- Candaule
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Candaule (en grec ancien Κανδαύλης / Kandaúlês), aussi connu sous le nom de Sadyatte (Σαδυατης / Sarduatês)[1] ou encore Myrsile (Μυρσίλος / Mursílos)[2], est un roi semi-légendaire de Lydie, ayant régné vers le VIIIe siècle av. J.‑C. Il est le dernier souverain de la dynastie des Héraclides qui prétendaient descendre d'Héraclès. Il est assassiné par Gygès qui lui succède et fonde la dynastie des Mermnades.
Sa légende a donné naissance au terme de candaulisme, pratique sexuelle dans laquelle l'homme ressent une excitation en exposant sa compagne ou une image de celle-ci à d'autres hommes.
Sommaire
Traditions littéraires
Si toutes les traditions racontent son assassinat et sa succession par Gygès, il existe de nombreuses versions de cet événement.
Nicolas de Damas d'après Xanthos de Lydie
Gygès était un jeune prince devenu favori à la cour du roi de Lydie (qu'il appelle Sadyatte). Alors que Gygès est envoyé escorter Tudo, la nouvelle fiancée du roi, il en tombe éperdument amoureux et tente de la séduire. Le roi, furieux de l'inconduite de son protégé veut le mettre à mort. Mais Gygès, averti par une servante, parvient à la chambre du roi qu'il poignarde dans son sommeil. Il prend alors le pouvoir, conforté par l'oracle de Delphes, puis épouse Tudo[1].
Prenant trop de pouvoir, le roi finit par vouloir l'évincer mais Gygès se révolte, commence la guerre civile et défait Candaule pour lui prendre le pouvoir
Platon
C'est Platon qui donne la version la plus surnaturelle : Gygès était un berger qui trouve un jour un bague magique au doigt du cadavre d'un géant. Cette bague (l'anneau de Gygès) donnait le pouvoir l'invisibilité à celui qui la portait. Gygès s'en sert pour commettre l’adultère avec la femme du roi, puis complote avec elle pour tuer le roi et s’empare ainsi du pouvoir[3].
Plutarque
Plutarque cite deux fois l'histoire de Candaule :
« L'amour ressemble à l'ivresse (...) Persuadés comme ils le sont, ils veulent persuader à tous, que c'est une perfection que l'objet de leur tendresse. Ce fut ce qui détermina le Lydien Candaule à introduire Gygès dans son appartement, pour lui faire voir sa femme. On veut avoir le témoignage des autres. C'est pour cela que quand les amoureux entreprennent la louange de la beauté qui les a séduits, ils la rehaussent par de la poésie au langage cadencé, par le chant, comme on dore les statues pour les embellir[4]. »
« Hercule, après avoir tué Hippolyte, lui enleva, avec le reste de son armure, une hache dont il fit présent à Omphale. Les rois de Lydie successeurs d'Omphale la portèrent depuis comme un ornement sacré, jusqu'à Candaule, qui, se souciant peu de cette marque de dignité, la fit porter par un de ses courtisans. Lorsque Gygès se révolta contre ce prince et lui déclara la guerre, Arsélis, roi des Myléens, vint avec des troupes au secours du rebelle, tua Candaule et l'officier qui portait la hache[5]. »
Hérodote d'après Archiloque de Paros
C'est la version qui a été le plus inspiré les artistes en raison de son fort pouvoir érotique, Hérodote la raconte d'après une poésie perdue d'Archiloque de Paros.
Le roi Candaule trouvait sa femme plus belle que toutes les autres. Sans cesse, il vantait à Gygès, officier de sa garde du corps, les charmes de son épouse et un jour, il l'invita à se convaincre, de visu, de la beauté de celle-ci. Gygès refusa l'offre sacrilège mais le roi insista. Dissimulé derrière la porte de la chambre nuptiale, Gygès assista au coucher de la reine. Mais, au moment où il s'esquivait, la souveraine l'aperçut. Feignant de n'avoir rien remarqué et persuadée que son mari avait voulu l'humilier, elle jura de se venger. Le lendemain matin, elle convoqua Gygès et lui offrit l'alternative d'être exécuté ou de tuer Candaule, de s'emparer du trône et de l'épouser. Gygès refusa d'abord l'offre de la reine, puis, devant son insistance, il résolut de tuer Candaule. La reine le cacha à l'endroit où il s'était dissimulé la veille ; Candaule mourut, poignardé par Gygès durant son sommeil. Quand il fut installé sur le trône, Gygès se heurta à des adversaires. Ceux-ci acceptèrent de soumettre le cas à l'oracle de Delphes. L'oracle confirma Gygès dans sa royauté[2].
