- Catherine de La Guette
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Madame de La Guette
Madame de La Guette (1613-1676) est née Catherine de Meurdrac à Mandres-les-roses. Ses Mémoires publiés en 1681, et quelque peu oubliés pendant des siècles, lui valent actuellement une réputation de femme de tête et d'écrivain.
Elle y raconte sa vie de femme mariée, contre la volonté de son père, à un officier des armées royales, très souvent absent de leur domaine de Sucy-en-Brie en raison des guerres étrangères, et dont elle a dix enfants. Les troubles de la Fronde et le ralliement de son mari au camp des frondeurs compliquent encore sa vie. Ils lui valent une traversée romanesque de la France pour tenter de rallier au Roi les Frondeurs de Bordeaux, où se trouve son mari. L'échec final de cette tentative, par l'effet d'un double jeu de Mazarin, puis la défaite de La Fronde donnent beaucoup d'amertume à ce guerrier, qui meurt en 1665.
En 1671, année où Madame de Sévigné l'évoque dans une de ses lettres, Madame de La Guette finit par se rendre à Gand avec son fils aîné, qui combat pour le Prince d'Orange, et qui est tué à Maastricht en 1676.
Les Mémoires portent une attention remarquable à la vie quotidienne, et, en particulier, à la charge d'être une mère. On y lit comment une femme du XVIIème siècle a pu affronter, essentiellement toute seule, les difficultés pratiques d'une époque troublée. On y lit surtout comment Madame de la Guette parvient à pratiquer une écriture assez libre pour exprimer une subjectivé active.
Sommaire
Début des Mémoires
"Ce n'est pas une chose fort extraordinaire de voir les histoires des hommes qui, par leurs beaux faits ou par leurs vertus éminentes, se sont rendus recommandables à la postérité, ou qui ont été élevés ou abaissés selon les caprices de la fortune ; mais il se trouve peu de femmes qui s'avisent de mettre au jour ce qui leur est arrivé dans leur vie. Je serai de ce petit nombre; et pour commencer l'histoire de ma vie, je dirai que je suis fille d'un homme qui avait l'estime et l'approbation de toute la noblesse de son pays, et même de quelques princes qui lui faisaient l'honneur de le considérer. C'était un des beaux esprits de son temps et beaucoup recherché pour son bon conseil, parce qu'il était universel"...
Peu portée aux poules et aux quenouilles (p. 65, in édition Le Temps retrouvé...)
"Je me trouvai fort contente chez mon mari. Nous nous divertissions agréablement; nous montions à cheval tous les jours pour aller à la chasse ou pour voir la noblesse du voisinage, qui me recevait de la manière du monde la plus obligeante. Toutes ces douceurs ne durèrent pas longtemps, parce que mon mari fut obligé de s'en retourner à l'armée. C'était la campagne du siège de Spire en Allemagne. Notre séparation fut rude ; car je puis dire qu'il m'aimait d'une façon tout extraordinaire et que j'en étais idolâtre. J'eus le temps pour cette première fois de verser des larmes à mon aise et de faire la femme au préjudice de ces nobles inclinations, et de cette fermeté d'âme qui m'était si naturelle, et qui me faisait même avoir de l'aversion pour celles de mon sexe qui ont trop de mollesse. En effet, j'ai toujours été d'une humeur plus portée à la guerre qu'aux exercices tranquilles de mettre le poules à couver et de filer la quenouille, quoique l'on dise qu'une femme ne doit savoir que cela".
Bibliographie
Mémoires de Madame de La Guette, avec une préface de Micheline Guérin, Le Temps retrouvé, Mercure de France, 1982.
Liens externes
- le texte de Paul de Musset sur Madame de La Guette
- Par Michele Rosellini, un article de Dictionnaire sur Madame de La Guette
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