collection d'œuvres d'art (tableaux, mobilier liturgique…) d'une grande importance.

Architecture

Plan de la Cathédrale de Tolède

Le plan de la cathédrale de Tolède s'inspire de celui de Notre-Dame de Paris ou de St-Étienne de Bourges, en adoptant une structure à cinq nefs, double déambulatoire et un transept s'inscrivant dans la largeur totale des nefs. L'édifice mesure 120 mètres de long sur 59 de large, et la nef principale s'élève à 44,50 mètres, soutenue par quatre-vingt-huit piliers. Construite à l'origine dans un style gothique rayonnant, la lente évolution des travaux (début XIIIe-fin XVe siècle) de la nef et de la façade a conduit à l'aspect actuel du bâtiment, qui représente en quelques sorte toute l'évolution du style gothique dans la péninsule.

L'extérieur

La cathédrale se distingue nettement par son élévation et sa masse imposante au milieu du vieux Tolède, constitué d'un dédalle de ruelles escarpées, lovant l'édifice à l'est, au nord et au sud. La façade occidentale, sur la place de la mairie, peut bénéficier d'une vue plus ample. On ne peut néanmoins pas véritablement prendre conscience des proportions et de la configuration du temple.

La façade occidentale

La façade principale, peu élevée, est très nettement dominée par les lignes horizontales, que viennent compenser le clocher nord et d'autres éléments secondaires, tout en verticalité. Elle se compose de deux niveaux. Le niveau inférieur est composé d'une série de trois portails, surmontés de divers éléments décoratifs (sculptures, frises). Le niveau supérieur s'articule quant à lui autour d'une galerie en terrasse, laissant ressortir le vaisseau de la nef, en retrait. En dépit du manque apparent d'organisation de l'ensemble, l'impression générale est celle d'une façade harmonieuse rythmée par des éléments architecturaux de grande qualité tels le clocher nord et les portails.

La façade est enserrée entre les deux tours, saillantes, dont les bases ne sont ornées d'aucun type de décoration. Seule la tour nord a été effectivement élevée, entre 1380 et 1440. Carrée, la partie inférieure du clocher - de style gothique rayonnant - est consolidée à chaque angle par une série de doubles contreforts, et décorée d'arcatures gothiques aveugles. La partie supérieure s'organise autour d'une flèche flamboyante octogonale, prenant pied sur une plate-forme hérissée de pinacles. La flèche est percée de baies géminées couronnés de gâbles, et est ornée de rayons symbolisant la couronne d'épines, le tout atteignant 90 mètres de hauteur. L'autre tour, dont seule la base a été bâtie au Moyen Âge, est surmontée d'une coupole ajoutée au XVIIe siècle, par le fils du Greco.

Flèche de la tour Nord

La façade est percée d'un triple portail datant du XIVe siècle, aux proportions élégantes et au riche programme iconographique exécuté en profondeur, remarquable dans sa réalisation. Ce portail s'articule autour de la porte centrale, la Puerta del Perdón, surmontée d'un gable et d'une galerie d'arcatures gothiques aveugles. La Puerta del Perdón est consacrée à la Vierge représentée au tympan en train de remettre une chasuble à l'évêque Saint Ildefonse (657-667). Au trumeau figure un Christ, tandis que les voussures représentent des saints, des rois et des anges, le tout dans un décor marqué par les armes des Royaumes de Castille et de León. Cette porte est entourée de deux autres consacrées à l'Enfer et au Jugement Dernier, cette dernière étant la plus ancienne (1300).

D'autres adjonctions furent opérées à l'époque baroque, essentiellement dans la partie supérieure (fronton et décor plaqués sur la partie saillante de la nef), sans pour autant menacer l'aspect général de la façade.

Les flancs sud et nord, le chevet

Cathédrale Santa María de Tolède.

Les faces latérales et le chevet de la cathédrale sont rythmés par d'élégants arcs-boutants de style rayonnant, scandant les différentes travées du long édifice. Les arcs à double volée retombent sur des culées appuyées sur le mur extérieur des collatéraux, de faible largeur. Comme à Notre-Dame de Paris, cette caractéristique confère à l'ensemble du bâtiment un caractère enveloppant harmonieux. Par ailleurs, à l'exception du chevet, des baies à meneaux sont percées sur deux niveaux entre chaque arc-boutant : au niveau des bas-côtés et au clair-étage de la nef.

Sur le flanc nord, au transept, figure la Puerta del Reloj, la plus ancienne des entrées de la cathédrale (1280-1300). Le tympan s'organise en quatre registres de très bonne facture représentant l'Annonciation, la Nativité, l'Adoration des Mages, le Massacre des Innocents, la Fuite en Égypte, la Circoncision, Jésus parmi les docteurs, la Présentation au Temple, le Baptême, les Noces de Cana, et la Dormition.

Au flanc sud s'ouvrent deux portes : la Puerta llana néoclassique (1800) et surtout la Puerta de los Leones, exécutée entre 1452 et 1465, dans le style gothique flamboyant.

L'intérieur

l'intérieur de la cathédrale

L'espace intérieur de la cathédrale est structuré en cinq grandes nefs, dominées en hauteur et en largeur par la nef centrale, d'une hauteur sous voûte de 44,50 m. Cette nef est partagée en deux étages seulement : grandes arcades et clair-étage ; celui-ci est percé de fenêtres à meneaux de style fleuri. Les différents vaisseaux sont séparés par quatre-vingt huit colonnes fasciculées s'élançant de manière saisissante, et sur lesquelles viennent reposer les doubleaux et formerets qui partagent les voûtes en quatre parties. Les clefs de voûte sont quant à elles dotées d'éléments décoratifs propres à la péninsule ibérique, et de tradition mudéjare. Le tout est éclairé par 750 verrières exécutées entre le XVe et le XVIIe siècle.

La voûte de la croisée du transept repose sur un réseau de nervures formant diverses figures géométriques entrelacées.

Le chœur se distingue du reste de la nef par la présence d'un étage supplémentaire, un triforium aveugle. Cette partie est en effet la plus ancienne de l'église cathédrale et répond aux canons du gothique rayonnant. Le caractère nettement mudéjar des arcs polylobés entrecroisés du triforium distingue cependant le chœur de Tolède des autres chœurs contemporains en Occident.

Le déambulatoire est conçu comme le prolongement des double-collatéraux et se compose de deux galeries. Les constructeurs tolédans ont innové par rapport à leurs prédécesseurs français en substituant aux traditionnelles travées trapézoïdales une alternance de travées rectangulaires et triangulaires, qui confèrent à l'endroit une très grande grâce. Autour du déambulatoire extérieur se succèdent quinze chapelles absidiales, alternant entre formes semi-circulaire et rectangulaire. L'ensemble des vaisseaux et du chœur produit un effet de pureté et d'élévation exceptionnels.

Notes

  1. Et c'est au mois de mai, le jour de Saint Urbain, XXIVe jour du mois, que Tolède se donna à ce roi don Alphonse le VIe. Et les maures la lui donnèrent selon ce traité : (…) et également que la grande mosquée appartienne pour toujours aux maures (traduction personnelle)

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