Canal de la mer Blanche

Canal de la mer Blanche

62°48′N 34°48′E / 62.8, 34.8

Carte du canal de la mer Blanche.
Prisonniers construisant le canal, 1931-1933.
Canal Mer Blanche.jpg

Le canal de la mer Blanche (en russe : Беломо́рско-Балти́йский кана́л, Belomorsko-Baltiski kanal, en abrégé ББК, BBK), fut inauguré le 2 août 1933 lors d’une visite de Staline. Il s’agit d’un canal reliant la mer Blanche à la mer Baltique près de Saint-Pétersbourg. Son nom d’origine était Belomorsko-Baltiski Kanal imeni Stalina (« le canal de la mer Blanche à la mer Baltique de Staline ») et il était connu sous l’abréviation Belomorkanal. Environ 60 000 prisonniers du Goulag périrent au cours de sa construction[1],[2].

Sommaire

Histoire

Le canal parcourt en partie plusieurs cours d’eau et lacs tels que le lac Onega et le lac Vygozero. D'une longueur totale de 225 km, il comprend cinq barrages et dix-neuf écluses[3]. Les travaux commencèrent en septembre 1931 et durèrent vingt mois, dirigés par Naftaly Frenkel. Pour accroître la main-d’œuvre, on fit venir des prisonniers des îles Solovetski situées en mer Blanche.

Staline présenta le canal comme un modèle de réussite du plan quinquennal. Pourtant le projet n'avait pas été prévu dans le premier plan quinquennal. Il a cependant été construit en un temps record avec des moyens techniques rudimentaires : selon les termes de Staline « bistro i dechevo » (« vite et à faible coût »)[4]. Le Belomorkanal fut l'un des premiers grands chantiers à être réalisés par des détenus. Le travail servile fut présenté par la propagande comme une politique pénale novatrice, la perekovka (réhabilitation par le travail).

Environ cent vingt artistes et écrivains amenés sur le chantier en firent la propagande : Maxime Gorki, Alexeï Nicolaïevitch Tolstoï[5], Victor Chklovski, Mikhaïl Zochtchenko décrivirent le « grand chantier » avec emphase et un enthousiasme de commande : l'un d'eux, en mal d'image, calcula que la terre extraite lors de terrassement aurait pu servir à élever sept pyramides de Chéops[6].

Le canal avait cependant déplu à Staline et quinze jours après son inauguration, il lança un nouveau projet, beaucoup mieux pensé, le « Grand Canal de la mer Blanche ». L'étude dura trois ans, mais quand elle fut terminée, l'heure était à d'autres problèmes (Grandes Purges)[6].

Selon Tomasz Kizny, la construction du canal fut un fiasco total. Le Belomorkanal ne joua jamais le moindre rôle stratégique. En 1941, les artificiers soviétiques dynamitèrent certaines structures pour freiner l'assaut des troupes finlandaises, noyant le village en bois de Povenets[7].

Le canal aujourd’hui

L’utilité économique du canal est aujourd’hui remise en cause, étant donné que sa profondeur est insuffisante (3,60 mètres)[1] pour la plupart des navires.

Notes et références

  1. a et b Applebaum 2005, p. 101.
  2. De 30 000 à 60 000 morts selon Delacampagne 2002, p. 280.
  3. Applebaum 2005, p. 99.
  4. Kizny 2003, « Le Belomorkanal », p. 116.
  5. Alexeï Nicolaïevitch Tolstoï est l'un des auteurs de Le Canal Staline reliant la mer Blanche à la mer Baltique.
  6. a et b Kizny 2003, « Le Belomorkanal », p. 118.
  7. Kizny 2003, « Le Belomorkanal », p. 119.

Voir aussi

Bibliographie

  • Anne Applebaum (trad. Pierre-Emmanuel Dauzat), Goulag : une histoire, Paris, 2005 (1re éd. 2003) (ISBN 2246661218).
    En particulier le chapitre 5 (« Le canal de la mer Blanche ») de la première partie (p. 95–129).
     
  • Tomasz Kizny, Goulag, Paris, éditions Solar, 2003 (ISBN 2735702413).
    Recueil de photos d’archives et actuelles sur les camps du Goulag.
     
  • (en) Paul R. Gregory, Valery Lazarev et V. V. Lazarev, Economics of Forced Labor : The Soviet Gulag, Hoover Institute Press, octobre 2003, 356 p. (ISBN 0-8179-3942-3) .
  • (en) Cynthia A. Ruder, Making History for Stalin : The Story of the Belomor Canal, University Press of Florida, 1998, 284 p. (ISBN 0-8130-1567-7) .
  • Frank Westerman, Ingénieurs de l'âme, Christian Bourgois, 2004, 344 p. (ISBN 2267017148) .
  • Anne Brunswic, Les Eaux glacées du Belomorkanal, Paris, Actes Sud, 2009, 284 p. (ISBN 978-2-7427-8214-7) .
  • Christian Delacampagne, Histoire de l'esclavage : De l'Antiquité à nos jours, Paris, Le livre de poche, 2002 (ISBN 2253905933) .

Liens externes


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