C'est cette version qui a donné naissance au terme de candaulisme.
Évocations artistiques
Littérature
- L'Anneau de Gygès disponible sur Gallica (1374) : conte de Boccace
- Vies des Dames galantes, Iere partie, discours premier (1666) : par Brantôme
- Le Roi Candaule et le maître en droit (1674) : Conte en vers de Jean de La Fontaine (Texte sur wikisource)
- Dialogue de Candaule et Gigès in Nouveaux dialogues des morts (1683) : de Fontenelle
- L'Anneau de Gygès (1718) : Fables de Fénelon (Texte sur wikisource)
- Histoire de l'anneau de Gygès in Histoire secrette des femmes galantes de l'antiquité, Volume 3, p171 (1745) : conte par François Noël Alexandre Dubois
- Le Roi Candaule (1844): Nouvelle de Théophile Gautier, très proche de l'histoire d'Hérodote[6] (Texte sur wikisource)
- Monsieur Candaule disponible sur Gallica (1893) : de Edmond Texier et Camille Le Senne
- Le Roi Candaule disponible sur Gallica (1873), comédie en 1 acte, en prose, de Ludovic Halévy, Théâtre du Palais-Royal, 9 avril 1873
- Le Roi Candaule (1901) : pièce d'André Gide
Opéra
- Der König Kandaules, en trois actes, op. 26, du compositeur Alexander von Zemlinsky, livret du compositeur d'après André Gide (1935/36, orchestration complétée par Antony Beaumont en 1992–96, première à Hambourg en 1996)
Sculpture
- Nyssia (1848) : Sculpture de James Pradier au Musée des Beaux-Arts de Montpellier
Peinture
- Le roi Candaule de Lydie montrant sa femme à Gygès (1670) peinture de Jacob Jordaens
- Die Frau des Kandaules entdeckt den versteckten Gyges (1675) : peinture de Eglon van der Neer
- Candaules, King of Lydia, Shews his Wife by Stealth to Gyges, One of his Ministers, As She Goes to Bed (1820) : peinture de William Etty
- Le Roi Candaule et Gygès (1841) : peinture de Fernand Boissard de Boisdenier
- Candaule, roi de Lydie montrant la beauté de la reine à son confident Gyges (1850) : peinture de Théodore Chassériau
- La Femme de Candaule (1855) : esquisse pour une peinture d'Edgar Degas
- Le Roi Candaule (1859) : peinture de Jean-Léon Gérôme
- Le Mythe du roi Candaule (1864) : peinture de Charles-Désiré Hue
- Le roi Candaule (1845) : peinture de Charles Victoire Frederic Moench
Notes et références
- Georges Radet, La Lydie Et Le Monde Grec Au Temps Des Mermnades, Bibliothèque des écoles françaises d'Athènes et de Rome, 1893, p. 112-119.
- Hérodote, Histoires [détail des éditions] [lire en ligne], I, 7, 14.
- Platon, La République [détail des éditions] [lire en ligne], II[Où ?].
- Plutarque, Œuvres morales [détail des éditions] [lire en ligne][Où ?], trad. Ricard, Hachette, Paris, 1870.
- Plutarque, Questions grecques[Où ?], trad. Ricard, Lefèvre, Paris, 1844.
- ISBN 2-07-011394-9) Théophile Gautier, Romans, contes et nouvelles, tome 1, bibliothèque de la Pléiade, Gallimard 2002 (
Catégories :- Personnalité légendaire de la Grèce antique
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