Camp de Mauthausen

Camp de Mauthausen

Mauthausen

Pour la ville de Mauthausen, voir l'article Mauthausen (ville)

La libération du camp de Mauthausen par la 11e division de cavalerie américaine

Le camp de Mauthausen, parfois également appelé simplement Mauthausen, était un camp de concentration instauré par le régime nazi du Troisième Reich. Il est aussi connu après l'été 1940 sous le nom Mauthausen-Gusen. Il se développa pour devenir l'un des plus grands complexes concentrationnaires nazis, avec plusieurs camps construits autour des villages de Mauthausen et Gusen et de nombreux camps annexes.

Le premier camp ouvre en août 1938 après l'Anschluss, non loin du village de Mauthausen, situé sur la rive du Danube, à 22 km en aval (est) de Linz en Haute-Autriche.

En plus des 4 camps situés à Mauthausen et dans les environs de Gusen, plus de 50 camps annexes, situés en Autriche et dans le sud de l'Allemagne dépendaient du complexe de Mauthausen, utilisant les prisonniers comme main d'œuvre. Parmi les camps annexes du KZ Mauthausen se trouvaient des carrières, des fabriques de munitions, des mines, des usines d'armement et d'assemblage d'avions.

En janvier 1945, l'ensemble des camps dirigés depuis le bureau central de Mauthausen rassemblaient plus de 85 000 prisonniers. Il est difficile de connaître le nombre exact de déportés morts dans le complexe de Mauthausen. D'après l'Amicale de Mauthausen et les historiens, on estime que plus de 118 000 personnes y ont été exterminées (fusillées, gazées, etc.), déportées de tous les pays d'Europe, résistants, Juifs, Tsiganes… C'est plus de la moitié des déportés à Mauthausen qui n'y ont pas survécu[1]

Les deux camps principaux Mauthausen et Gusen I étaient les deux seuls camps du système concentrationnaire nazi en Europe classés « Camps de niveau III », ce qui signifiait qu'ils étaient destinés à être les camps les plus durs à l'intention des « ennemis politiques incorrigibles du Reich ». Mauthausen était plus particulièrement destiné à l'élimination par le travail de l'intelligentsia opposée au régime nazi.

Ces camps furent parmi les derniers à être libérés par les Alliés en mai 1945. Le camp de Mauthausen a été le dernier camp libéré par les forces américaines du général Omar Bradley le 5 mai 1945. Ses annexes n'ont été découvertes et donc libérées que plus tard, comme Ebensee, le 6 mai.

En 1989, Gerhard Skiba, maire de la ville de Braunau am Inn, commanda un bloc de granite de la carrière de Mauthausen, où tant de détenus moururent d’épuisement en y travaillant ou abattus par les gardes, au comité de mauthausen. Il le fit installer en face de la maison où Adolph Hitler est né. Sur la pierre, figure cette inscription : Für Frieden Freiheit und Demokratie nie wieder Faschismus millionen Tote mahnen. Pour la paix, la liberté et la démocratie. Plus jamais le fascisme. A la mémoire de millions de morts.

Sommaire

Le camp de Mauthausen

Le camp principal est situé sur le lieu de la plus grande carrière de granite d'Autriche, Wienergraben, dans un paysage de rêve écrasé par les cimes.

La carrière employait des déportés pour les exterminer par le travail ; ils devaient porter de lourdes pierres et après une dure journée remonter aux baraquements par le tristement célèbre escalier de 186 marches inégales, sous les coups des SS et des kapos. Celui qui fléchissait était immédiatement abattu. D'autres sont envoyés dans les 60 camps annexes, ou commandos, disséminés à travers tout le territoire.

5 000 déportés furent exterminés dans les chambres à gaz de Mauthausen, de Gusen, dans des véhicules spécialement aménagés[2]. 5 000 autres furent envoyés et gazés à l'« Institut d'euthanasie » de Hartheim[2] (comme des déportés de Dachau et 30 000 autres personnes envoyées non pas depuis un camp mais à cause de leur condition de malades ou handicapés physiques ou mentaux). Cependant la grande majorité des morts de Mauthausen le furent à cause de l'extrême dureté du régime de vie (sous-alimentation, maladies, travail épuisant, mauvais traitements).

Vie dans le camp

À Mauthausen, « malheur à ceux qui ne travaillent pas » : ou bien on les entasse dans des blocks d’invalides où la vie est encore plus pénible que dans le grand camp et la mortalité plus forte ; ou bien on les expédie dans des Kommandos d’extermination. Ceux qui ont des métiers manuels sont avantagés. On les envoie dans les usines où les conditions de travail sont meilleures et où l’on est surtout à l’abri du froid. Les autres sont employés comme manœuvres, presque toujours en extérieur. C’est ensuite, dans tous les camps, une nouvelle sélection, lors de la première matinée.

À l'arrivée des convois, le déporté se fait déshabiller puis habiller par un ancien détenu. Le coiffeur rase la tête et le corps du déporté, marquant ainsi une déshumanisation brutale. On pousse le détenu devant de longues tables en carré, devant lesquelles se trouvent des détenus faisant le service de « déshabilleurs ». En pantalons rayés et en vestes blanches, les déportés portent des numéros sur leurs vêtements ; des triangles en couleurs sur les vêtements, à gauche de la poitrine, indiquent la raison de la détention ou de l'envoi en camp de concentration. Un triangle rouge désigne le détenu politique, un triangle bleu marqué d'un "S" pour les républicains espagnols, un triangle vert un criminel de droit commun, un triangle noir ou brun marque les « asociaux ». Dans le triangle était imprimé en noir l'initiale du pays d'origine de l'individu concerné, par exemple « F » pour Français, « T » pour Tchèque, « J » pour Yougoslave. Les juifs avaient sous le premier triangle, un second triangle jaune placé de façon à former l'étoile de David. Le matricule se trouvait au-dessus, au-dessous et parfois à côté du triangle, en chiffre noir sur fond blanc. Les « déshabilleurs » mettaient les vêtements, les chaussures, les serviettes dans un gros sac, enregistraient tout soigneusement et remettaient un numéro au déporté. Ils enlevaient les prothèses aux infirmes, les lunettes aux myopes. Les montres, bagues, alliances, disparaissaient dans des pochettes munies du même numéro que les sacs de vêtements et le détenu signait un reçu qui restait entre les mains d’un surveillant.

À Mauthausen, chaque soir, les secrétaires des baraques se réunissaient pour distribuer le travail du lendemain. La langue que l’on parle est l’allemand. Les feuilles de demandes des entreprises arrivaient à sept, à neuf ou onze heures, parfois à deux heures du matin. D’après le tableau quadrillé collé sur une planchette en bois, on procédait à l’affectation des détenus. C’était ensuite souvent la visite médicale.

De jour comme de nuit, il est rare que l’on travaille moins de douze heures de suite. Les détenus sont réveillés à 4 h du matin. L'appel du matin se fait dans la cour du camp, par tous les temps, et il dure une heure. Tous devaient venir à l'appel, les vivants, les malades et les mourants. Un café est pris rapidement. À 9 h, on distribue du pain et de la margarine. Puis les détenus partent travailler. Ils défilent au pas, en colonne. Leur marche doit être rythmée. Un orchestre accompagne les départs et les retours des travailleurs forcés. De chaque côté de la colonne qui s’étire, des gardiens qui frappent, des chiens qui hurlent et qui mordent. À midi la soupe est avalée le plus rapidement possible. À 18 h c’est le retour au camp ; souvent on marche pieds nus. Les godillots attribués sont rarement de la bonne pointure. Ils abîment les pieds, sont happés par la boue ou volés la nuit. L’appel du soir dure parfois trois heures ou plus, selon l'humeur du commandant du camp. Enfin vient la distribution de soupe et de pain puis la brève incursion aux lavabos. Le pain est noir, moucheté de sciure et de moisissures. Les dimanches et fêtes, on ne travaille pas. L’après-midi, on lave son linge que, le soir, on devra remettre mouillé. La nuit, il faut dormir et chercher refuge dans l’oubli.

L'évasion du block 20

Le block 20 a reçu des déportés (principalement russes mais aussi polonais ou yougoslaves) en attente d'exécution dans le cadre de l'action Kugel (balle). L'action Kugel ordonnait que les officiers évadés et repris soient conduits à Mauthausen dans le plus grand secret pour y être éliminés. Le block 20 est séparé du camp par un mur élevé électrifié, avec deux miradors équipés de mitrailleuses. La nourriture était distribuée de façon très irrégulière, les prisonniers devaient se coucher à même le sol en béton, sans couverture.

Se sachant condamnés, les déportés du block 20 ont préparé et tenté une évasion le 2 février 1945 avec les moyens à leur disposition : quelques pelles, des pierres, des savons, deux extincteurs. Plusieurs groupes réussirent ainsi à s'évader de Mauthausen mais ils furent tous ou presque repris et assassinés. Il n'y a que sept survivants connus sur les six ou sept cents détenus que comptait alors le block 20.

Liste des annexes de Mauthausen

  • Aflenz
  • Redl-Zipf (nom de code: Schlier)
  • Amstetten (deux camps: un pour les hommes, un pour les femmes, spécialisé dans la construction de chemins de fer).
  • Bachmanning (scierie)
  • Bretstein (propriété SS)
  • Dippoldsau (affecté à la construction d'une centrale)
  • Ebensee (affecté à la construction de galeries et la production d'armement)
  • Ebelsberg (sous-commando de Linz III)
  • Eisenerz (affecté à l'exploitation du minerai de fer)
  • Enns (affecté à la construction de bunkers)
  • Floridsdorf (=Wien-Floridsdorf and Wien-Jedlesee)
  • Grein (usine d'armement)
  • Grossramming (affecté à la construction d'une centrale)
  • Gunskirchen (camp d'accueil)
  • Gusen I, II (St. Georgen), III (Lungitz)
  • Hinterbrühl (usine d'avions)
  • Hirtenberg (camp de femmes affecté à la fabrication de munitions)
  • Klagenfurt (affecté à la construction d'une caserne SS)
  • Kleinmünchen (sous-commando de Linz III)
  • Leibnitz-Graz
  • Château de Lind (propriété SS)
  • Lenzing
  • Linz I (usine d'armement), II (bunkers de défense antiaériens), III (usine d'armement)
  • Loibl- Pass Nord (affecté à la construction de routes et de tunnels)
  • Loibl- Pass Süd (ex-Yougoslavie, affecté à la construction de routes et de tunnels)
  • Melk (affecté à la construction de galeries)
  • Château de Mittersill (camp de femmes, centre de recherches SS)
  • Passau I - Waldwerke (usine d'armement)
  • Passau II (usine d'armement)
  • Peggau (usine d'armement)
  • St. Ägyd (usine d'armement)
  • St. Lambrecht (propriété SS)
  • St. Valentin (affecté à la production de chars)
  • Steyr (usine d'armement)
  • Ternberg (affecté à la construction de centrale)
  • Vöcklabrück=Wagrain (affecté à la construction routière)
  • Wels (usine d'armement)
  • Wien Afa-Werke
  • Wien Saurer-Werke
  • Wien-Schwechat
  • Wien Schönbrunn
  • Wiener Neudorf (production de moteurs d'avions)
  • Wiener Neustadt (usine d'armement)
  • Le château de Hartheim n'était pas un camp annexe de Mauthausen, mais un centre de soi-disant euthanasie nazie, appartenant a l'Aktion T-4 : des centaines de prisonniers en provenance de Dachau et Mauthausen y furent gazés.

Voir aussi

Notes

Bibliographie

  • Christian Bernadac, Les 186 marches, éditions france-empire,1974, ISBN 978-2704807161
  • Michel de Boüard (ancien déporté à Mauthausen, matricule 63584 N.N), interview parue dans Ouest France, numéro des 2 et 3 août 1986.
  • Pierre Serge Choumoff, Les Assassinats Nationaux-Socialistes par Gaz en Territoire Autrichien, Vienne, Bundesministerium für Inneres, 2000, ISBN 978-3950086713
  • Rudolf A. Haunschmied, Jan-Ruth Mills, Siegi Witzany-Durda, St. Georgen-Gusen-Mauthausen - Concentration Camp Mauthausen Reconsidered. BoD, Norderstedt 2008, ISBN 978-3-8334-7440-8
  • André Lacaze, Le Tunnel[réf. incomplète],
    Description de Mauthausen, de Loibl-Pass ainsi que de la construction du tunnel.
  • Joaquim Amat-Piniella, K.L. Reich, 1963.
    Amat-Piniella décrit dans ce livre les cinq années de captivité qu'il passa à Mauthausen.

Articles liés

Liens externes

Collection de photographies de l'Amicale de Mauthausen aux archives nationales

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